DMP : un tournant numérique pour la santé en France
La Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2025 confirme la volonté de l’État d’accélérer la transformation numérique du système de santé français.
Dans un contexte où la téléconsultation s’est largement imposée comme une pratique de soins courante, le Dossier Médical Partagé (DMP) devient plus que jamais un levier essentiel de coordination entre les professionnels de santé, les patients et les outils numériques.
Ces deux innovations : la téléconsultation et le DMP sont intimement liées. En effet, la première favorise l’accès rapide à un professionnel, tandis que le second assure la traçabilité et la continuité du parcours de soins.
Ensemble, elles participent à la construction d’une santé plus connectée, fluide et personnalisée, en phase avec les objectifs du PLFSS et la stratégie de numérisation des services publics de santé.
Qu’est-ce que le DMP ?
Le Dossier Médical Partagé est un espace numérique personnel et sécurisé, créé pour chaque patient assuré. Il regroupe l’ensemble des informations de santé utiles à la prise en charge du patient : comptes rendus médicaux, résultats d’examens, traitements en cours, antécédents médicaux, allergies, etc.
Accessible par le patient et les professionnels de santé autorisés, il favorise une vision globale, actualisée et partagée du dossier du patient.

Une volonté affirmée de généraliser son utilisation
Dans son dernier rapport Charges et Produits pour 2025, l’Assurance Maladie réaffirme sa volonté de généraliser l’usage du DMP. L’objectif est clair : faire du DMP le socle de référence du partage de données de santé en France.
Cette ambition semble s'inscrire dans une stratégie plus large de simplification et de fluidification du parcours de soins, soutenue par le déploiement du service Mon Espace Santé.
Ce dernier intègre directement le DMP, rendant son ouverture automatique pour tous les patients pris en charge par l’Assurance Maladie, sauf opposition explicite.
Un outil collaboratif au service des professionnels de santé
Pour les professionnels de santé (PS), le DMP représente un gain de temps et une meilleure coordination. En centralisant les informations du patient, il évite la redondance des examens, améliore la continuité des soins et limite les risques d’erreur médicamenteuse.
De plus, il facilite la communication interprofessionnelle, en particulier dans les parcours complexes impliquant plusieurs intervenants : médecins traitants, spécialistes, pharmaciens, infirmiers, etc.
Un carnet de santé numérique pivot
Le DMP n’est pas seulement un espace de stockage : il s’enrichit en permanence. Grâce à l’interopérabilité des systèmes, les logiciels métiers des établissements et cabinets libéraux peuvent alimenter automatiquement le DMP avec les données pertinentes. Cette interconnexion contribue à renforcer la qualité et la continuité des soins, tout en plaçant le patient au cœur du dispositif.
Quid du DMP pour les sociétés de téléconsultation agréées
L’une des avancées récentes réside dans le référentiel d’interopérabilité imposé aux solutions techniques de la chaîne logicielle de coordination (STLC).
L’agrément de ces solutions par l’Agence du Numérique en Santé (ANS) implique désormais l’intégration obligatoire de la fonctionnalité DMP. Cette exigence garantit une homogénéité technique, favorisant la fluidité des échanges entre les différents systèmes informatiques de santé.
Pour savoir si un éditeur logiciel est conforme aux derniers jalons d’interopérabilité, l’ANS met à disposition une liste actualisée des éditeurs certifiés : Consultez la liste ici.
Quand le DMP devient une obligation : ce que prévoit le PLFSS 2026
Dans le contexte du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026, l’article 31 prévoit désormais une mise en contrainte accrue de l’usage du Dossier Médical Partagé (DMP).
Ce dispositif fait suite à un constat : malgré son potentiel de coordination des soins (réduction des redondances, facilitation des échanges entre ville et hôpital), l’utilisation du DMP reste sous-optimale. Concrètement, les médecins devront non seulement alimenter le dossier de leurs patients, mais également le consulter avant certains actes ou prescriptions à « haut coût ou à risque de mésusage ».
Un régime de sanctions financières est prévu en cas de manquement : pour un professionnel de santé, jusqu’à 2 500 € par manquement, avec un plafond annuel fixé autour de 10 000 €. Pour un établissement, jusqu’à 25 000 € par manquement, pour un plafond annuel de 100 000 €.
L’article 31 marque donc un tournant : l’usage du DMP devient non seulement conseillé mais opposable, ce qui témoigne de la volonté d’ancrer cet outil dans les pratiques professionnelles médicales.
Téléconsultation et DMP : un duo au service d’un parcours de soins fluide
La téléconsultation s’impose aujourd’hui comme un essentiel du parcours de soins, en facilitant l’accès à un professionnel de santé partout sur le territoire en France comme en Outre-mer.
Son efficacité repose toutefois sur la qualité et la disponibilité des données médicales, et c’est là que le Dossier Médical Partagé (DMP) joue un rôle stratégique : il permet au médecin téléconsultant d’accéder, avec l’accord du patient, à l’ensemble de ses antécédents médicaux, traitements, allergies ou comptes rendus d’examens. Cette vision unifiée du dossier patient garantit une prise en charge plus sûre, plus personnalisée et mieux coordonnée.
Inversement, les actes de téléconsultation peuvent alimenter le DMP en y versant les comptes rendus et ordonnances électroniques, contribuant ainsi à l’enrichissement du dossier et à la continuité du suivi médical.
Le renforcement du DMP illustre la maturité croissante du numérique en santé. En rendant obligatoire son intégration dans les outils des professionnels, le PLFSS soutient une approche cohérente : une donnée partagée, sécurisée et utile à tous.
C’est une étape essentielle vers une santé plus collaborative, préventive et efficiente, au bénéfice direct du patient et du système de soins.
Sources :
- AMELI – Rapport Charges et produits
- UNSA – Rapport Charges et Produits 2026 de l’Assurance maladie : des pistes intéressantes et des manques
- Agence du Numérique en Santé – Référentiel d’Interopérabilité et de Sécurité des Dispositifs Médicaux Numériques (DMN)
- Santé Gouv – L’évolution du référentiel d’interopérabilité, sécurité et éthique des SI de sociétés de téléconsultation est publiée au Journal Officiel
- Mon Espace Santé – Site officiel
- AMELI – Le Dossier Médical Partagé (DMP) en pratique
- Tic Santé – L'ANS évalue la faisabilité d'un accès au DMP par les secrétaires et assistants médicaux
- Agence du Numérique en Santé – DMP Dossier Médical Partagé
- x Assurance maladie - AMÉLIORER LA QUALITÉ DU SYSTÈME DE SANTÉ ET MAÎTRISER LES DÉPENSES
- Le Quotidien du Médecin - PLFSS 2026 : jusqu’à 2 500 euros d’amende par manquement, l’obligation pour les médecins d’alimenter le DMP se durcit
- Légi France - LOI n° 2025-199 du 28 février 2025 de financement de la sécurité sociale pour 2025 (1)