Skip to main content

Opticiens : une correction optique adaptable dès la 1ère délivrance

L'équipe de rédaction de MEDADOM
26 août 2024 08:30:00

Et si à l’occasion d’une première délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact, les opticiens pouvaient adapter la correction optique prescrite par un ophtalmologiste ou un orthoptiste ? C’est ce que permet désormais un décret récemment publié au Journal Officiel. Zoom sur les contours de cette nouvelle disposition.

 

Opticiens-lunetiers : un décret élargit leurs compétences

 

Promulguée en 2023, la loi Rist « portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé » prévoit l’élargissement des compétences de plusieurs professions paramédicales, parmi lesquelles les opticiens-lunetiers.

Débattue durant plusieurs mois au Parlement, la loi Rist ambitionne de trouver des solutions à la crise traversée par notre système de santé, en luttant par exemple contre les déserts médicaux et en améliorant l’accès aux soins.

Opticien qui tient un appareil spécifique à son exercice.

C’est désormais le cas grâce à un décret récemment publié au Journal Officiel. Ce décret autorise en effet les opticiens-lunetiers à adapter la prescription initiale de l'ophtalmologiste ou de l'orthoptiste à l’occasion de la première délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact (sauf opposition du prescripteur mentionnée expressément sur l'ordonnance).

Jusqu’à présent, les opticiens-lunetiers avaient la possibilité d’adapter la correction optique prescrite par un ophtalmologiste ou un orthoptiste uniquement dans le cas d'un renouvellement de délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact.  

 

Comment s’effectue l’adaptation de prescription ? 

Des conditions préalables à remplir

 

Ces nouvelles compétences doivent cependant répondre à certaines conditions dans le cas d'une première délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact. Avant de procéder à une éventuelle adaptation de la correction optique, l’opticien-lunetier devra procéder à un examen de la réfraction. 


L’examen de la réfraction a pour objectif d’identifier et de quantifier l’importance des défauts optiques de l’œil, appelés « amétropie » ou « anomalies de la réfraction ». L’unité de mesure de l’importance d’une amétropie est la dioptrie (D). Parmi ces défauts optiques oculaires, citons par exemple la myopie, l’astigmatisme et l’hypermétropie. 

 

Il devra ensuite s’assurer que l’ophtalmologiste ou l’orthoptiste ne s’oppose pas à cette adaptation de correction. Pour cela, il conviendra qu’il demande l'accord écrit du prescripteur pour adapter la prescription initiale, en mentionnant les ajustements prévus. Cette demande pourra se faire par exemple au moyen d’une messagerie sécurisée ou par tout moyen garantissant la confidentialité des informations transmises.

À partir de ce moment, l’ophtalmologiste ou l’orthoptiste prescripteur disposera de dix jours ouvrables pour transmettre une réponse écrite à l’opticien-lunetier. En l’absence de réponse du prescripteur dans un délai de dix jours, l’opticien-lunetier pourra considérer que la réponse est favorable. 

À noter que l'opticien-lunetier devra conserver la réponse écrite du prescripteur jusqu'à ce que la durée de validité de l'ordonnance arrive à expiration.

 

L’adaptation de prescription en pratique

Une fois ces conditions remplies, comment s’effectue l’adaptation de la correction optique initialement prescrite ? En pratique, l'opticien-lunetier souhaitant adapter la prescription de verres correcteurs ou de lentilles de contact devra : 

  • Mentionner sur l'ordonnance l’ajustement de la correction réalisé.
  • Inscrire de façon lisible les informations suivantes : son nom, son prénom, sa qualité, ainsi que son identifiant d'enregistrement.
  • Dater et signer la modification de prescription.

Un décret qui ne fait pas l'unanimité

 

Si les objectifs de ce décret sont louables en visant à améliorer la collaboration entre prescripteurs et opticiens, ce texte ne fait pourtant pas l’unanimité auprès des professionnels du secteur.

Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) et le Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO) annoncent en effet qu'ils formeront un recours en annulation de ce décret auprès du Conseil d'État. Selon eux, ce texte ne tient pas compte du fait qu’il existe des pathologies oculaires graves (comme le glaucome, le diabète ou la cataracte) pouvant être à l’origine d’une modification de la réfraction et nécessiter un avis médical spécialisé. 

Quant au Rassemblement des opticiens de France, il se félicite de cette nouvelle mesure visant à simplifier le parcours de santé. Et il se veut rassurant en enjoignant ses adhérents de respecter à la lettre les directives de ce décret avant toute adaptation de prescription. Affaire à suivre… de près !

 

 

Sources :