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Comment savoir si l’on est dépressif ?
Les symptômes qui doivent mettre la puce à l'oreille

La dépression (ou trouble dépressif caractérisé) est une affection psychiatrique courante, caractérisée par une tristesse pathologique, une perte de plaisir et des symptômes cognitifs et physiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 280 millions de personnes souffriraient de dépression soit près de 5% des adultes. Les chiffres continuent d’augmenter depuis 2010.

En France, les épisodes de troubles dépressifs caractérisés concerneraient 11% des hommes et 22% des femmes au cours de leur vie. Dans 70% des cas, les traitements sont efficaces pour soigner la dépression. Non-traitée, cette dernière peut avoir des conséquences graves sur la qualité de vie du patient, avec un risque de suicide de 10 à 20%.

 

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C’est quoi une dépression ?

 

Définition de la dépression

La dépression, ou trouble dépressif caractérisé, est un trouble psychiatrique courant. 

Il peut arriver à tout le monde de se sentir déprimé, notamment lors d’évènements de vie douloureux (perte d’un proche, problèmes personnels ou professionnels…). Avec le temps, ce sentiment de tristesse s’atténue. Lorsque ce sentiment se prolonge anormalement et perturbe le quotidien, on peut alors parler de dépression.

 

Pourquoi je fais une dépression ?

Survenant le plus souvent après un événement extérieur, la dépression résulte de nombreux facteurs :

  • Les facteurs génétiques : les recherches suggèrent aujourd’hui l’implication de plusieurs gènes dans la survenue de la dépression. Pas directement responsable de son déclenchement, ils seraient plutôt un facteur de prédisposition à la dépression.

  • D’un point de vue biologique : certains neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine, noradrénaline) seraient moins efficaces chez les personnes dépressives. Il en découlerait alors des perturbations de l’humeur et des fonctions cognitives et physiques.

  • Un lien avec l’environnement social et familial : vivre seul, être surmené, avoir vécu des évènements difficiles ou traumatisants… autant de facteurs qui peuvent favoriser la survenue de la dépression

 

La dépression peut alors être consécutive à une séparation, un deuil, une perte d’emploi, le départ d’un de ses enfants du domicile…

 

Quels sont les facteurs de risques de la dépression ?


La dépression peut survenir chez toute personne, quel que soit son niveau d’éducation, son statut socio-économique ou son ethnie.
Même si elle peut se déclarer à tout âge, la dépression touche plus fréquemment les jeunes adultes, 70% des dépressifs ayant moins de 45 ans.

Les personnes âgées ne sont toutefois pas épargnées et le risque de dépression dans cette population est souvent sous-évalué. La dépression peut alors se manifester par une agressivité, des insomnies et des symptômes ressemblant à la démence, qui disparaissent avec le traitement.

La dépression ne touche pas non plus autant les hommes que les femmes, qui sont deux fois plus nombreuses à être diagnostiquées. Cela s’expliquerait d’une part, par la capacité supérieure des femmes à demander de l’aide, facilitant leur diagnostic, et de l’autre, par un rôle potentiel des hormones sexuelles, expliquant pourquoi les grandes périodes de fluctuations hormonales (adolescence, accouchement et ménopause) sont le siège privilégié d’épisodes de dépression.

 

Les évènements de la vie peuvent également favoriser l’apparition d’une dépression :

  • La perte d’un proche.
  • Un stress professionnel : surmenage, licenciement…
  • Certains moments de vie : adolescence, grossesse, accouchement (dépression post-partum)…
  • La découverte d’une maladie grave.

 

La dépression a beau être un trouble psychiatrique, ses retentissements ne se cantonnent pas à la santé mentale. Les troubles dépressifs ont de multiples retentissements :

  • Sur l’entourage : « la dépression constitue une charge psychologique importante pour les proches aidants du malade et engendre souvent des conséquences au niveau du fonctionnement familial » selon l’INSERM.

  • Sur la santé physique : la dépression peut conduire à adopter une mauvaise hygiène de vie, à négliger sa santé, et à consommer davantage d’alcool et de substances psychoactives (drogues et médicaments). Les risques cardiovasculaires sont la 1ère cause de décès chez les personnes dépressives.

