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Problèmes de vue chez l'enfant : signes d'alerte à surveiller

L'équipe de rédaction de MEDADOM
septembre 2025

Saviez-vous que 20 % des petits Français sont concernés par des troubles visuels avant l’âge de 6 ans ?  D’un « œil paresseux » chez les jeunes enfants aux problèmes de réfraction chez les plus grands, l’éventail de ces troubles est large et il est indispensable de les dépister le plus précocement possible.

Tour d’horizon des problèmes de vue rencontrés le plus couramment chez les enfants ainsi que des signes qui doivent alerter les parents.

 

 

Pourquoi la santé visuelle est-elle cruciale chez l’enfant ?

 

Développement de la vue chez l’enfant : quelles sont les étapes clés ?

À la naissance, la vision de l’enfant est encore immature. Le nouveau-né a une perception très floue et imprécise des objets et des personnes qui l'entourent.

Il est capable de fixer un visage à faible distance mais ses yeux, encore fragiles, sont sensibles à l’exposition à une lumière vive. Son acuité visuelle n’est que de 1/30e.

Elle évolue ensuite durant les premiers mois et les premières années de sa vie. A l’âge d’un mois, le nouveau-né ne voit qu'à une distance de 30 cm maximum. Il est capable de fixer des objets fortement contrastés et de suivre des mouvements.

À l’âge de 4 mois, le bébé franchit une étape importante, sa convergence est normale et son acuité visuelle atteint 1/10e et il commence à percevoir les couleurs primaires (d’abord la couleur rouge).

À l’âge de 6 mois, le bébé acquiert la vision stéréoscopique, c’est-à-dire que son cerveau devient capable de percevoir la profondeur et les reliefs. Sa vision devient plus nette et son acuité visuelle est alors de 2/10e. A un an, elle grimpe à 4/10e puis 7/10e à l’âge de 3 ans pour enfin atteindre 10/10e vers 5-6 ans.

Notons que la mise en place anatomique et fonctionnelle de son système visuel ne sera pas définitive avant l’âge de 10 ans.

 

Quel est le rôle de la vision dans l’apprentissage et le comportement de l’enfant ?

Chez l’enfant, une bonne acuité visuelle est indispensable pour :

  • Son apprentissage scolaire : lecture, écriture, découverte des chiffres et des symboles mathématiques.
  • Sa capacité de concentration.
  • Son développement moteur : coordination et repérage dans l’espace.
  • Son développement social : estime de soi, interactions sociales, jeux collectifs.

 

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

 

Quels sont les signes visibles à la maison ?

Une bonne acuité visuelle étant indispensable pour le bon développement et les apprentissages de l’enfant, il est essentiel qu’à la maison les parents se montrent vigilants face à certains signes caractéristiques. Il est en effet important de savoir les repérer pour consulter un professionnel de santé et traiter à temps un éventuel trouble de la vision.

Parmi ces signes, citons les maux de têtes ou la fatigue des yeux lors de la réalisation de tâches nécessitant une attention visuelle de l’enfant. Une lecture trop rapprochée ou au contraire une mauvaise vision de loin doivent également être prises au sérieux.

 

Quels sont les symptômes scolaires et comportementaux ?

À l’école ou au moment des devoirs à la maison, les parents et enseignants devront porter une attention particulière à un enfant qui manque d’attention et de concentration, à un bulletin de notes en baisse ainsi qu’à un désintérêt pour l’école ou les activités extra-scolaires.

 

Quelles sont les manifestations physiques à surveiller ?

De même, certaines manifestations physiques sont à surveiller comme des clignements et des plissements fréquents des paupières ainsi qu’une rougeur et des picotements des yeux. Ces signes peuvent en effet être révélateurs d’un trouble visuel sous-jacent.

 

Quels sont les troubles de la vue fréquents chez l’enfant ?

Enfant qui consulte un ophtalmologue

Myopie : voir flou de loin

La myopie se manifeste par une vision floue de loin et une vision nette de près. Elle est causée par un œil myope plus allongé que l’œil normal avec des anomalies au niveau de la vision centrale et au niveau de la vision périphérique. La myopie a tendance à s’aggraver avec l’âge et finit par nécessiter le port de verres correcteurs.

