Skip to main content

Alerte sur les aliments ultra-transformés : risques et solutions

L'équipe de rédaction de MEDADOM
18/12/25 08:30

Le 19 novembre, une série de trois articles coordonnés par 43 scientifiques internationaux dont deux chercheuses de l’Inserm et un chercheur d’INRAE a été publiée dans la revue scientifique The Lancet. Cette publication analyse en détails les conséquences de la consommation d’aliments ultra-transformés (AUT) sur la santé et propose des mesures concrètes pour réduire leur présence dans notre alimentation. 

Elle souligne qu’une véritable transformation du système alimentaire mondial est nécessaire pour limiter ces produits et améliorer l’accès à une alimentation saine.

 

Des preuves scientifiques de plus en plus nombreuses

 

En France, les aliments ultra-transformés représentent environ 35 % de nos apports caloriques, et jusqu’à 60 % aux États-Unis. De nombreuses études menées à l’échelle internationale montrent que ces produits sont associés à un risque accru de maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, l’obésité ou le diabète de type 2.

Les experts de The Lancet précisent que réduire leur consommation nécessite la mise en place de politiques publiques coordonnées, allant au-delà des mesures nutritionnelles classiques ciblant le sucre, le sel ou les graisses saturées.

Étude sur les aliments ultra-transformés

Selon la classification NOVA, les aliments ultra-transformés regroupent des produits ayant subi d’importantes transformations physiques, chimiques ou biologiques. Ils contiennent souvent des ingrédients industriels (huiles hydrogénées, sirop de glucose-fructose, isolats de protéines) et des additifs dits « cosmétiques » tels que les édulcorants artificiels, colorants ou émulsifiants.

 

Le premier article de la série montre que les régimes riches en AUT mènent à une surconsommation calorique, une moindre qualité nutritionnelle et une exposition accrue à des substances problématiques.

Une revue systématique de la littérature scientifique portant sur 104 études de cohorte révèle que 92 d’entre elles associent la consommation d’AUT à un risque accru d’au moins une maladie chronique. Ces analyses soulignent des liens significatifs avec 12 problèmes de santé, dont l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, la dépression ou encore la mortalité prématurée.

La cohorte française NutriNet-Santé a contribué de manière déterminante à ces résultats, en explorant notamment les mécanismes potentiels impliqués : rôle des additifs, contaminants issus des procédés de transformation ou des emballages.

Comme l’explique Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm et coordinatrice de NutriNet-Santé : « De plus en plus d’études montrent qu’une alimentation riche en aliments ultra-transformés nuit à la santé. Il est important de distinguer les débats scientifiques légitimes des tentatives de certains groupes d’intérêts visant à discréditer les preuves actuelles. »

 

Les propositions de The Lancet pour réduire la consommation d’aliments ultra-transformés

 

Le deuxième article propose une feuille de route destinée à limiter la production, la commercialisation et la consommation d’AUT. Les auteurs estiment qu’il est indispensable de compléter les politiques actuelles en transformant en profondeur l’environnement alimentaire. Les actions visant directement les consommateurs (étiquetage, éducation, recommandations) sont nécessaires, mais elles restent insuffisantes si l’offre alimentaire reste dominée par les produits ultra-transformés.

Parmi les mesures proposées figure l’évolution des systèmes d’étiquetage : The Lancet recommande d’indiquer clairement le caractère ultra-transformé des produits, comme cela a été testé avec une version enrichie du Nutri-Score intégrant la dimension d’ultra-transformation.

Les experts préconisent également des restrictions strictes sur la publicité, en particulier pour les enfants et sur les plateformes numériques, ainsi que l’interdiction des AUT dans les institutions publiques telles que les écoles et les hôpitaux.

Ils suggèrent en outre de limiter l’espace dédié aux aliments ultra-transformés dans les rayons des supermarchés, une mesure déjà appliquée dans certains pays. L’objectif est de rééquilibrer l’offre alimentaire afin de faciliter l’accès à des alternatives plus saines, accessibles et abordables.

 

Comprendre le poids de l’industrie dans la diffusion massive des AUT

 

Le troisième article de la série, auquel a contribué la chercheuse Melissa Mialon (Inserm), décrypte les stratégies de l’industrie agroalimentaire qui favorisent l’essor des AUT : utilisation d’ingrédients peu coûteux, procédés industriels permettant de réduire les coûts de production, marketing intensif et attractif, et lobbying politique à grande échelle.

Avec un chiffre d’affaires mondial estimé à 1 900 milliards de dollars, les aliments ultra-transformés constituent aujourd’hui le segment le plus rentable de l’industrie alimentaire.

Les auteurs appellent à une réponse mondiale coordonnée pour contrer les stratégies d’influence des entreprises de l’agroalimentaire, qui freinent souvent les politiques de santé publique visant à réduire la consommation d’AUT. Selon eux, une régulation internationale harmonisée est indispensable pour garantir une transition durable vers des régimes plus sains.

 

 

Sources :