  • Sur le risque de suicide : multiplié par 30 au cours de l’épisode dépressif.

  • Sur le système de santé : la dépression représente un coût important pour le système de santé, renforçant la nécessité d’une prise en charge précoce.

 

Quels sont les 3 niveaux de dépression ?

 

La dépression est un trouble psychologique complexe qui se manifeste sous plusieurs intensités. Selon la classification internationale des maladies (CIM-10), elle se décline en trois niveaux principaux : léger, modéré et sévère. 

Chacun de ces niveaux est caractérisé par un nombre de symptômes et par le retentissement qu'ils provoquent sur le fonctionnement quotidien du patient : 

La dépression légère Dans les cas de dépression légère, le patient présente deux symptômes dépressifs principaux accompagnés de deux autres symptômes secondaires. Ces symptômes entraînent des difficultés pour poursuivre les activités ordinaires ou sociales, mais celles-ci restent réalisables avec un effort supplémentaire. Le patient conserve une certaine autonomie, bien que les tâches du quotidien puissent paraître plus exigeantes qu’à l’habitude.
La dépression modérée La dépression modérée est plus impactante, avec deux symptômes dépressifs principaux et entre trois et quatre symptômes supplémentaires. Le dysfonctionnement dans les activités du patient est plus marqué que dans les cas légers, sans toutefois atteindre la gravité observée dans les épisodes sévères. Les relations sociales et les obligations professionnelles commencent à être sérieusement affectées et rendent le quotidien de plus en plus difficile à gérer.
La dépression sévère Dans la dépression sévère, le patient présente trois symptômes dépressifs principaux et au moins quatre autres symptômes supplémentaires. Cette intensité perturbe profondément les activités professionnelles, sociales et familiales. Il devient difficile, voire impossible, pour le patient de mener une vie fonctionnelle. 

 

Chaque niveau de dépression nécessite une prise en charge adaptée pour éviter l’aggravation des symptômes et permettre au patient de retrouver un fonctionnement optimal.

Comme savoir si je suis en dépression avec un test ? 
Si je me pose des questions sur mon état et que je pense faire une dépression, je peux commencer par répondre aux questions du test MINI (Mini International Neuropsychiatric Interview), un test des symptômes de la dépression qui permet une première évaluation de mon état. Si le résultat pointe vers une dépression, je consulte un médecin sans attendre.

 

Quels sont les effets de la dépression sur le corps ?

 

La dépression a plusieurs effets sur le corps, aussi bien physiques que mentaux. Les manifestations varient en fonction de la gravité de la dépression et de la façon dont elle est prise en charge.

Sur le plan psychologique, une dépression mal soignée peut évoluer vers des troubles plus complexes, comme des épisodes maniaques ou des états psychotiques. Ces manifestations peuvent s'accompagner de délires, de perte de contact avec la réalité ou de comportements imprévisibles. Bien que ces cas soient moins fréquents, ils nécessitent une attention médicale urgente et une évaluation diagnostique approfondie.

Au-delà des symptômes psychiatriques, la dépression affecte également le corps en perturbant des fonctions vitales. Elle peut provoquer des troubles du sommeil, une perte ou un gain de poids, des douleurs musculaires ou articulaires ainsi qu'une fatigue chronique difficile à surmonter. Ces manifestations physiques reflètent l’interconnexion entre le corps et l’esprit et rappellent l'importance d'une prise en charge globale.

Dans les cas les plus graves, la dépression peut évoluer vers des états de psychose, notamment lorsque la souffrance mentale devient insupportable et que la perception de la réalité est altérée. Ces épisodes nécessitent un suivi spécialisé et une prise en charge adaptée pour éviter toute aggravation.

 

Comment savoir si on est dépressif ?

 

La dépression peut prendre plusieurs formes, allant de la dysthymie (une dépression chronique légère) à une dépression majeure, qui se manifeste par des symptômes plus graves et invalidants. Les personnes souffrant de dépression peuvent présenter un trouble de l’humeur et d'autres signes, comme des troubles du sommeil, une perte d’énergie, ou une difficulté à se concentrer.

