Santé décomplexée

Microplastiques : est-ce dangereux pour la santé ?

Rédigé par L'équipe de rédaction MEDADOM | 13/10/22 14:30

Selon l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), près de 145 000 tonnes de microplastiques par an seraient employées dans l’Union européenne. Les Nations Unies ont également révélé en 2017 que l’océan contenait près de 51 trillions de particules, un chiffre qui doit aujourd’hui être beaucoup plus élevé.

Que sont les microplastiques exactement ? Pourquoi les retrouve-t-on dans l’environnement ? Quels sont leurs effets sur votre santé et comment pouvez-vous les éviter ? 



Quelle est la définition d’un microplastique ?

 

La définition officielle d’un microplastique n’a pas encore été créée officiellement. On emploie le terme “microplastiques” pour désigner des particules solides de plastique, non solubles dans l’eau ni biodégradables, et de taille inférieure ou égale à 5 mm.

Aujourd’hui, avec l’emploi massif du plastique dans l’industrie depuis maintenant plusieurs décennies, les microplastiques sont présents partout sur notre planète. On les retrouve dans les océans, dans l’alimentation, et même dans les soins cosmétiques. 

Les microplastiques les plus fréquemment rencontrés dans l’environnement sont le polyéthylène, le polypropylène et le polystyrène. Le problème des microplastiques est qu’en plus de la matière plastique qui les compose s’y ajoutent de nombreuses autres substances qui offrent diverses propriétés à la matière. En outre, les bactéries sont plus susceptibles de s’y fixer et de produire d’autres types de pollution avec des effets sur l’environnement, mais aussi potentiellement sur la santé.  

 

 

Où trouve-t-on les microplastiques dans notre quotidien ?

 

Pourquoi retrouve-t-on des microplastiques dans l’eau et les aliments ?

 

Utilisés en masse dans de nombreux secteurs industriels, les plastiques en se dégradant une fois utilisés se transforment en particules microscopiques. Ces fines particules vont ensuite s’infiltrer dans le sol puis dans l’eau. C’est principalement pour cette raison que les microplastiques se retrouvent dans nos aliments et nos eaux de boisson, en plus du fait que les poissons et animaux marins les ingèrent et contaminent de ce fait toute la chaîne alimentaire

 

Les microplastiques se classent sous deux catégories, selon le type de source dont ils sont issus :

  • Les microplastiques primaires : directement émis dans l’environnement, les microplastiques primaires représentent entre 15 et 31 % de la totalité des microplastiques présents dans les océans selon le Parlement européen. 35 % d’entre eux sont issus du lavage des vêtements synthétiques, et 28 % proviennent des pneus de voiture qui s’usent sur les routes. Les soins cosmétiques et produits d’entretien renferment également 2 % de microplastiques primaires.
  • Les microplastiques secondaires quant à eux sont le résultat de la dégradation et de la transformation d’objets en plastique comme les sacs de courses ou les bouteilles d’eau ou de sodas. Sous l’effet du soleil et de l’eau, ils se dégradent en formant des morceaux de plastique plus petits jusqu’à être considérés comme des microplastiques. Dans les océans, ce sont les microplastiques secondaires que l’on retrouve le plus (entre 70 et 80 %).



Y a-t-il des microplastiques dans vos cosmétiques ?


Le plastique étant un composé peu onéreux, il est largement utilisé dans les soins cosmétiques comme les gommages, les soins capillaires contenant du silicone ou encore les gels douche. Aujourd’hui, l’emploi des microplastiques est de plus en plus réglementé. Depuis 2018 et la loi pour la Biodiversité, l’emploi des microplastiques est interdit dans les
produits cosmétiques de nettoyage et d’exfoliation. Cependant, les matières plastiques sont toujours très largement répandues dans les soins cosmétiques conventionnels. Dans la liste des ingrédients, vous pouvez les retrouver sous plusieurs dénominations : PEG, PPG, polymères, polyéthylènes, silicones ou encore PET. En cosmétique naturelle et bio, des alternatives ont vu le jour. Coquilles de noix, pépins de raisin ou argile remplacent progressivement les billes plastique dans les gommages visage et corps notamment.

 

 

Comment savoir si on a des microplastiques dans le sang ?

 

Les microplastiques étant partout présents dans notre environnement, vous pouvez logiquement vous poser la question de savoir s’ils sont présents dans votre corps. Selon plusieurs études menées ces dernières années, les microplastiques seraient en effet présents dans nos organismes. Aux Pays-Bas, des chercheurs ont récemment découvert la présence de microplastiques dans le sang humain de personnes en bonne santé selon une étude relayée par le magazine Sciences et Avenir. Les microplastiques ont également été détectés dans le cerveau, le placenta et les intestins de bébés à naître. Près de la moitié des microplastiques détectés étaient composés de PET, que l’on retrouve beaucoup dans les emballages alimentaires et les boissons. 

