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Les enfants sous PMA ont-ils plus de risques d'avoir des cancers ?

L'équipe de rédaction de MEDADOM
14 oct. 2024 08:30:00

Le cancer chez les enfants est une préoccupation mondiale majeure. L'usage croissant des techniques de procréation médicalement assistée (PMA) soulève des questions quant à la santé future des enfants à naître. Une étude récemment publiée dans Jama Network s'est penchée sur les risques de cancer chez les enfants nés après une PMA, comparé à ceux conçus naturellement, en utilisant une vaste cohorte nationale.

 

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?  

 

Quel est le contexte ? 

Le cancer demeure l'une des principales causes de mortalité chez les enfants dans le monde entier. Les taux de survie varient selon les types de cancer et selon la précocité du diagnostic. Les causes de cette maladie chez les enfants ne sont pas toujours bien comprises. Parmi les facteurs potentiellement liés à une augmentation du risque de cancer, la procréation médicalement assistée (PMA) suscite des interrogations. Les traitements de PMA impliquent diverses technologies pour aider à la conception, notamment le transfert d'embryons frais ou congelés et l'insémination artificielle.

 

Ces procédures peuvent altérer le processus normal du développement embryonnaire, entraînant des perturbations épigénétiques. L'épigénétique fait référence à des changements dans l'expression des gènes qui ne modifient pas la séquence de l'ADN, mais qui peuvent influencer les caractéristiques de développement et la susceptibilité aux maladies. Ces perturbations épigénétiques peuvent contribuer à des malformations congénitales ou affecter la prédisposition des enfants aux cancers. Des études suggèrent également que les enfants nés après une PMA présentent un taux légèrement plus élevé de malformations congénitales, qui pourraient être associées à un risque accru de certains cancers.

 

Dans ce contexte, la recherche se concentre sur l'évaluation du risque global et spécifique de cancer chez les enfants nés via PMA comparé à ceux conçus naturellement. Une compréhension approfondie de ces risques potentiels est essentielle, car elle pourrait permettre d'améliorer les pratiques cliniques et les conseils fournis aux parents envisageant la procréation assistée.

 

Quels sont les objectifs de l'étude ? 

L'objectif principal de cette étude est d'évaluer et comparer le risque de cancer chez les enfants nés via PMA à ceux conçus naturellement, offrant ainsi une perspective nécessaire sur la sécurité des techniques de reproduction assistée.

 

Comment l'étude a-t-elle été menée ? 

 

Cette étude repose sur une cohorte nationale issue du Registre National Français Mère-Enfant (EPI-MERES). Elle s'est concentrée sur toutes les naissances vivantes en France entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2021, offrant ainsi une large base de données. Le suivi des enfants s'est poursuivi jusqu'au 30 juin 2022. Les données recueillies proviennent du Système National des Données de Santé, une source fiable et complète d'informations médicales.

Les enfants inclus dans cette étude ont été regroupés selon leur mode de conception. Le groupe exposé comprend ceux conçus grâce aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA), y compris le transfert d'embryons frais (TE), le transfert d'embryons congelés (TEC), et l'insémination artificielle (IA). Les enfants conçus naturellement servent de groupe témoin.

L'étude vise à comparer le risque global et spécifique de cancer entre les enfants nés après une PMA et ceux conçus naturellement. Les analyses ont été réalisées en utilisant des modèles de régression de Cox ajustés, qui tiennent compte des caractéristiques des mères et des enfants à la naissance. Cela permet de mieux comprendre les risques potentiels associés à la procréation assistée.

 

 

Quels sont les résultats de l'étude ? 

 

Risque global de cancer

L'étude a examiné un échantillon de 8 526 306 enfants, dont 3,1 % (260 236 enfants) sont nés grâce aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA). Parmi ces derniers, 1,6 % sont nés après un transfert d'embryons frais, 0,8 % après un transfert d'embryons congelés, et 0,7 % après une insémination artificielle. La majorité des enfants, soit 96,4 %, étaient issus de naissances uniques.

Après un suivi médian de 6,7 ans, 9 256 cas de cancer ont été recensés dans l'ensemble de la cohorte. Les modèles statistiques n'ont montré aucune différence significative dans le risque global de cancer entre les enfants conçus naturellement et ceux issus des techniques de PMA. Les ratios de risque (HR) ajustés étaient de 1,12 (intervalle de confiance [IC] de 95 %, 0,96 à 1,31) pour les enfants nés après un transfert d'embryons frais, 1,02 (IC de 95 %, 0,78 à 1,32) pour ceux nés après un transfert d'embryons congelés, et 1,09 (IC de 95 %, 0,86 à 1,38) pour ceux conçus par insémination artificielle.

 

Risque de leucémie 

Cependant, une augmentation notable du risque de leucémie lymphoblastique aiguë (LLA) a été observée chez les enfants nés après un transfert d'embryons congelés, avec un hazard ratio de 1,61 (IC de 95 %, 1,04 à 2,50). Cette augmentation correspond à 23,2 cas supplémentaires de leucémie par million d'années-personnes, par rapport aux enfants conçus naturellement.

En outre, pour les enfants nés entre 2010 et 2015, une légère augmentation du risque de leucémie a été constatée chez ceux nés après un transfert d'embryons frais, avec un hazard ratio de 1,42 (IC de 95 %, 1,06 à 1,92). 

Bien que le risque global de cancer ne diffère pas significativement entre les groupes, le risque accru de leucémie chez les enfants issus de PMA, particulièrement après un transfert d'embryons congelés, nécessite une surveillance attentive et continue. Ces découvertes soulignent l'importance d'évaluer les risques à long terme associés aux technologies de reproduction assistée.

 

 
 

 

Sources :