En France, la délivrance des médicaments est régulée par des règles strictes visant à protéger la santé des citoyens, notamment des populations vulnérables, comme les mineurs. Bien que la vente de médicaments soit encadrée, un phénomène alarmant a émergé ces dernières années : le "paracétamol challenge".
Ce défi, qui se propage principalement sur les réseaux sociaux comme TikTok, consiste à ingérer d'importantes quantités de paracétamol, contenu dans des médicaments tels que le Doliprane ou le Dafalgan, afin de tester sa résistance, avec des conséquences pouvant aller jusqu’à l’hospitalisation.
Apparue aux États-Unis à l'été 2023, cette tendance inquiétante se diffuse désormais en Europe, suscitant l’alerte de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui incite professionnels de santé et parents à rester vigilants face à ce phénomène dangereux.
Une réglementation stricte quant à la délivrance des médicaments en France
Catégories de médicaments et accessibilité
En France, la délivrance des médicaments est régie par des textes législatifs et réglementaires visant à assurer leur sécurité, leur efficacité et leur bon usage.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) joue un rôle clé dans cette régulation, en s’assurant de la qualité des médicaments disponibles sur le marché et en fixant des recommandations d’usage.
Les médicaments sont classés en différentes catégories, selon leur risque et leur accessibilité :
Médicaments soumis à prescription médicale obligatoire (PMO) |
Ce sont des médicaments qui ne peuvent être délivrés que sur présentation d'une ordonnance émise par un professionnel de santé. Leur délivrance est encadrée pour éviter un usage abusif ou inapproprié. |
Médicaments sans ordonnance |
Ce sont des médicaments en vente libre dans les pharmacies, mais leur vente est néanmoins surveillée. Ils concernent généralement des produits considérés comme relativement sûrs et pour lesquels l’automédication peut être envisageable dans des conditions précises. |
Encadrement de la vente aux mineurs
Pour les mineurs, la vente de médicaments sans ordonnance est particulièrement encadrée.
Par exemple, bien que des médicaments contre la douleur ou la fièvre comme le paracétamol soient disponibles sans prescription, leur délivrance est régulée. Il est notamment recommandé que les parents ou tuteurs vérifient la posologie avant d’administrer ces médicaments à leurs enfants.
Le paracétamol Challenge : quels risques ?
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Que faire si un proche ingère trop de paracétamol ?
En cas de suspicion de surdosage au paracétamol, il convient de contacter immédiatement un centre antipoison ou un service d’urgence : 15 (Samu) ou 112 (toutes urgences médicales, incendie, sécurité).
Source : Carte des centre antipoison toxicovigilance en France
Quels sont les risques en cas de surdosage ?
Le paracétamol peut présenter des risques lorsqu'il est pris au-delà des doses maximales recommandées, que ce soit par prise ou sur la journée, ou si le délai minimum entre les prises n'est pas respecté.
Ces doses maximales varient en fonction du poids de l’enfant ou de l’adolescent et sont indiquées sur la notice des médicaments ou sur l’ordonnance du médecin lorsqu’il y a prescription.
Un surdosage peut ne pas provoquer de symptômes immédiats, ce qui peut laisser penser à tort qu’il n’y a pas de danger. Cependant, dans les premières 24 heures, des symptômes tels que des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, une perte d’appétit et des sueurs abondantes peuvent apparaître.
Un surdosage en paracétamol peut entraîner des lésions graves et irréversibles, notamment au foie, ce qui peut nécessiter une greffe. Il peut aussi affecter les reins et le pancréas. Il est donc essentiel de garder tous les médicaments hors de la portée des enfants.
Avis de l'ANSM et du Vidal sur les dosages
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) met en garde contre les symptômes d’une intoxication, notamment les vomissements, les douleurs abdominales et les sueurs abondantes.
En cas de surdosage important, des lésions irréversibles au foie peuvent survenir, nécessitant parfois une greffe, ainsi que des dommages aux reins et au pancréas.
Le paracétamol demeure d’ailleurs la principale cause médicamenteuse de greffes de foie en France. L’ANSM insiste donc sur la vigilance des parents et des pharmaciens, car la vente de médicaments aux mineurs est interdite, sauf exceptions rares.
Le Vidal rappelle que chez un adulte ou un adolescent de plus de 50 kg, la dose de paracétamol peut être de 500 mg à 1 g, 1 à 3 fois par jour. En cas de douleurs sévères, la posologie peut être augmentée à 1 g, 4 fois par jour, mais uniquement sur avis médical.
Chez l’enfant, la dose maximale quotidienne est de 60 mg par kg de poids corporel, soit 15 mg par kg toutes les 6 heures ou 10 mg par kg toutes les 4 heures.
L'Ordre des pharmaciens non favorable à une prescription obligatoire
Les médicaments à base de paracétamol sont facilement accessibles en pharmacie. Cependant, malgré l’essor du phénomène du "Paracétamol challenge", l’Ordre des pharmaciens ne soutient pas l’idée d’exiger une prescription médicale pour en obtenir.
Selon Bruno Maleine, cela pourrait priver certaines personnes qui en ont régulièrement besoin, d’autant qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir un rendez-vous médical et une ordonnance.
Il précise que l’on ne peut pas envisager que tous les médicaments passent par une prescription obligatoire, car le pharmacien joue déjà un rôle de filtre et de garant de la bonne utilisation des médicaments.
De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) insiste sur l’importance du bon usage : "prendre la dose la plus faible, le moins longtemps possible".
Des efforts de prévention et de sensibilisation
Face à ce phénomène alarmant, plusieurs actions ont été entreprises pour sensibiliser le public, en particulier les jeunes et leurs parents, aux dangers du paracétamol. L’ANSM a renforcé ses campagnes de prévention, en mettant en garde contre les risques d’un usage inapproprié du paracétamol, même pour des maux courants comme les douleurs légères ou la fièvre.
Les pharmaciens jouent également un rôle clé en informant les patients sur les risques d’un surdosage et en conseillant les parents sur la manière d’administrer les médicaments de manière sûre à leurs enfants.
S’il y a un doute sur une posologie et que votre médecin traitant n’est pas disponible ou que vous n’avez pas de médecins, vous pouvez téléconsulter via MEDADOM en pharmacie ou sur votre smartphone afin de poser vos questions.