La dépression a des symptômes variés, comme la difficulté de concentration

 

Quels sont les symptômes de la dépression ?

La dépression se caractérise par une tristesse persistante, souvent associée à un sentiment de désespoir, de la mélancolie et une baisse significative de l’énergie. Elle n’est pas seulement marquée par des symptômes psychologiques, mais touche également les sphères physiques et émotionnelles.

 

Symptômes psychoaffectifs

Les troubles de l’humeur sont au cœur de la dépression :

  • Une tristesse envahissante, généralement plus intense le matin.
  • Une perte de plaisir (anhédonie), parfois accompagnée d’un état anxieux ou d’une irritabilité accrue.
  • Des idées de culpabilité, de dévalorisation ou d’incurabilité.
  • Un risque suicidaire, qui se manifeste par des pensées suicidaires
  • Dans les formes les plus sévères, une dépression peut être associée à un état psychotique, avec des idées délirantes ou une perte de contact avec la réalité.

 

Symptômes psychomoteurs

Les personnes atteintes de dépression présentent souvent :

  • Un ralentissement psychomoteur ou, à l’inverse, une agitation marquée.
  • Des ruminations constantes et un ralentissement du cours des pensées.
  • Des difficultés à se concentrer, à mémoriser des informations ou à prendre des décisions.
  • Une diminution des expressions du visage, une voix monocorde ou un ralentissement des mouvements.

 

Perturbations physiologiques

Les personnes souffrant de dépression rapportent fréquemment :

  • Une fatigue constante et un manque d’énergie.
  • Des troubles du sommeil : insomnie ou hypersomnie.
  • Une perte ou une augmentation de l’appétit, entraînant des variations de poids.
  • Une baisse du désir et de l’excitation sexuelle.
  • Des symptômes somatiques, comme des douleurs digestives, urinaires ou cardiovasculaires.

 

Dépression ou coup de déprime ?

Une déprime passagère, un « coups de blues » ou un « coup de cafard » sont des manifestations naturelles du psychisme et du corps, même chez les plus optimistes d’entre nous ! La tristesse peut alors être liée ou non à des raisons précises.

Ces moments de déprime peuvent d’ailleurs être l’occasion de prendre des décisions et de mettre en place des changements dans notre vie, tant au niveau personnel ou professionnel.

C’est le prolongement de ce sentiment de tristesse qui peut laisser supposer une dépression. Dans le doute, il vaut mieux consulter que de laisser s’installer un potentiel trouble dépressif.

 

Dépressif ou maniaco-dépressif ?

Dans certains cas, la dépression peut coexister avec des épisodes de manie, formant ce qu’on appelle un trouble bipolaire. Ces épisodes se manifestent alors par des comportements impulsifs et une énergie excessive, qui contrastent fortement avec les symptômes dépressifs. Le trouble maniaco-dépressif est différent de la dépression et nécessite un traitement particulier.

 

Quelles sont les phases de la dépression ? 

 

La dépression évolue en plusieurs phases distinctes, bien qu’elles puissent varier d’un individu à l’autre. Ces étapes décrivent la progression de la maladie, depuis les premiers signes jusqu’à la rémission ou la rechute : 

  1. Les premiers signes : cette première étape commence par un épuisement général et un sentiment de découragement liés à un stress permanent, souvent minimisé ou rationalisé.
  2. La perte d’envie : une perte d’envie s’installe, accompagnée d’une humeur triste et maussade persistante.
  3. Les troubles fonctionnels : des troubles de l’appétit, du sommeil et de la concentration apparaissent et commencent à rendre le quotidien plus difficile.
  4. Les idées noires : des idées noires ou suicidaires surviennent, accompagnées d’un sentiment profond de vide et de solitude.
  5. La perte d’autonomie : dans les cas sévères, les patients perdent leur autonomie et ont du mal à accomplir les gestes du quotidien.
  6. La rémission : avec une prise en charge adaptée, les symptômes peuvent disparaître et aider à une reprise progressive des activités.
  7. La rechute : le risque de rechute reste important, bien que les traitements actuels et une prise en charge efficace permettent de les limiter !

