Le blog MEDADOM

Doit-on avoir peur de la variole du singe ?

Rédigé par L'équipe de rédaction de MEDADOM | 01/06/22 04:00

Alors que la pandémie de COVID-19 ne semble pas avoir dit son dernier mot, un nouveau virus dérivé de la famille des orthopoxvirus a pointé le bout de son nez (ou de son museau) sur notre territoire : c'est la variole du singe. Le 1er juin dernier, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré redouter la propagation du virus cet été. Début juillet, elle s'est montrée toutefois plus rassurante, en estimant que le virus n'était pas arrivé au stade d'urgence sanitaire mondiale. 

La variole du singe, ou "monkeypox", a été détectée en Ile-de-France au 19 mai dernier. Au 8 juillet, on recensait 721 cas sur tout le territoire. Au niveau mondial, 84% des contaminations se concentraient au niveau européen (Communiqué de l'OMS du 17 juin).

Qu'en est-il de sa contagiosité ? Est-ce un virus létal ? Dangereux ? Quels sont les traitements et les symptômes ? Existe-t-il un vaccin et qui est concerné ?

Vous ressentez des symptômes d'une affection aiguë et aucun médecin n'est disponible ?



 

Un virus de singe ? 

Maladie infectieuse transmise par les rongeurs ou primates en zones forestières d'Afrique Centrale et de l'Ouest, la variole du singe n'en est pas à son coup d'essai !

Le premier cas de cette recrudescence a été identifié en Angleterre le 17 avril 2022. Le virus s'est ensuite propagé en Europe ainsi qu'en Amérique du Nord. La plupart de ces cas sont bénins. 

Le risque global de sévérité de la maladie est jugé comme modéré pour les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels (ainsi que les hommes homosexuels) et faible pour l'ensemble de la population d'après une note du Centre européen de prévention de contrôle des maladies.

Un plan national avait déjà vu le jour en 2006 pour faire face à une éventuelle épidémie de variole. Il a été revu en 2019, permettant ainsi de constituer un stock de vaccin antivarioliques (1ère et 2nd génération) dans l'éventualité d'un rebond épidémique.

 

 

Des symptômes qui ressemblent à ceux d'une varicelle

 

Fièvre


Tout comme la varicelle, la variole du singe débute par une forte fièvre (> 38°C) et s'accompagne de céphalées, de courbatures et d'une fatigue intense. La phase de fièvre peut durer entre 1 à 3 jours. 



Éruptions cutanées et démangeaisons 

 

C'est seulement après 2 jours qu'apparaissent les premiers signes cutanés.

Des éruptions vésiculeuses semblables à celles de la varicelle se manifestent sous forme d'une unique poussée. Ces vésicules remplies d'un liquide se dessèchent petit à petit puis forment des croûtes et finissent par cicatriser. 

La varicelle se caractérise par plusieurs poussées et n'est pas aussi concentrée que la variole du singe, qui se localise sur le visage, les mains et les pieds. Les régions buccales et génitales peuvent également être touchées.

Les ganglions lymphatiques peuvent aussi s'avérer douloureux ou enflés au niveau du cou et de la mâchoire.

En cas de symptômes de la variole du singe, contactez le 15 ! Le service du SAMU saura vous orienter vers un lieu de test de dépistage ou vers une prise en charge. 

 

 

Transmission et contagiosité

 

Le patient est considéré comme contagieux dès l'apparition des premiers symptômes et jusqu'à disparition complète des lésions cutanées.

Souvent bénin, le virus de la variole du singe guérit de façon spontanée entre 2 et 3 semaines.

Des formes plus graves peuvent toutefois survenir auprès des individus fragiles comme les enfants ou les personnes immunodéprimées.



Comment attrape-t-on ce virus ?

 

Par contact direct étroit avec des lésions cutanées ou des muqueuses infectées ainsi que via des grosses gouttelettes ou au contact d'objets utilisés par le malade (draps, serviettes, etc.). 

 

 

Isolement de 3 semaines

 

Quel que soit le stade, il est obligatoire de déclarer une contamination à la variole du singe.

En cas d'infection, un isolement strict de 3 semaines est préconisé pour limiter la propagation. Cela comprend également les animaux domestiques qui peuvent être porteurs.

Les cas potentiels doivent se faire tester rapidement. 

 

 

Qu'en-est-il des traitements ?

 

Comme évoqué plus haut, la plupart des cas sont guéris spontanément et il n'existe pas de traitement spécifique à date.

 

En résumé, pour la variole du singe :

  • Personnes concernées : homosexuels masculins, retour d’Afrique
  • Incubation : 5 à 21 jours
  • Symptômes : fièvre, céphalées, douleurs musculaires, ganglions enflés (face, cou…), voire pneumonie ou encéphalite
  • Eruption : début J1 à J3, durée entre 2 à 3 semaines avec des éruptions vésiculeuses y compris paumes et plantes / une seule poussée contrairement à la varicelle.
  • Diagnostic : PCR (prélèvement cutané ou nasopharyngé selon lésions). Inutile si contact d’un cas confirmé.
  • Contagiosité : à partir du premier jour. Contact direct (sueur) ou indirect (objets).
  • Isolement : 3 semaines (au domicile ou à l'hôpital selon gravité), mesures d'hygiène et pansements sur éruptions cutanées
  • Traitement : symptomatique
  • Conduite à tenir (à la fin mai 2022) : appeler le 15

 

 

Quelle stratégie pour éviter une autre pandémie ?

 

La France et les instances de santé publique songent fortement à une vaccination en cas de propagation des cas. Le vaccin contre la variole humaine n'est plus obligatoire depuis les années 80. Une éventuelle flambée de l'épidémie pourrait ainsi être maitrisée par le biais d'une nouvelle vaccination antivariolique (efficace à 85% contre ce type de virus). Elle est aujourd'hui recommandée pour certaines personnes :
  • de manière préventive, une vaccination dite de "post-exposition" si vous avez été cas contact 
  • depuis le 11 juillet, une vaccination préventive est également proposée aux personnes présentant des risques de contamination, définies par la Haute Autorité de santé (Communiqué de presse du 8 juillet) : " les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes trans qui sont multipartenaires, les personnes en situation de prostitution, les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle".

9 centres de vaccination post-exposition seront ouverts mi-juillet à Paris et en Ile-de-France.

Pour les personnes exposées, la HAS recommande une vaccination dans les 4 à 14 jours suivant le contact à risque. Pour un schéma préventif, 2 à 3 doses (pour les immunodéprimés et les homosexuels) sont préconisées avec un espacement de 28 jours entre chaque dose. 

La HAS recommande d'avoir recours à un vaccin antivariolique de 3ème génération, plus précisément l'Imvanex.

 

Sources :

  • Le moniteur des pharmacies, n°3419 - cahier 1 du 28 mai 2022, p22-23
  • Monkeypox : une vaccination préventive proposée aux personnes les plus à risque d’exposition, Haute Autorité de Santé, Communiqué de Presse, 8 juillet 2022