Les troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA) dits «troubles dys» constituent une priorité de santé publique. Si leur prise en charge s’est améliorée depuis 15 ans, des progrès sont à réaliser concernant notamment la mise en place effective d’un parcours de santé coordonné, fluide et centré sur les besoins de l’enfant.
Chaque année, le 10 octobre marque la Journée mondiale de la dyslexie, une occasion importante pour sensibiliser le public à ce trouble d'apprentissage spécifique qui touche environ 10% de la population mondiale. Cette journée vise à démystifier la dyslexie, à encourager une meilleure compréhension de ses implications et à promouvoir des stratégies pour soutenir les personnes qui en sont atteintes.
Les troubles dys sont fréquents : en France, ils concernent près de 8% des enfants d’âge scolaire. Ces troubles sont les conséquences d’anomalies dans le développement cognitif de l’enfant. Ils recouvrent des situations très diverses et peuvent concerner une ou plusieurs fonctions cognitives : langage oral ou écrit, gestes, motricité... Ces troubles plus ou moins sévères peuvent être repérés dès la petite enfance.
La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage qui affecte principalement les compétences en lecture et en écriture. Contrairement à certaines idées reçues, ce n'est ni un signe d'intelligence réduite ni un manque d'efforts de la part de la personne. Il s'agit d'un trouble neurologique qui perturbe la capacité à reconnaître et à traiter les sons du langage, à associer ces sons aux lettres et à décoder des mots écrits.
Les personnes dyslexiques peuvent éprouver des difficultés à lire de manière fluide, à orthographier correctement, à mémoriser des mots ou à comprendre des textes. Cependant, ces difficultés varient d'une personne à l'autre, certaines manifestant des symptômes plus légers tandis que d'autres peuvent être gravement impactées. Malgré ces défis, beaucoup de personnes dyslexiques développent des compétences exceptionnelles dans d'autres domaines, comme la créativité, la pensée en trois dimensions, et la résolution de problèmes.
En France, reconnaître la dyslexie chez un enfant implique plusieurs étapes qui permettent de diagnostiquer le trouble et de mettre en place des stratégies de soutien adaptées. Voici les principales étapes du processus :
Les enseignants sont souvent les premiers à remarquer des difficultés d’apprentissage spécifiques chez un enfant.
En cas de suspicion de dyslexie, les parents et enseignants peuvent solliciter une réunion avec l’enseignant référent pour l’inclusion scolaire. Cet enseignant évalue si les difficultés nécessitent des aménagements pédagogiques et une évaluation spécialisée par un orthophoniste en premier lieu.
Le diagnostic de la dyslexie doit être posé par un professionnel, en général un orthophoniste. Ce dernier réalise un bilan orthophonique qui permet de détecter les troubles spécifiques du langage et de l’apprentissage. L’orthophoniste analyse les compétences de l’enfant en lecture, en écriture et en compréhension, afin de poser un diagnostic précis.
Pour écarter d’autres causes possibles (troubles de l’attention, troubles émotionnels, etc.), un bilan plus complet peut être réalisé par un neuropédiatre ou un psychologue. Ce bilan permet d’évaluer les aspects cognitifs et neurodéveloppementaux de l’enfant.
Lorsque la dyslexie est confirmée par un bilan orthophonique ou multidisciplinaire, l’enfant peut être reconnu comme ayant un trouble spécifique du langage et des apprentissages (TSLA). Cette reconnaissance permet de déclencher les aides et aménagements nécessaires à son parcours scolaire.
L’État français met en place plusieurs dispositifs pour soutenir les enfants dyslexiques, afin de leur garantir un accès équitable à l’éducation. Ces aides visent à compenser les difficultés liées à la dyslexie et à offrir un cadre d’apprentissage adapté.
Le PAP est un plan d’accompagnement conçu pour les élèves ayant des troubles d'apprentissage, notamment la dyslexie. Ce plan est mis en place par l’équipe éducative de l’établissement scolaire, en concertation avec les parents et les professionnels de santé. Il inclut des aménagements pédagogiques tels que : l'utilisation de supports adaptés (textes en grand format, audiobooks), plus de temps pour les évaluations, une possibilité d’utiliser des outils informatiques (tablettes, ordinateurs) ainsi qu’une dispense ou une adaptation de certains exercices (dictées, copie au tableau).
Dans les cas où la dyslexie est associée à d’autres troubles, un Projet Personnalisé de Scolarisation peut être mis en place. Le PPS est plus structuré que le PAP et s’adresse aux enfants ayant besoin d’un accompagnement spécifique sur le long terme. Il est élaboré en lien avec la Maison Départementale des Personnes Handicapées dit MDPH, qui évalue les besoins de l’enfant et peut proposer des aides supplémentaires comme : l’accompagnement par un Auxiliaire de Vie Scolaire (AVS), l’adaptation des examens nationaux (tiers temps, dictée aménagée) et l’accès à des matériels spécifiques (logiciels d’aide à la lecture ou à l’écriture).
La MDPH joue un rôle central dans la reconnaissance et l’accompagnement des enfants dyslexiques. Après l’évaluation, la MDPH peut attribuer un taux de handicap et proposer une aide financière (Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé, ou AEEH) pour couvrir les frais liés à la prise en charge orthophonique ou à l’achat de matériels spécialisés. À noter pour les élèves des classes supérieures au collège/lycée qui sont en classe d’examen et qui viennent de découvrir qu’ils sont dyslexiques, le dossier MDPH doit être envoyé rapidement avec un bilan orthophonique afin que l’enfant puisse être pris en charge et bénéficier des aides dont il a besoin pour passer son examen.
Les enfants dyslexiques peuvent bénéficier d’aménagements pour les examens nationaux (comme le brevet ou le baccalauréat). Ces aménagements incluent : un tiers temps (temps supplémentaire pour les examens), la possibilité d’avoir recours à une AVS pour dicter les réponses, l’utilisation d’outils informatiques pour la rédaction des réponses et l’adaptation des consignes de l’examen.
L’État prend en charge une partie des séances d’orthophonie via l’Assurance Maladie. L’enfant peut également être suivi par d’autres spécialistes, comme des psychomotriciens ou des ergothérapeutes, selon ses besoins. Ces séances sont généralement remboursables, mais il peut y avoir des frais à la charge des parents pour certaines consultations privées.
Sources :