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Remboursement limité du Beyfortus : pourquoi est-il mal remboursé ?

L'équipe de rédaction de MEDADOM
12/03/25 08:30

La bronchiolite, causée par le virus respiratoire syncytial (VRS), est une infection respiratoire fréquente chez les nourrissons, responsable de nombreuses hospitalisations chaque année.

Deux stratégies préventives sont disponibles : la vaccination des femmes enceintes avec le vaccin Abrysvo, et l’administration d’anticorps monoclonaux comme le Beyfortus.

Malgré son efficacité démontrée, le Beyfortus bénéficie d’un remboursement limité à 30 % en France. Cette situation soulève des questions sur les critères de remboursement, les défis sociaux qu’elle engendre, et les perspectives d’amélioration.

 

Fonctionnement et efficacité du Beyfortus

 

Comment agit le Beyfortus contre la bronchiolite ?

Le Beyfortus est conçu pour protéger les nourrissons pendant leur première saison d’exposition au VRS. Une seule injection avant la saison épidémique, ou à la naissance pour les bébés nés entre octobre et mars, suffit pour offrir une protection de cinq mois.

Ce traitement cible le VRS en empêchant le virus de pénétrer les cellules respiratoires, limitant ainsi les risques d’infections graves.

Administration du Beyfortus, «vaccin» contre la bronchiolite pour les nourrissons.

Quelle est l’efficacité du Beyfortus selon les études cliniques ?

Les études cliniques ont démontré une réduction relative de 62 % du risque d’hospitalisation due au VRS chez les nourrissons en bonne santé. Cependant, cette efficacité se traduit par une réduction absolue modeste : 1,6 % des bébés dans le groupe placebo ont été hospitalisés, contre 0,6 % dans le groupe ayant reçu le Beyfortus.

Ainsi, pour éviter une hospitalisation, il faut traiter entre 30 et 82 bébés. Chez les nourrissons vulnérables, comme les prématurés ou ceux atteints de maladies chroniques, les bénéfices sont plus significatifs.

 

Beyfortus vs Synagis : quelles différences ?

Malgré son efficacité démontrée, le Beyfortus est parfois comparé à un autre traitement préventif, le Synagis. Ce dernier, commercialisé depuis 2000, nécessite plusieurs injections pendant la saison épidémique et est réservé aux bébés à haut risque.

Bien que moins pratique, le Synagis reste une alternative reconnue. Ces comparaisons ont influencé l’évaluation du Beyfortus par la Haute Autorité de Santé (HAS).

 

Pourquoi le remboursement est-il limité à 30 % ?

 

Comment la HAS évalue-t-elle le remboursement des médicaments ?

En France, le remboursement des médicaments dépend du service médical rendu (SMR), une évaluation réalisée par la HAS. Le Beyfortus a obtenu un SMR « modéré », justifiant un remboursement limité à 30 %. Plusieurs critères expliquent cette décision.

 

Une efficacité jugée modérée pour les nourrissons sans facteurs de risque

D’abord, l’efficacité du Beyfortus a été jugée modérée pour les nourrissons sans facteurs de risque. Bien qu’il réduise les hospitalisations, son impact absolu reste faible dans cette population.

Les données disponibles se concentrent principalement sur la prévention des hospitalisations, et non sur d’autres critères comme la réduction des admissions en réanimation ou la durée d’hospitalisation. De plus, les premières observations en vie réelle ont relevé des cas de bronchiolite chez des bébés traités, bien que la gravité ait été limitée.

 

Un coût élevé qui limite son remboursement

Ensuite, le coût élevé du Beyfortus a également pesé dans la balance. En l’absence de preuves d’une efficacité largement supérieure au Synagis, la HAS a opté pour une prudence économique. Cette position reflète une volonté de concilier innovation médicale et maîtrise des dépenses publiques.

 

La vaccination des femmes enceintes, une alternative complémentaire ?

Enfin, la HAS a souligné l’existence d’une alternative complémentaire : la vaccination des femmes enceintes avec le vaccin Abrysvo. Administré entre 32 et 36 semaines de grossesse, ce vaccin permet de transmettre des anticorps au fœtus, offrant une protection dès la naissance jusqu’à l’âge de six mois. Bien que cette stratégie ne convienne pas à toutes les familles, elle contribue à diversifier les options préventives disponibles.

 

Perspectives pour améliorer l’accès au Beyfortus

 

Vers une réévaluation du remboursement en fonction de nouvelles données ?

Le faible remboursement du Beyfortus soulève des préoccupations, notamment en termes d’inégalités d’accès. Les familles sans complémentaire santé performante peuvent avoir des difficultés à financer ce traitement, avec un reste à charge pouvant atteindre 300 €. Des solutions pourraient toutefois être envisagées pour améliorer la situation.

Une première piste consiste à réévaluer le SMR du Beyfortus à la lumière de nouvelles données scientifiques. Des études supplémentaires, ciblant notamment les admissions en réanimation ou les complications graves, pourraient mieux refléter l’impact global du traitement.

 

La pharmacovigilance, un levier pour une meilleure prise en charge ?

Par ailleurs, les campagnes de pharmacovigilance en cours surveillent les effets secondaires et l’efficacité réelle du médicament. Ces données, encore limitées, pourraient justifier une révision de son évaluation à l’avenir.

 

Un remboursement ciblé pour les nourrissons les plus à risque ?

Une autre approche pourrait être de cibler davantage les remboursements en fonction des besoins spécifiques. Les nourrissons à haut risque, comme les prématurés ou ceux atteints de maladies respiratoires, pourraient bénéficier d’une prise en charge intégrale. Une telle mesure garantirait une meilleure protection pour les plus vulnérables tout en limitant les dépenses globales.

 

Informer les parents sur les différentes stratégies préventives

Enfin, la sensibilisation des familles aux différentes options préventives disponibles reste essentielle. La vaccination maternelle, les anticorps monoclonaux comme le Synagis ou le Beyfortus, et les mesures barrières doivent être mieux expliquées pour permettre des choix éclairés. Ces stratégies complémentaires pourraient réduire la pression sur les services hospitaliers pendant la saison de la bronchiolite.

Le Beyfortus représente une avancée importante dans la prévention de la bronchiolite, mais son remboursement limité à 30 % reflète des choix basés sur une évaluation prudente de son efficacité et de son coût. Bien que cette décision suscite des frustrations, notamment chez les familles et les pédiatres, des opportunités existent pour améliorer l’accès à ce traitement.

Une réévaluation du SMR, des remboursements ciblés pour les populations à risque, et une meilleure information sur les stratégies préventives pourraient contribuer à rendre ce médicament plus accessible et à renforcer la lutte contre la bronchiolite.

 

 

Sources :