Le 13 mars, les députés ont voté la création d’une commission d’enquête sur le réseau social TikTok et ses « effets psychologiques » sur les utilisateurs mineurs. Composée de trente parlementaires, cette commission dispose de six mois pour mener des recherches et auditions, afin de remettre un rapport à la présidente de l’Assemblée nationale.
Selon Laure Miller (Ensemble pour la République), rapporteure de la proposition de résolution, l’objectif est double : d’abord, établir un lien direct entre l’usage de TikTok et la détérioration de la santé mentale des jeunes, puis explorer les leviers juridiques que les législateurs français peuvent utiliser pour mieux protéger les enfants.
Les commissions d’enquête à l'Assemblée nationale jouent un rôle essentiel dans l’examen de sujets précis, notamment en matière de gestion des services publics, d'entreprises nationales ou de faits déterminés, tant que ceux-ci ne font pas l’objet d’une procédure judiciaire.
Leur création est initiée par le dépôt d’une proposition de résolution par un ou plusieurs députés, qui est ensuite examinée en commission et en séance publique. Une fois validée, la commission d’enquête est composée de trente membres maximum, répartis proportionnellement selon les groupes parlementaires.
Ces commissions ont pour mission de :
Récemment, des questions concernant l'impact des réseaux sociaux, en particulier TikTok, sur la santé mentale des jeunes ont suscité des préoccupations. En France, environ 70 % des utilisateurs de TikTok ont moins de 24 ans, et une part importante (40 %) des 16-25 ans se connecte quotidiennement à cette plateforme.
L'algorithme de TikTok, avec son absence de régulation et son pouvoir addictif, pousse certains jeunes vers des contenus potentiellement dangereux, notamment ceux en lien avec l’automutilation, le suicide ou des troubles alimentaires.
Un rapport sénatorial de 2023 a souligné que les algorithmes de TikTok pourraient inciter des utilisateurs vulnérables à s'engager dans des spirales de contenus nuisibles, comme ceux favorisant les pensées suicidaires et l’automutilation.
Cette situation a conduit plusieurs familles françaises à porter plainte contre TikTok. Elles accusent la plateforme de promouvoir des vidéos incitant à des comportements dangereux, notamment des troubles alimentaires et des pensées suicidaires.
Certaines de ces familles déplorent la perte de leurs enfants, âgés de 12 à 16 ans, qui ont mis fin à leurs jours après avoir été exposés à ces contenus. Face à ces préoccupations grandissantes, des commissions d’enquête pourraient jouer un rôle clé dans l'évaluation de l'impact des réseaux sociaux et la mise en place de mesures pour protéger les jeunes utilisateurs.
La création de cette commission d'enquête intervient dans un contexte où la santé mentale des jeunes devient une préoccupation croissante. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 4,4 % des enfants âgés de 10 à 14 ans et 5,5 % des adolescents de 15 à 19 ans souffrent de troubles anxieux.
Quant à la dépression, elle touche 1,4 % des jeunes de 10 à 14 ans et 3,5 % de ceux de 15 à 19 ans. En avril 2024, une enquête menée auprès des collégiens et lycéens en France a révélé qu’un adolescent sur sept présente de "graves risques de dépression", un chiffre alarmant qui souligne l'ampleur de la crise.
Bien que moins fréquents, les troubles alimentaires, comme l'anorexie mentale, ne doivent pas être minimisés. Ce trouble peut entraîner une mort prématurée, souvent à cause de complications ou de suicide, et est associé à une mortalité plus élevée que celle de tout autre trouble mental.
Le suicide, quant à lui, reste la troisième cause de décès chez les jeunes de 15 à 29 ans, soulignant l’urgence de prendre en compte les risques psychologiques et les pressions sociales auxquels ces jeunes sont confrontés.
Avec la fonctionnalité « Temps hors écran », TikTok permet aux parents de définir une plage horaire durant laquelle leur enfant ne pourra pas utiliser l’application. Si cette limite est atteinte, l’enfant ou l’adolescent devra entrer un code d’accès fourni par les adultes pour pouvoir réutiliser l’application.
De plus, pour les moins de 18 ans, un temps d’écran de 60 minutes par jour est imposé. TikTok introduit également une nouvelle option de méditation : à partir de 22 heures, les jeunes de moins de 16 ans se verront proposer des exercices de relaxation accompagnés de musique apaisante.
Les parents ont également la possibilité de surveiller les abonnés, les abonnements et les comptes bloqués par leurs enfants grâce au mode « Connexion Famille ». Ce système permet aux parents non seulement de limiter l’accès à certaines fonctionnalités, mais aussi de suivre les centres d’intérêt de leur enfant et d’engager des discussions sur leur expérience en ligne.
En outre, TikTok, autorisé à partir de 13 ans, offrira bientôt une option pour que les adolescents et enfants puissent, après avoir signalé une vidéo, alerter un parent, un tuteur ou un adulte de confiance, même sans activer le mode « Connexion Famille ».
En France, la loi du 7 juillet 2023 sur la majorité numérique a fixé à 15 ans l’âge minimum pour s’inscrire sur les réseaux sociaux afin de protéger les mineurs les plus vulnérables. Cependant, cette loi ne concerne pas tous les adolescents et beaucoup trouvent des moyens de contourner ces restrictions.
Sources :