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Évaluer l'exposition alimentaire à l'arsenic : nouvelles méthodes

L'équipe de rédaction de MEDADOM
septembre 2025

Contaminant à la fois naturel et industriel, l’arsenic est un composé que l’on peut retrouver dans l’eau et les aliments que nous consommons. Or, certaines formes d’arsenic sont dangereuses pour la santé en ce sens qu’elles présentent une toxicité élevée ou sont cancérogènes. D’où l’importance d’en mesurer précisément la teneur dans l’alimentation.

Les experts de l’Anses ont mis au point une nouvelle méthode permettant d’évaluer plus finement l’exposition alimentaire des consommateurs à l’arsenic ainsi que les risques sanitaires associés.

 

L’arsenic, un contaminant courant 

 

Un contaminant à la fois naturel et industriel

L’arsenic désigne un contaminant courant que l’on retrouve de manière naturelle dans les sols et qui rejeté dans l’environnement par les activités humaines industrielles et agricoles (traitement des cultures, traitement du bois, tannage de peaux, production de verre, extraction minière etc…).

De ce fait, on peut le retrouver dans l’eau ainsi que dans les aliments que nous consommons. Pour l’ensemble de la population en Europe, l’alimentation représente d’ailleurs la principale source d’exposition à l’arsenic.

 

Un contaminant qui existe sous différentes formes chimiques

L’arsenic existe sous différentes formes chimiques : des formes organiques (qui contiennent du carbone) et des formes inorganiques (dans lesquelles l’arsenic est lié à au moins un élément autre que le carbone). Et ce sont les dérivés inorganiques de l’arsenic qui présentent une toxicité élevée.

L’exposition répétée à ces composés inorganiques à de faibles doses peut en effet être à l’origine de cancers et de nombreux problèmes de santé tels que des troubles dermatologiques, neurologiques, hématologiques, cardio-vasculaires, hépatiques ou endocriniens (diabète). 

Le Centre International de recherche sur le cancer (CIRC) a classé l'arsenic et ses composés dans le groupe 1 des agents cancérogènes pour l'homme.

 

Des aliments particulièrement contaminés

Dès lors, quels aliments participent le plus à l’exposition alimentaire globale à l’arsenic inorganique ? Il s’agit des grains de céréales et les produits à base de céréales, des aliments à usage diététique spécifique (comme les algues comestibles), de l’eau en bouteille, du café, de la bière, du riz et des produits à base de riz, ainsi que des poissons, des moules et des légumes.

 

Quelles méthodes de mesure des différentes formes d’arsenic dans l’alimentation ?

Évaluation d'une exposition alimentaire à l'arsenic par une scientifique

Des méthodes analytiques approximatives 

Vu que la toxicité de l’arsenic dépend de sa forme chimique, il s’avère essentiel de mesurer dans l’alimentation les différentes formes chimiques d’arsenic en présence. L’objectif ? Mieux protéger la santé des populations. 

Or, en s’appuyant sur des estimations théoriques, les méthodes analytiques disponibles ne permettent qu’une quantification partielle ou imprécise des différentes espèces inorganiques d’arsenic et ne sont utilisables que pour certaines familles d’aliments. Il n’existe en outre aucune méthode standardisée pour la détermination des espèces organiques d’arsenic. 


Une nouvelle méthode d’analyse plus précise 

Forts de ce constat, les scientifiques du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses ont mis au point et validé une nouvelle méthode d’analyse permettant d’identifier et de quantifier les différentes formes chimiques de l’arsenic au sein de nombreuses familles d’aliments.

Née de l’optimisation de la méthode officielle existante, cette nouvelle méthode s’appuie sur une technique de chromatographie liquide couplée à une technique de spectrométrie de masse pour séparer et détecter les différentes espèces d‘arsenic

C’est ainsi que quatre espèces d’arsenic ont pu être identifiées : 

  • Deux espèces inorganiques : l’arsenic (III) (également appelé arsénite) et l’arsenic (V) (également appelé arséniate) connues pour être cancérogènes et particulièrement toxiques.
  • Et deux espèces organiques, l'acide monométhylarsonique (MMA) et l'acide diméthylarsinique (DMA) :  considérées comme moins toxiques en l’état actuel des connaissances.

 

Vers une meilleure connaissance de l’exposition de la population à l’arsenic

 

Les auteurs de cette méthode l’ont déjà appliquée avec succès à l’analyse de près de 300 échantillons dont 130 échantillons issus de l’agriculture biologique et 165 échantillons issus de l’agriculture conventionnelle.

Ces échantillons appartenaient à 19 groupes d’aliments différents parmi les plus consommés en France. Il s’agissait par exemple de plats préparés, de différents types de boissons (boissons alcoolisées, jus de fruits, boissons chaudes…), de céréales, de fruits, de biscuits, de pains, de légumes et de produits de la mer. 

L’intérêt de cette nouvelle méthode ? Mieux connaître l’exposition de la population aux différentes espèces d’arsenic et identifier de façon précise les risques pour la santé des populations.  

Prochaine étape pour les équipes de scientifiques ? Mesurer l’exposition alimentaire de la population à d’autres éléments comme le mercure et le chrome.

 

 

Sources :