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Législation sur la fin de vie : soins palliatifs et aide à mourir

Rédigé par L'équipe de rédaction de MEDADOM | 12/03/25 08:00

La question de la fin de vie, qui touche à la fois les domaines médical, éthique et social, a été au centre de nombreuses réflexions et réformes législatives ces dernières années. En mai 2023, un nouveau projet de loi sur la fin de vie a été présenté, marquant un tournant dans la manière dont la société française aborde ce sujet délicat.

Ce projet, soutenu par le gouvernement, vise à compléter et clarifier les dispositifs existants, tout en offrant une approche plus humaine et adaptée aux personnes confrontées à la fin de vie.

Les débats actuels portent sur des enjeux majeurs, tels que la définition du pronostic vital et les modalités d'administration de la substance létale. Deux versions du projet émergent : l'une mettant l'accent sur des garanties strictes, l'autre proposant un accès élargi à l'aide à mourir. L'intégration des soins palliatifs dans la législation reste également un point clé des discussions.

Le 21 janvier, François Bayrou a annoncé sa volonté de scinder le projet de loi sur "l'accompagnement des malades et de la fin de vie". Cette séparation a été réalisée, et deux propositions de loi ont été déposées le 6 mars à l'Assemblée nationale. La première, sur les soins palliatifs, sera défendue par la députée Annie Vidal (Ensemble pour la République), tandis que la seconde, concernant l'aide à mourir, sera portée par Olivier Falorni (Les Démocrates).

 

Contexte législatif et évolutions récentes

 

La législation française concernant la fin de vie a été marquée par plusieurs réformes majeures depuis le début du XXIe siècle, illustrant une volonté d’adapter le droit aux évolutions sociales, médicales et éthiques. La première grande avancée a été la loi Léonetti, adoptée en 2005, qui a posé les bases de l’encadrement des pratiques relatives à la fin de vie. Cette loi a permis de structurer des principes comme l'arrêt des traitements non proportionnés et l'accès aux soins palliatifs pour garantir le respect de la dignité des patients en fin de vie.



En 2016, la loi Claeys-Leonetti a élargi et renforcé le cadre législatif, notamment avec l’introduction de la sédation profonde et continue jusqu’au décès pour les patients en phase terminale. Ce dispositif permet de soulager les souffrances extrêmes, sous réserve de l’accord du patient ou de ses proches, et a constitué un tournant dans l’approche des soins en fin de vie, en particulier pour ceux confrontés à des pathologies incurables et des souffrances insoutenables.



Cependant, ces réformes n’ont pas répondu à toutes les interrogations, notamment celles concernant l’euthanasie et le suicide assisté. Ces pratiques, bien que largement débattues dans l’espace public et médical, n’étaient toujours pas abordées par la législation.

 

Depuis plusieurs années, la question de leur légitimité et de leur encadrement a été remise sur la table à travers des débats sociaux et politiques intenses, avec des appels croissants à réviser la législation pour mieux répondre aux attentes de la société et des patients. L'évolution vers une législation plus inclusive, abordant également ces nouvelles questions, s'est ainsi intensifiée, relançant un débat crucial pour l'avenir des droits des personnes en fin de vie.

Proposition de loi : aide à mourir et soins palliatifs

Le 10 avril 2024, le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie a été présenté en Conseil des ministres. Ce texte vise à apporter des réponses concrètes aux enjeux liés à la fin de vie en France, en mettant l’accent sur deux volets principaux : les soins palliatifs et l’aide à mourir.

Le député Olivier Falorni (apparenté au groupe MoDem) a déposé la proposition de loi portant sur l’aide à mourir, tandis qu'Annie Vidal (Ensemble pour la République) a présenté celle concernant les soins palliatifs.

 

Soins palliatifs : un renforcement de l’accompagnement

La première proposition de loi prévoit plusieurs mesures pour améliorer l’accès aux soins palliatifs et renforcer l’accompagnement des malades en fin de vie. Parmi les principales initiatives :

  • La création d’une unité de soins palliatifs pédiatriques dans chaque région ;
  • La couverture de tous les départements par au moins une unité de soins palliatifs adultes ;
  • Le développement des équipes mobiles territoriales de soins 
    palliatifs pour une prise en charge plus flexible et accessible ;
  • La mise en place de « maisons d’accompagnement » pour accueillir les personnes gravement malades ne pouvant rester à domicile ;
  • La création d’une filière universitaire dédiée à la médecine palliative et aux soins d’accompagnement.

