Les études de médecine, pilier de la formation des futurs professionnels de santé, varient considérablement d’un pays à l’autre en Europe. Alors que la France a récemment abandonné le célèbre numerus clausus, d’autres pays adoptent des approches distinctes pour l’admission et la formation. Ce comparatif explore les différences majeures entre le système français et ceux d’autres pays européens.
Jusqu’en 2020, l’accès aux études de médecine en France reposait sur un concours national extrêmement sélectif à la fin de la PACES (Première Année Commune aux Études de Santé). Avec la réforme, le numerus clausus a été remplacé par un numerus apertus qui fixe un nombre cible d’admissions, mais sans plafonner strictement les places.
Désormais, deux voies principales permettent d’accéder aux études médicales : le PASS (Parcours Accès Santé Spécifique) et les LAS (Licences avec Accès Santé). Cette diversification vise à élargir les profils des étudiants, tout en maintenant une sélection basée sur les résultats académiques et des épreuves locales.
Allemagne | La sélection repose principalement sur les résultats scolaires obtenus au Abitur (équivalent du baccalauréat) et sur un numerus clausus élevé, qui limite l’accès aux meilleures notes. Certains établissements introduisent également des tests d'aptitude et des entretiens pour affiner la sélection. |
Royaume-Uni | L’admission est basée sur une combinaison de résultats académiques, d’un test d’entrée (comme le UCAT ou le BMAT), et d’un entretien structuré pour évaluer les motivations et les aptitudes des candidats. |
Espagne | Les étudiants doivent passer un examen national, la Selectividad, qui inclut des épreuves spécifiques pour les aspirants médecins. |
Italie | L’accès est conditionné par un concours national, l’IMAT (International Medical Admission Test), qui évalue les connaissances scientifiques et les compétences logiques des candidats. |
Pays nordiques | En Suède ou en Norvège, les admissions privilégient les résultats scolaires, souvent complétés par des tests d’aptitude ou des expériences liées au domaine médical. |
En France, les études de médecine durent entre 9 et 11 ans, réparties en trois cycles (DFGSM, DFASM, et DES). Une forte emphase est mise sur la théorie en début de cursus, avant d’intégrer progressivement des stages pratiques. Les étudiants bénéficient du statut d’externe et d’interne en milieu hospitalier, un modèle emblématique du système hospitalo-universitaire français.
Allemagne | Les études sont également divisées en cycles, avec une forte intégration de la pratique clinique dès la deuxième année. La formation repose sur un modèle dual universitaire-hospitalier. |
Royaume-Uni | Les études médicales s’étalent sur 5 à 6 ans. Elles privilégient une immersion précoce dans le milieu hospitalier et une évaluation continue des compétences cliniques. Les étudiants terminent leur formation par une spécialisation sous forme de foundation years. |
Italie & Espagne | Ces pays combinent des cours théoriques approfondis et des stages hospitaliers supervisés, mais la pratique arrive souvent plus tard dans le cursus par rapport au modèle britannique. |
Pays nordiques | La formation met l’accent sur l’apprentissage par problèmes (Problem-Based Learning - PBL) et une approche centrée sur le patient, avec une pratique hospitalière précoce. |
La suppression du numerus clausus a augmenté le nombre de médecins formés, mais elle pose la question des capacités d’accueil des facultés et des terrains de stage. Le système reste très compétitif, malgré les efforts pour diversifier les profils.
Certains pays, comme le Royaume-Uni, tirent parti d’une sélection plus personnalisée pour mieux évaluer les aptitudes humaines des futurs médecins. D’autres, comme l’Allemagne ou l’Italie, restent attachés à des approches très académiques qui peuvent favoriser l’élitisme.
La mobilité professionnelle des médecins au sein de l’Union européenne est facilitée par la directive européenne 2005/36/CE, qui encadre la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles. Cette directive permet aux médecins formés en France d’exercer dans d’autres pays européens, et réciproquement, sous certaines conditions.
En France, les diplômes médicaux obtenus dans un État membre de l’UE sont généralement reconnus, à condition que la formation respecte les standards européens définis, notamment en termes de durée et de contenu (six ans minimum, incluant des stages pratiques). Les médecins européens doivent toutefois s’inscrire à l’Ordre des médecins pour pratiquer en France. La maîtrise de la langue française peut également être exigée dans certaines situations, notamment pour assurer la qualité des soins.
Inversement, un médecin formé en France peut demander la reconnaissance de son diplôme dans un autre pays européen, en suivant les procédures administratives locales. Dans certains cas, des tests complémentaires ou une période de supervision peuvent être requis pour s’assurer de la compatibilité des compétences avec les standards nationaux.
Enfin, la liberté de circulation au sein de l’UE offre aux médecins la possibilité de diversifier leur expérience professionnelle et d'accéder à des environnements de travail différents, tout en renforçant la coopération internationale en matière de santé.
Pour poser un dossier d’équivalence en médecine en Europe, il existe plusieurs étapes clés, encadrées par la directive européenne 2005/36/CE. Voici les principales démarches à suivre :
Vérification de la reconnaissance de la qualification | Avant de commencer, il est important de s’assurer que le diplôme médical est bien reconnu par l’État membre dans lequel vous souhaitez exercer. En général, la reconnaissance automatique s’applique aux diplômes délivrés dans des pays de l’UE, mais dans certains cas, une évaluation supplémentaire peut être nécessaire. |
Collecte des documents nécessaires |
Vous devrez fournir plusieurs documents, dont :
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Soumission de la demande auprès de l’autorité compétente | La demande doit être adressée à l'autorité compétente du pays dans lequel vous souhaitez obtenir la reconnaissance. Chaque pays a un point de contact unique pour traiter ces demandes (en France, par exemple, c’est l’Ordre des Médecins). Vous devrez remplir un formulaire et soumettre les documents requis. |
Examen du dossier | L’autorité compétente examinera si votre formation répond aux exigences minimales définies par l’UE, y compris la durée de la formation (au moins 5 ans et demi pour les études médicales). Dans certains cas, si des différences substantielles sont constatées, un test ou une période de formation complémentaire peut être demandé. |
Décision sur la reconnaissance | Si votre qualification est jugée équivalente, vous recevrez une autorisation de pratiquer. En revanche, si des différences sont identifiées, vous pourriez devoir passer un examen supplémentaire ou effectuer un stage d’adaptation pour pouvoir exercer. |
Inscription auprès des instances professionnelles locales | Une fois la reconnaissance obtenue, vous devrez vous inscrire auprès de l’ordre des médecins ou de l’organisme de régulation de la santé du pays d’accueil pour obtenir le droit d’exercer légalement. |
Sources :