Comment sortir de la dépression ?


La psychothérapie peut suffire à se sortir d'une dépression légère

La psychothérapie peut suffire à se sortir d'une dépression légère.

 

Que faire en cas de dépression ?

La dépression peut entraîner des conséquences dramatiques. Je consulte un médecin dès que possible si :

  • J’ai des pensées suicidaires ou des antécédents de tentative de suicide.
  • Mon état dépressif dure depuis plus de 2 semaines.
  • Mes symptômes dépressifs s’aggravent.

 

Je consulte un médecin sous quelques jours si je présente les symptômes de la dépression suivants :

  • Je n’arrive plus à m’en sortir seul.
  • J’ai besoin d’être écouté et d’avoir des conseils avisés.
  • Je me replie sur moi-même.
  • Je perds le plaisir à faire les activités que j’aimais.
  • Je n’ai plus d’énergie et je n’arrive pas à me concentrer.
  • Mon appétit a beaucoup changé récemment.
  • J’ai pris ou perdu du poids récemment.
  • Je n’arrive pas à dormir correctement ou je passe mon temps à dormir.

Le traitement de la dépression

Lorsque le psychiatre confirme que je souffre de dépression, il peut m’orienter vers une thérapie adaptée. Une psychothérapie, notamment d’approche comportementale ou cognitive, peut suffire à gérer des épisodes dépressifs d’intensité légère.

En cas de dépression modérée à sévère, la psychothérapie est souvent combinée avec un traitement médicamenteux, comme un antidépresseur. La prise de ces médicaments doit être suivie scrupuleusement et ne doit jamais être interrompue sans l’avis du médecin, sous peine de provoquer une rechute ou d’altérer les progrès réalisés vers la rémission.

Une bonne hygiène de vie (alimentation, techniques de relaxation et pratique d’une activité physique régulière), contribue également à renforcer les effets du traitement et à accélérer la guérison.

Enfin, il est important de limiter la consommation d’alcool. Bien qu’il puisse offrir un sentiment d’euphorie temporaire, il aggrave souvent les dépressions sur le long terme. De plus, l’association d’alcool avec des antidépresseurs est fortement déconseillée et peut augmenter la sévérité des symptômes.

 

Si c’est une déprime passagère

Dans le cas où il ne s’agit pas d’une dépression, mais d’un « coup de mou » temporaire, adopter une bonne hygiène de vie peut suffire à améliorer le moral :

  • Pratiquer une activité physique,
  • Se faire plaisir et prendre soin de soi,
  • Manger équilibré,
  • Voir ses amis,
  • Prendre des vacances.

Consulter un psychologue peut aussi être bénéfique pour être accompagné et prévenir une éventuelle rechute.

Enfin, l’hiver, propice à la dépression saisonnière, peut accentuer les symptômes en raison de la moindre exposition au soleil et à la lumière naturelle. La luminothérapie peut alors se révéler être une solution efficace pour réduire la sévérité de ces épisodes !

 

Comment aider une personne dépressive ?

Si un de mes proches semble souffrir de dépression, il est possible qu’il refuse de voir ses symptômes ou qu’il en sous-estime l’importance, se disant que « ça va passer ».

Si c’est le cas, je peux jouer un rôle important en lui suggérant de se faire aider.

Les signaux qui doivent m’alerter d’une dépression :

  • Il ne veut plus pratiquer les activités qui lui faisaient plaisir avant.
  • Il ne se projette plus.
  • Son humeur est instable.
  • Il est plus agressif.
  • Il n’arrive pas à se concentrer.
  • Il dort moins ou au contraire, beaucoup plus.
  • Il est tout le temps fatigué.
  • Il ne mange presque plus.

 

Dans ce cas, je l’incite à consulter un médecin. Un premier avis peut être donné en téléconsultation. 

 



Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

Sources :