 

L’aide à mourir : des conditions strictes d’accès

La seconde proposition de loi introduit également une procédure d’aide à mourir, encadrée par des critères stricts. Pour y accéder, le patient doit répondre aux conditions suivantes :

  • Être majeur ;
  • Être né en France ou y résider de manière stable ;
  • Pouvoir exprimer sa demande de façon claire et éclairée ;
  • Être atteint d’une pathologie grave et incurable, avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme ;
  • Subir des souffrances insupportables et réfractaires au traitement.

 

Le patient devra formuler sa demande auprès d’un médecin, qui consultera un collègue spécialiste et un infirmier pour évaluer son éligibilité. En cas d’admissibilité, un délai de réflexion obligatoire sera imposé, après lequel le patient devra confirmer sa demande. L’accord sera valable pendant trois mois.

Une clause de conscience sera instaurée pour les professionnels de santé refusant de participer à l’aide à mourir. Ils devront orienter le patient vers un confrère disposé à suivre la procédure.

Les professionnels volontaires pour participer à l’aide à mourir pourront s’inscrire auprès d’une commission centralisée, qui sera placée sous l’autorité du ministre de la Santé. Cette commission sera responsable de contrôler et évaluer le dispositif.

Par ailleurs, la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) seront chargées de l’évaluation des substances létales utilisées. Des décrets d’application sont prévus pour encadrer la mise en œuvre de cette procédure.

Enfin, le texte prévoit que les contrats d’assurance décès devront couvrir le risque de décès lié à l’aide à mourir, y compris pour les contrats en cours au moment de l’entrée en vigueur de la loi, afin d’éviter toute exclusion de couverture liée à l’assimilation de l’aide à mourir au suicide.

Ces propositions de loi marquent une étape importante dans la révision des pratiques législatives sur la fin de vie, cherchant à mieux répondre aux besoins et aux attentes des malades tout en garantissant un cadre éthique et médical rigoureux.

 

Pays en Europe qui s’engagent pour la fin de vie

En Europe, plusieurs pays ont légalisé l'euthanasie ou le suicide assisté, bien que les modalités et les conditions d'application varient considérablement d'un pays à l'autre.

 

Voici un aperçu des pays européens où l'euthanasie ou le suicide assisté sont légaux, avec des détails sur les conditions spécifiques de chaque pays :

 

Les Pays-Bas

Les Pays-Bas ont été le premier pays au monde à légaliser l'euthanasie, en 2002. Le cadre juridique permet à un patient majeur, qui souffre de manière insupportable et dont le pronostic de vie est limité, de demander l'euthanasie. La demande doit être faite de manière volontaire, réfléchie, et répétée.

Le médecin doit néanmoins confirmer que le patient souffre d'une maladie incurable ou en phase terminale. Un deuxième avis médical est également requis.

 

La Belgique

La Belgique a légalisé l'euthanasie en 2002, dans des conditions similaires à celles des Pays-Bas, mais avec quelques différences notables, comme l'inclusion des mineurs sous certaines conditions strictes.


Les conditions incluent que l'euthanasie peut être pratiquée sur des adultes souffrant de maladies incurables et insupportables. Depuis 2014, des mineurs, même non majeurs, peuvent aussi demander l'euthanasie s'ils sont en phase terminale, sous des conditions très strictes.

 

Le Luxembourg

Le Luxembourf permet l’euthanasie et le suicide assisté. Ils l’ont légalisé en 2009. La loi permet à des patients adultes souffrant de manière insupportable et incurable de demander l'euthanasie, ainsi que le suicide assisté. Seules conditions : la demande doit être volontaire, réfléchie et répétée. Un deuxième avis médical est également nécessaire pour confirmer la situation.

 

La Suisse

La Suisse autorise le suicide assisté. Elle n'a pas légalisé l'euthanasie, mais le suicide assisté est permis dans des conditions spécifiques. En revanche, l'euthanasie active, où un médecin administre directement un produit létal, reste illégale.

Conditions : le suicide assisté est permis si la personne demande activement de mourir et si elle souffre de manière insupportable. Il n'y a pas d'obligation de souffrir d'une maladie terminale, mais il doit y avoir une souffrance sérieuse et continue. Les associations qui offrent ce service doivent respecter des protocoles stricts.

 

L'Espagne

L'Espagne a légalisé l'euthanasie en 2021, devenant ainsi le quatrième pays en Europe à le faire. La loi permet aux adultes souffrant d'une maladie grave ou incurable, causant des souffrances physiques ou psychologiques intolérables, de demander l'euthanasie ou le suicide assisté.

Toutefois, la personne doit être en pleine possession de ses facultés mentales, faire une demande volontaire et répétée, et être informée de toutes les alternatives possibles.

 

 

 

Sources :