Depuis quelques jours, une vague de publications alarmantes affole les réseaux sociaux : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) aurait récemment classé la pilule contraceptive comme un cancérogène avéré, au même niveau que des substances comme le tabac, l’amiante ou l’alcool.
Sur TikTok et X (ex-Twitter), des vidéos cumulant plusieurs millions de vues relaient des messages choc : « L’OMS vient de déclarer que la pilule est aussi cancérogène que le tabac », « elle augmente de 30 % le risque de cancer du sein », ou encore « on s’empoisonne chaque jour sans le savoir ».
De tels propos, bien qu’inspirés d’une base scientifique réelle, peuvent engendrer une peur disproportionnée et désinformer des milliers de femmes.
En réalité, si cette classification existe bel et bien, elle n’est pas nouvelle et mérite d’être replacée dans son contexte scientifique. L’information, bien que partiellement fondée, appelle des précisions pour éviter les interprétations erronées. Un décryptage s’impose pour distinguer les faits des raccourcis viraux.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence spécialisée de l'OMS, a effectivement classé en 2005 les contraceptifs oraux combinés (contenant œstrogènes et progestatifs) dans le groupe 1 des substances cancérogènes pour l’être humain.
Ce classement signifie qu'il existe des preuves suffisantes établissant un lien entre l'utilisation de ces contraceptifs et certains types de cancers, notamment le cancer du sein. Cependant, ce classement ne mesure pas le niveau de risque, mais la certitude scientifique du lien.
Il est crucial de comprendre que le groupe 1 du CIRC inclut des substances très diverses, dont le tabac, l'alcool, mais aussi la viande transformée ou le rayonnement solaire.
Leur présence dans cette catégorie indique un lien avéré avec le cancer, mais ne signifie pas que tous ces agents présentent le même niveau de dangerosité.
Par exemple, le tabac est responsable de 20 % des cancers en France, tandis que les contraceptifs hormonaux sont impliqués dans environ 0,6 % des cas.
Des études ont montré une légère augmentation du risque de cancer du sein chez les utilisatrices de pilules combinées, estimée entre 20 % et 30 %.
Ce risque diminue progressivement après l'arrêt de la contraception pour revenir à la normale au bout de dix ans. En revanche, la pilule exerce un effet protecteur contre d'autres cancers, notamment ceux de l'ovaire, de l'endomètre et du côlon.
La diffusion de messages alarmistes sur les réseaux sociaux peut induire en erreur et susciter une peur disproportionnée. Il est essentiel que les femmes disposent d'une information complète et équilibrée pour faire des choix éclairés concernant leur contraception.
Les professionnels de santé jouent un rôle clé dans cette démarche, en évaluant les bénéfices et les risques de chaque méthode contraceptive en fonction du profil de chaque patiente.
La pilule contraceptive, comme tout médicament, présente des avantages et des inconvénients. Si elle est associée à un risque légèrement accru de certains cancers, elle offre également une protection contre d'autres et reste un moyen de contraception efficace pour de nombreuses femmes.
Il est donc primordial de ne pas céder à la panique, mais de s'informer auprès de sources fiables et de consulter un professionnel de santé pour choisir la méthode contraceptive la plus adaptée à sa situation.
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français a par ailleurs rappelé dans un document de 2017 que : “La pilule contraceptive est un médicament et comme TOUT médicament elle présente des avantages (très nombreux) et des risques (très rares) mais la balance bénéfices-risques reste très favorable chez l’immense majorité des patientes. Les risques sont très faibles chez les patientes n’ayant aucun facteur de risque de complication et c’est aux prescripteurs de la pilule contraceptive que revient le rôle de minimiser ces risques”.
Sources :