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Biomarqueurs : une avancée contre la mort inattendue du nourrisson

L'équipe de rédaction de MEDADOM
26/03/25 17:00

La mort inattendue du nourrisson est un problème de santé publique majeur en France, touchant chaque année entre 250 et 350 enfants âgés de un mois à un an. Malgré une réduction significative des cas grâce aux campagnes de prévention des années 1990, le taux de mort inattendue du nourrisson stagne depuis les années 2000.

Actuellement, entre 50% et 70% des cas de mort inattendue du nourrisson demeurent inexpliqués, soulignant la nécessité d'approfondir notre compréhension des mécanismes sous-jacents. Cette quête passe notamment par l'identification de biomarqueurs spécifiques, qui pourraient révolutionner la prévention et le diagnostic de cette tragédie infantile.

Qu'est-ce que la mort inattendue du nourrisson ? 

 

Le modèle du triple risque

La mort inattendue du nourrisson est perçue comme le résultat de la conjonction de trois catégories de facteurs, selon le modèle du "triple risque". Ce modèle implique :

Facteurs de vulnérabilité intrinsèques Il s'agit de prédispositions innées qui augmentent le risque de mort inattendue du nourrisson. Parmi ces facteurs, on compte la prématurité, certaines maladies cardiaques et des anomalies génétiques spécifiques.
Facteurs extrinsèques Ces éléments incluent des conditions environnementales susceptibles de provoquer une asphyxie, comme un couchage inapproprié, la présence d'une infection ou le tabagisme passif.
Période critique du développement Le risque de mort inattendue du nourrisson est particulièrement élevé avant l'âge de six mois, période durant laquelle le développement du nourrisson est encore fragile et sensible aux influences externes.

 


Les limites actuelles de la compréhension 

Malgré la reconnaissance de ces facteurs, la complexité et l'hétérogénéité des interactions entre eux rendent la physiopathologie de la mort inattendue du nourrisson encore mal comprise. Les efforts pour élucider ces mécanismes doivent se concentrer sur l'identification de biomarqueurs de vulnérabilité intrinsèque, une dimension encore largement inexplorée.

 

L'étude BIOMINRISK : un pas vers une meilleure compréhension

 

Pour combler les lacunes actuelles, une étude innovante dénommée BIOMINRISK a été lancée en mai dans 15 centres français, s'étendant sur une période de deux ans. Cette étude se concentre sur 250 enfants décédés de mort inattendue du nourrisson et leurs parents, comparés à un groupe témoin de 150 couples parents-enfants et 500 nourrissons.

 

Le volet génétique

Le premier volet de l'étude se penche sur l'analyse des génomes des nourrissons décédés de mort inattendue du nourrisson. L'objectif est d'identifier des marqueurs génétiques spécifiques qui pourraient indiquer une vulnérabilité accrue. Cette approche permettra de déterminer si certains profils génétiques sont plus prédisposés à la mort inattendue du nourrisson, offrant ainsi des pistes pour un dépistage précoce et ciblé.

 

Le volet neurobiologique

Le second volet explore les biomarqueurs neurobiologiques, en particulier les neuromodulateurs impliqués dans le système de l'éveil. Parmi eux, la butyrylcholinestérase, la sérotonine et l'orexine sont des candidats prometteurs.

Ces substances jouent un rôle crucial dans la régulation de l'éveil et de la réponse aux stimuli environnementaux, et leur dysfonctionnement pourrait être lié à la mort inattendue du nourrisson.

 

Le volet anatomique

Le troisième volet de l'étude consiste à cartographier les voies aériennes supérieures des nourrissons par tomodensitométrie. Cette technique permettra d'identifier d'éventuelles différences anatomiques pouvant contribuer à la susceptibilité à la mort inattendue du nourrisson.

Des anomalies dans la structure des voies respiratoires pourraient en effet jouer un rôle clé, en augmentant le risque d'obstruction ou de dysfonctionnement respiratoire.

 

 

Vers une prévention et un diagnostic personnalisés

 

De nouvelles mesures de dépistage

L'identification de biomarqueurs spécifiques grâce à l'étude BIOMINRISK vise à enrichir les connaissances scientifiques sur la mort inattendue du nourrisson.

Au-delà de cet apport académique, l'objectif est de développer de nouvelles mesures de dépistage et de diagnostic précoce pour les familles touchées par la mort inattendue du nourrisson. Ces biomarqueurs seront intégrés à des algorithmes, combinés aux facteurs de risque déjà connus, pour évaluer un risque individualisé.

 

Prévention personnalisée 

Grâce à ces avancées, il sera possible de proposer une prévention personnalisée pour tous les nourrissons. En identifiant les enfants présentant une vulnérabilité intrinsèque, les professionnels de santé pourront mettre en place des mesures de prévention spécifiques et adaptées à chaque profil de risque.

Cette approche individualisée permettra d'améliorer significativement la prévention de la mort inattendue du nourrisson, réduisant ainsi le nombre de cas et les tragédies familiales associées.

 

En conclusion, la recherche de biomarqueurs de vulnérabilité intrinsèque constitue une étape cruciale dans la lutte contre la mort inattendue du nourrisson. Grâce à des études innovantes comme BIOMINRISK, il est possible d'envisager un avenir où la mort inattendue du nourrisson sera mieux comprise, diagnostiquée précocement et, idéalement, prévenue efficacement.

 

 

Sources :

  • Observatoire national des morts inattendues du nourrisson - Projet BIOMINRISK. Avril 2024.