 

Savoir si vous avez des microplastiques dans le sang est aujourd’hui impossible, car il n’existe pas d’analyse spécifique disponible. 

 

 

Quels sont les risques des microplastiques pour la santé ?

 

Face à ce constat, on peut se demander si les microplastiques présents dans l’organisme peuvent poser des problèmes de santé. Il a été prouvé que les microplastiques affectent de façon globale les organismes marins ainsi que les oiseaux. Ces substances ont à la fois des effets chimiques, mais aussi mécaniques. De plus, comme mentionné précédemment, d’autres substances comme les pesticides ou d’autres traces de polluants se fixent sur les microplastiques, additionnant encore davantage les effets éventuels. 

Une étude a également prouvé que des huîtres exposées à des particules de polystyrène présentaient des troubles de la reproduction et de la fécondité. Chez les souris, une autre étude relayée par l’INSERM à révélé que les microplastiques pouvaient avoir un effet sur la structure et la fonction de l’intestin et faciliter l’apparition de maladies cancéreuses ou inflammatoires.

 

 

Quelles études ont été menées chez l’homme ?

 

Chez l’homme, l’impact des microplastiques a fait l’objet de peu d’études. Si des traces de microplastiques ont été retrouvées dans le sang des personnes visées par l’enquête, on en retrouve également dans les poumons comme l’ont démontré une équipe de chercheurs de l’université de Hull. Les résultats montrent la présence de près de 12 types de polymères différents, avec en tête le polypropylène, le PET et le polyéthylène. 

 

En outre, les microplastiques pourraient également jouer un rôle dans la résistance aux antibiotiques selon l’Institut de technologie du New Jersey. Dans une étude parue fin 2021, les chercheurs ont montré que les microplastiques échappent au processus de traitement des eaux usées et développent à leur surface des bactéries pathogènes résistantes aux antibiotiques.

 

Ces différentes études démontrent que les effets sur la santé des microplastiques pourraient être particulièrement préoccupants. Comme pour les pesticides, un potentiel “effet cocktail" pourrait être à l’origine de nombreux troubles de santé sur le long terme.   

 

 

Quelle est la réglementation en cours et à venir concernant les microplastiques ?

 

Face à ce constat préoccupant, la Commission européenne a révélé ce 30 août 2022 un projet de loi visant à réglementer davantage la production des microplastiques et leur mise sur le marché. Le texte prévoit d’interdire les microplastiques dans les cosmétiques, les produits de nettoyage ainsi que les terrains de sport. L’organisme préconise plus concrètement l’interdiction des particules de polymères synthétiques “lorsqu’elles sont intégrées telles quelles dans les compositions ou à une concentration égale ou supérieure à 0,01 % en poids du mélange”. Le texte prévoit également l'interdiction de tous les polymères de synthèse à l'exception de certains dont l’indice de biodégradabilité sera jugé satisfaisant. 

 

 

Comment éviter les microplastiques ? 

 

Présents en masse dans votre environnement, vous pouvez vous demander s’il est possible de limiter votre exposition à ces microplastiques et limiter de ce fait au maximum leur intégration dans votre organisme.
Vous pouvez  adopter quelques conseils pour en utiliser le moins possible au quotidien :

  • Privilégiez les contenants et objets en verre, en inox ou en bambou le plus possible. Le zéro déchet est de plus en plus plébiscité par les Français, et de nombreuses alternatives sont désormais disponibles pour remplacer de nombreux objets du quotidien : pailles, vaisselle, brosse à dents, etc.
  • Passez au lavable : des culottes menstruelles aux emballages pour stocker les aliments en passant par le papier absorbant, la tendance jetable n’a désormais plus le vent en poupe : place aux objets lavables et réutilisables, plus économiques et moins polluants.
  • Repensez votre manière de vous habiller : si la fast fashion a pour avantage de faire des économies, elle est aussi catastrophique pour l’environnement. Privilégiez les textiles réalisés en matières brutes, naturelles et certifiées comme le chanvre, le coton bio ou encore le chanvre.
  • Au quotidien, réduisez votre consommation de plastique en achetant vos produits secs en vrac ou en favorisant les emballages en carton ou en verre.
  • Troquez vos bouteilles d’eau en plastique (contenant parfois des microplastiques) contre de l’eau du robinet que vous pouvez filtrer et investissez dans des gourdes en inox, plus durables.
  • Examinez votre cuisine et recherchez des alternatives plus durables : remplacez par exemple vos pots de compote individuels par un contenant plus gros en verre, amenez vos propres sacs pour acheter vos fruits et légumes, etc.

N'hésitez pas à utiliser des applications qui vous permettent d'évaluer le taux de plastiques dans vos produits, comme Yuka ou Inci beauty.

 

Pas de médecin disponible près de chez vous pour vous recevoir ?
Pensez à la téléconsultation avec MEDADOM ! 

 

 

Sources :