Vers une meilleure prise en charge du reflux des nourrissons
2 types de reflux gastro-œsophagiens : physiologique et pathologique
Le reflux gastro-œsophagien désigne des remontées involontaires du contenu gastrique dans l'œsophage. Fréquent chez les nourrissons, il concerne environ 70% des bébés âgés de 4 mois. Le plus souvent, le reflux gastro-œsophagien est de nature physiologique. Il se manifeste par des régurgitations bénignes qui disparaissent d’elles-mêmes au moment de la diversification alimentaire et lorsque l’enfant apprend à marcher. Mais dans certains cas, le reflux gastro-œsophagien peut se révéler pathologique et entraîner un risque de complications, ce qui implique une prise en charge médicamenteuse.
Or, il est parfois difficile de faire la différence diagnostique entre les deux types de reflux. Les pleurs, l’irritabilité et les troubles du sommeil se retrouvent en effet couramment chez les bébés de moins d’un an et ne suffisent pas à diagnostiquer un reflux pathologique. Quant aux symptômes plus spécifiques, comme les sensations de brûlure œsophagienne, impossible de savoir si le bébé en souffre vu qu’il ne peut pas encore s’exprimer.
Force est de constater que bien souvent, un traitement médicamenteux à base d’inhibiteurs de la pompe à protons est donc prescrit alors même que le reflux gastro-œsophagien ne revêt pas de caractère pathologique.
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont des médicaments censés aider à réduire la sécrétion d'acide gastrique.
Comment faire la distinction entre les deux types de reflux ?
Une nouvelle fiche destinée aux professionnels de santé
Dans ce contexte, la Haute Autorité de Santé vient de publier une fiche destinée aux professionnels de santé pour les aider à faire la distinction entre les reflux gastro-œsophagiens physiologiques et pathologiques. Elle s’adresse notamment aux médecins généralistes, pédiatres de ville ou médecins de PMI. L’objectif d’un tel document ? Favoriser une meilleure prise en charge des bébés de moins d’un an et leur éviter des prescriptions médicamenteuses superflues.
Une conduite à tenir différente selon les cas
Cette fiche se présente sous la forme de deux schémas précisant la conduite à tenir :
1. En cas de régurgitations sans caractère de gravité : ni test ni traitement médicamenteux ne seront nécessaires. Il faudra néanmoins s’assurer que les signes d’alerte évoquant une autre pathologie ont bien été écartés et que la courbe de poids du nourrisson est normale. Il conviendra ensuite de conseiller les parents sur les règles hygiéno-diététiques à mettre en place de manière progressive.
2. En cas de régurgitations avec signes de gravité (comme des traces de sang dans les régurgitations ou une cassure dans la courbe de poids de l’enfant), la Haute Autorité de Santé détaille la conduite à tenir selon chaque cas.
Pour confirmer le diagnostic de reflux pathologique, il sera indispensable de mener des examens complémentaires comme une endoscopie œsogastroduodénale ou une analyse du pH. Ce n’est qu’à la suite de ces examens et uniquement si la situation le justifie que le petit patient pourra se voir prescrire un traitement médicamenteux à base d’IPP. Il faut dire que la prudence est de mise car les médicaments IPP peuvent être à l’origine de nombreux effets indésirables chez l’enfant tels que des maux de tête, des nausées, des diarrhées, et accroître le risque d’infections gastro-intestinales ou respiratoires graves.
Un document d’information destiné aux parents
Les parents se retrouvent souvent démunis face aux pleurs de leur enfant et ses régurgitations incessantes peuvent même devenir anxiogènes. Pour rassurer au mieux leurs craintes, la Haute Autorité de Santé a donc rédigé un document de synthèse sur le sujet. Il y figure, entre autres informations, les gestes simples pour limiter le reflux des bébés allaités ou nourris au biberon.
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