Teintures capillaires et risques de cancer : ce que disent les études

Qu’il s’agisse de se colorer les cheveux pour masquer des cheveux blancs ou simplement s’offrir un nouveau look pour la rentrée, les teintures capillaires ont le vent en poupe. Preuve en est le nombre toujours plus important de personnes qui se colorent les cheveux, plus ou moins fréquemment et de plus en plus jeunes.
Or, cette habitude ne serait pas si anodine pour la santé. Les produits de teintures permanentes pour les cheveux se composent en effet de très nombreuses substances, dont certaines soupçonnées d’être cancérigènes.
Dès lors, se teindre les cheveux régulièrement pourrait-il augmenter le risque de cancer ? C’est ce qu’ont cherché à déterminer différentes études scientifiques récemment menées sur le sujet. On fait le point.
Teintures capillaires : des produits remplis de substances chimiques
Les teintures « permanentes » désignent des produits de coloration pour cheveux qui ne disparaissent pas au lavage. Elles se composent de très nombreuses substances chimiques potentiellement toxiques (ammoniaque, formaldéhyde, toluène…) ou à l’effet perturbateur endocrinien (comme le 4-aminobiphényl-(ABP)).
Parmi ces substances, certaines sont capables de provoquer des mutations génétiques voire de déclencher des tumeurs chez des rongeurs, comme le sulfate de 2,4-diaminoanisole et le para-phénylènediamine.
Dès lors, il semble légitime de se demander si se teindre régulièrement les cheveux à l’aide de tels produits chimiques peut augmenter le risque de développer un cancer ? C’est ce qu’ont cherché à déterminer différentes études scientifiques menées sur le sujet depuis plusieurs années mais leurs conclusions se sont souvent révélées contradictoires.
Il faut dire que plusieurs paramètres sont à prendre en compte comme la nature de la teinture utilisée, la base de couleur des cheveux de l’utilisateur ainsi que son risque individuel de développer un cancer.
Des cancers du sein plus nombreux chez les femmes à risque utilisatrices de teintures capillaires
Dans ce contexte, plusieurs études scientifiques ont récemment entrepris de suivre au cours du temps des cohortes importantes de femmes utilisatrices de produits de teinture. L’objectif étant de tenter de comparer le risque pour elles de développer un cancer par rapport aux femmes n’ayant pas recours aux produits de teinture capillaire.
C’est ainsi qu’en 2019, une étude intitulée Sister Study a fait l’objet d’une publication après avoir été conduite sur une cohorte de 46 709 femmes considérées comme potentiellement à risque pour des raisons génétiques. Toutes ces femmes avaient en effet au moins une sœur ayant développé un cancer du sein.
Après un suivi de ces femmes pendant 8 ans et analyse des données, les chercheurs ont constaté que l’utilisation des produits de teinture capillaire était associée à :
- Une augmentation de 7 % du risque de cancer du sein chez les femmes d’ascendance européenne.
- Une augmentation de 45 % du risque de cancer du sein chez les femmes d’ascendance africaine.
Notons que chez ces dernières, l’utilisation de produits lissants était également associée à une augmentation du risque de cancer du sein.
Les produits lissants peuvent contenir du formaldéhyde (« formol »), une substance cancérigène reconnue.
Par ailleurs, une étude ayant suivi sur une durée de 36 ans une cohorte de 117 200 femmes de la Nurses’ Health Study a été publiée en 2020. Mais cette étude ne fait pas état d’un lien entre l’utilisation de teintures capillaires et un risque augmenté de cancer, à l’exception d’un cancer de la peau appelé « carcinome basocellulaire » dont le risque est augmenté de 5 %, en particulier chez les femmes aux cheveux clairs (femmes blondes ou rousses).
Quant aux femmes utilisant régulièrement les produits de teinture capillaire, elles seraient exposées à un risque légèrement augmenté de cancer du sein et de l’ovaire (en raison du risque cumulatif).
Quid des professionnels de la coiffure qui manipulent régulièrement ces produits de teinture capillaire ? S’il a été montré un risque accru de cancer de la vessie avec l’utilisation de teintures d’ancienne génération (commercialisées avant 1980), un tel risque n’a pas été démontré avec des teintures plus récentes.
Un risque accru de cancer selon un croisement d'analyses
Enfin, des analyses croisées d’études scientifiques ont tenté de faire la lumière sur le sujet. C’est ainsi qu’en 2018, une analyse croisée de 8 études regroupant 38 000 femmes a conclu que l’utilisation de teintures permanentes augmentait de 19 % le risque de cancer du sein.
Trois ans plus tard, une autre analyse croisée de 14 études regroupant cette fois-ci 210 000 femmes a quant à elle suggéré une augmentation du risque de cancer du sein de 7 % chez les femmes se colorant les cheveux.
Mais ce travail est contesté car il ne fait pas état de l’impact de la durée d’utilisation, de l’origine ethnique des femmes ou de leur couleur de cheveux initiale sur l’augmentation du risque, alors même que ces paramètres ont été jugés importants dans d’autres études.
Si aucun consensus n’émane des résultats de ces études, il semblerait cependant que l’utilisation de teintures capillaires augmente légèrement le risque de cancer comme le cancer du sein. La prudence est particulièrement de mise chez les femmes d’origine africaine présentant des antécédents familiaux de cancer du sein.
Sources :