Le phénomène « Skinny Tok » prend de l’ampleur sur le réseau social TikTok, popularisé par de jeunes influenceuses qui diffusent des contenus incitant à une perte de poids excessive et dangereuse.
Cette tendance soulève de vives inquiétudes en matière de santé publique, notamment concernant les troubles du comportement alimentaire (TCA), qui touchent près de 600 000 adolescents et jeunes adultes en France. Ces troubles représentent aujourd’hui la première cause de mortalité psychiatrique chez les jeunes.
Face à cette dérive numérique, les autorités institutionnelles se mobilisent : une commission d’enquête parlementaire a été mise en place pour analyser les impacts psychologiques de TikTok sur les mineurs. Aussi, la ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz, a fermement dénoncé le caractère « inadmissible » de cette glorification de la maigreur extrême.
Charlyne Buigues, infirmière spécialisée dans l’accompagnement des jeunes souffrant de TCA, a lancé une pétition citoyenne pour alerter le gouvernement sur les dangers du « Skinny Tok ». Forte de son expérience de terrain, elle met en lumière les conséquences médicales potentiellement irréversibles de cette tendance.
« Il peut y avoir des carences nutritionnelles, de l’ostéoporose, des retards de règles, voire un arrêt de la croissance. C’est une spirale destructrice », explique-t-elle dans Le Parisien.
Elle insiste sur l’importance d’une éducation à l’écoute du corps et rappelle l’existence de professionnels de santé formés pour aider les jeunes à retrouver une relation saine à leur image et à l’alimentation. En parallèle, de nombreuses voix médicales appellent à un renforcement des dispositifs de prévention dès le collège et le lycée.
Le 1er juin 2025, Clara Chappaz a annoncé sur le réseau social X anciennement Twitter qu’à la suite de nombreux échanges avec TikTok, le hashtag « #SkinnyTok» avait été supprimé de la plateforme. Toute recherche sur le terme redirige désormais vers des ressources de bien-être validées par des experts.
Ce retrait s’inscrit dans une série d’actions de la ministre visant à encadrer les contenus dangereux en ligne. L’Arcom avait déjà été saisie en avril (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) ainsi que la Commission européenne.
Elle a également participé à une réunion rassemblant les principaux acteurs du numérique (Meta, TikTok, Snapchat, Twitch, YouTube et X) afin de renforcer la régulation des algorithmes de recommandation.
Le 13 mars 2025, l’Assemblée nationale a lancé une commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Présidée par Arthur Delaporte députée PS du Calvados et la rapporteure Laure Miller députée EPR de la Marne, elle a pour objectif de :
L'audition du président de l’Arcom, Martin Ajdari, le 20 mai dernier, a permis de mettre en évidence des lacunes dans la régulation actuelle et de tracer les premières pistes législatives vers une meilleure gouvernance algorithmique. Une consultation citoyenne a par ailleurs été réalisée du 23 avril jusqu’au 31 mai 2025.
Le phénomène « Skinny Tok » illustre avec force les dérives des réseaux sociaux lorsqu’ils sont livrés à une logique virale déconnectée de toute régulation éthique.
Les adolescents, en quête d'identité et plus influençables, sont les premières victimes de ces injonctions toxiques à la minceur. Il devient donc essentiel d’agir à plusieurs niveaux :
La lutte contre les contenus dangereux ne peut être effective que si elle est portée collectivement, avec des outils juridiques adaptés, des campagnes de sensibilisation ciblées et une surveillance active des algorithmes qui façonnent l’expérience en ligne des plus jeunes.
Sources :