 

Hypermétropie : voir flou de près

L’hypermétropie se manifeste quant à elle par une vision floue de près. Elle est souvent d’origine héréditaire et causée par un globe oculaire trop court ou une cornée ou un cristallin trop plat qui font que la vision de près demande un effort d’accommodation plus important pour être nette. Mais à mesure que l’enfant grandit, son œil va s’allonger et l’hypermétropie a donc des chances de s’améliorer spontanément.

 

Astigmatisme : vision déformée

Lastigmatisme désigne un autre trouble visuel souvent héréditaire. Il se manifeste par une vision floue et des images déformées de près comme de loin. Il est causé par une cornée ou un cristallin à la courbure irrégulière. L’astigmatisme tend à s’améliorer au cours de la croissance de l’enfant.

 

Strabisme : œil qui dévie

Lorsqu’un enfant louche, on dit qu’il souffre de strabisme. Ce trouble est lié à un mauvais alignement des yeux, qui dévie un œil vers l'intérieur ou vers l'extérieur tandis que l'autre œil reste focalisé sur l’objet observé.

Chez un nourrisson de moins de six mois, un léger strabisme qui alterne entre l’œil droit et l’œil gauche est tout à fait normal. Il disparaît une fois que les muscles oculaires sont renforcés.

Cependant, si le strabisme persiste au-delà de six mois, le bébé devra se servir de ses deux yeux en alternance pour pouvoir voir de façon nette. Et s’il n’est pas traité, le cerveau va alors commencer à ignorer les signaux envoyés par l'œil plus faible avec le risque que la vue de l’œil neutralisé soit irrémédiablement perdue : c’est ce que l’on appelle l’amblyopie.

 

Amblyopie (œil paresseux)

L’amblyopie désigne une déficience visuelle affectant l’un des deux yeux. N’envoyant pas d’informations visuelles correctes au cerveau, l’œil affecté finit par ne plus être utilisé. Ce trouble nécessite absolument d’être diagnostiqué dans l’enfance pour une prise en charge précoce essentielle au succès de la rééducation.

 

Quand consulter un ophtalmologue pédiatrique ?

 

Âge des premiers examens de la vue

Dès la naissance et durant l’enfance, l’enfant devra faire l’objet d’examens de la vue pour détecter au plus tôt d’éventuels troubles visuels. Le carnet de santé rappelle d’ailleurs les différents moments clés de ces examens.

Notons que lors du suivi médical de l’enfant, il est important d’identifier les facteurs de risque de troubles visuels comme des pathologies ou des antécédents personnels et familiaux favorisant l’apparition d’un facteur amblyogène comme par exemple une prématurité, un petit poids de naissance, une surdité, des anomalies chromosomiques etc…

Les bilans visuels réguliers peuvent être réalisés par le pédiatre ou le médecin généraliste de l’enfant mais dès l’âge de 3 ans, il sera préférable de consulter un ophtalmologue pédiatrique. Ainsi, lors de son entrée en école maternelle, il conviendra de mesurer l’acuité visuelle de chaque œil et de réaliser un test de vision binoculaire.

À l’école maternelle, un dépistage des troubles de la vue (acuité visuelle et vision des couleurs) est organisé par l’Assurance Maladie et l’Éducation nationale dans les classes de petite et très petite section (enfants de 2 ans et demi à 4 ans). Sans danger et indolore, ce dépistage est effectué par un orthoptiste au sein même de l’école et sur le temps scolaire.

Aux 3 ans de l’enfant, la consultation d’un ophtalmologue est recommandée s’il existe des antécédents de myopie dans la famille. La consultation de ce dernier sera même systématiquement indiquée dans certains cas comme un strabisme, un nystagmus, des signes de malvoyance ou d’antécédents familiaux de pathologies précoces ou congénitales (myopie, cataracte, glaucome).

