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Radiothérapie de la prostate : quels effets secondaires ?

Rédigé par L'équipe de rédaction MEDADOM | 19/09/24 06:30

Lors de l'irradiation d'une tumeur, il est techniquement nécessaire que des tissus sains avoisinants soient également exposés aux radiations, ce qui peut entraîner des dommages. C'est cette exposition (qui diminue considérablement grâce aux progrès technologiques récents) qui est responsable des effets secondaires observés lors du traitement par radiothérapie d'un cancer de prostate. Découvrons ensemble les principaux symptômes et comment les gérer.

 

Que se passe-t-il après une radiothérapie prostatique ?

 

En France, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez les hommes, avec près de 60 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année (données INC). La radiothérapie est une méthode de traitement courante qui fait partie intégrante du parcours de soins personnalisé. 

Cependant, elle peut affecter les organes voisins de la prostate comme la vessie, le rectum, l’urètre, ou l’anus. Certains effets secondaires (dits aigus) peuvent alors se manifester pendant le traitement, tandis que d'autres (dits tardifs) peuvent survenir plusieurs mois ou années après la fin du traitement. La variabilité des effets secondaires en termes d'intensité et de probabilité diffère considérablement d'un patient à l'autre.

 

Les effets secondaires après une radiothérapie de la prostate

 

Les effets secondaires à long terme d'une radiothérapie de la prostate sont relativement rares, affectant moins de 10 % des patients. Ils apparaissent entre 3 mois et 3 ans après le traitement.

 

Troubles urinaires

Des symptômes urinaires peuvent survenir, incluant une inflammation de la vessie (cystite radique) et de l’urètre.

Ces troubles urinaires se manifestent par : 

  • des mictions fréquentes, surtout la nuit (pollakiurie) ;
  • des urgences à uriner (impériosités) ;
  • des difficultés à uriner (dysurie) avec un jet affaibli et/ou des sensations de brûlure ;

 

Dans de rares cas, des saignements peuvent apparaître dans les urines (hématurie).

Il est recommandé de consommer beaucoup d’eau pour diluer les urines et les rendre moins irritantes. La consommation de thé et de café devrait être modérée. Il est aussi conseillé d’éviter l’alcool et le tabac.

 

Inflammation du rectum et de l'anus

Il peut arriver qu'une inflammation du rectum se développe pendant le traitement d’un cancer de la prostate. Elle se manifeste par une fréquence accrue et parfois douloureuse des selles, accompagnée de sensations de "faux besoins". Cette inflammation peut aussi inclure des brûlures autour de l'anus (anite), des crises hémorroïdaires, et occasionnellement des traces de sang. Il est recommandé d'éliminer les épices de votre alimentation pour réduire l'irritation.

Selon l'évaluation de votre médecin, un traitement approprié (souvent sous forme de crèmes ou de suppositoires) pourra vous être prescrit.

Troubles intestinaux

Les troubles intestinaux peuvent apparaître suite à une irradiation étendue du pelvis. Ils prennent la forme d’épisodes de diarrhée ou de forte constipation. Votre équipe médicale pourra vous conseiller sur les modifications alimentaires à adopter pour atténuer ce trouble, par exemple l'adoption d'un régime sans résidu et l'évitement d'aliments irritants. Des médicaments antispasmodiques pourraient aussi vous être prescrits pour soulager ces symptômes.

 

Réactions cutanées

Une réaction cutanée rare, sous forme de rougeur semblable à un coup de soleil nommée érythème cutané, peut survenir lors du traitement des cancers de la prostate par radiothérapie externe. Cette rougeur apparaît généralement entre la 4e et la 5e semaine de traitement et affecte principalement les zones de plis (comme le sillon inter-fessier, les plis de l’aine, ou du ventre). La rougeur s'estompe lentement pour laisser place à une pigmentation brunâtre pendant quelques semaines, avant que la peau ne retrouve progressivement son aspect normal.

 

Comment reprendre le travail malgré ces symptômes ?

 

Le retour au travail après une radiothérapie prostatique varie en fonction de plusieurs facteurs, comme le type de radiothérapie appliqué, la sévérité des effets secondaires, ainsi que la nature de l'emploi occupé. 

Bien que de nombreux patients puissent maintenir leurs activités professionnelles durant une radiothérapie externe (par exemple en ajustant leurs horaires aux sessions de traitement et en ménageant des périodes de repos).

Il est conseillé de reprendre le travail progressivement. Il est également possible de solliciter un aménagement du temps de travail, comme un mi-temps thérapeutique, si cela s'avère nécessaire. En outre, un suivi régulier avec un médecin du travail peut être bénéfique pour accompagner cette transition et gérer les effets secondaires ressentis.

 


Cet article a été rédigé en collaboration avec le Pr David Azria, Professeur de la Faculté de Médecine de Montpellier-Nîmes (Université de Montpellier), Cancérologue radiothérapeute à l’Institut du cancer de Montpellier (ICM) et de l’Institut de Cancérologie du Gard (ICG), co-chef de l’équipe INSERM U1194 de Radiobiologie et co-fondateur de Novagray.

Novagray est une start-up montpelliéraine qui a développé un modèle prédictif permettant d'anticiper la sensibilité des patients à la radiothérapie via une simple prise de sang.