 

Tests visuels recommandés selon l’âge

Tout au long du suivi de l’enfant, le médecin ou le pédiatre réalise un certain nombre de tests visuels simples dans le but de dépister d’éventuelles anomalies. A tout âge, il procède à un examen externe de l’œil (paupières, globe oculaire, conjonctive, cornée…).
Dans les premières semaines de vie, il testera chez le nouveau-né le réflexe photomoteur, la lueur pupillaire ainsi que les reflets cornéens (à la recherche d’un strabisme).

À 4 mois, il testera les capacités de fixation monoculaire/binoculaire et de poursuite oculaire de l’enfant (test de « l’œil de bœuf »).

Notons que la présence de facteurs de risque nécessite une attention accrue dès la naissance. Elle requiert un examen ophtalmologique avec réfraction après cycloplégie entre 3 et 12 mois, même en l’absence de signes d’appel.

Entre 9 et 15 mois, tout signe d’amblyopie sera recherché à l’aide de différents tests comme l’occlusion alternée, le signe de la toupie ou encore des tests stéréoscopiques.  

Après deux ans et demi, le médecin ou le pédiatre procédera à la mesure de l’acuité visuelle de près et de loin à l’aide de lettres ou de dessins en utilisant une méthode d’appariement des objets. L’objectif ? Rechercher un éventuel trouble de la réfraction.

Après 4 ans, l’acuité visuelle sera évaluée à l’aide de tests directionnels et d’échelles de chiffres et de lettres. Vers 5-6 ans, la vision des couleurs par l’enfant sera testée, à la recherche d’une éventuelle dyschromatopsie.

 

Que se passe-t-il lors d’un bilan visuel ?

S'appuyant sur les recommandations de l'Association Francophone de Strabologie et d'Ophtalmologie Pédiatrique (AFSOP), le bilan visuel permet de réaliser un examen complet de la vue de l’enfant.

Il comprend un examen anatomique de l’œil (longueur axiale de l’œil, courbure de la cornée) ainsi que différents tests permettant de mesurer l’acuité visuelle, la motricité oculaire, la vision binoculaire ainsi qu’un examen de la réfraction.

Si nécessaire et en cas d’anomalies détectées, peuvent s’ajouter des examens complémentaires tels qu’un fond d’œil (examen de la rétine et du nerf optique) ainsi qu’un test de réfraction sous cycloplégie (pour mesurer précisément les défauts optiques après dilatation de la pupille). Le bilan visuel s’accompagne enfin de conseils de prévention à destination des parents de l’enfant.

 

Comment accompagner un enfant qui a un trouble visuel ?

 

Porter des lunettes : adaptation et acceptation

Si l’enfant souffre d’un trouble de la réfraction (myopie, hypermétropie ou astigmatisme), l’ophtalmologue peut lui prescrire une correction optique adaptée comme des lunettes ou des lentilles de contact. L’objectif ? Compenser le défaut visuel et éviter la fatigue oculaire ou les difficultés d’apprentissage liées à ce trouble visuel.

En cas de myopie dite « évolutive », l’ophtalmologue pourra proposer à l’enfant des solutions capables d’en freiner la progression comme des verres de freination ou des lentilles de freination.

Quant aux enfants sportifs ou ne pouvant pas porter de lunettes, ils pourront se voir prescrire des lentilles de contact pour un meilleur confort. Accessibles dès l’âge de 7 ans (sauf contre-indication), elles exigent cependant que l’enfant soit précautionneux dans leur manipulation et leur entretien quotidiens.

 

Suivi régulier : ophtalmologue et orthoptiste

Un enfant souffrant de troubles visuels doit absolument être suivi par un ophtalmologue pour éviter que ses symptômes ne s’aggravent. D’autant que de nombreux troubles visuels évoluent de façon progressive et parfois insidieuse. Des rendez-vous réguliers chez l’ophtalmologue permettent ainsi d’adapter si besoin les corrections de ses verres ou de ses lentilles et de prévenir d’éventuelles complications.

Quant à la rééducation orthoptique, elle aide à renforcer les muscles oculaires de l’enfant tout en améliorant leur coordination. Nécessaire en cas de strabisme, elle s’appuie sur des exercices à réaliser sur une durée de plusieurs mois, en complément d’un port de lunettes avec un cache-œil pour faire travailler les deux yeux de l’enfant en alternance.

Notons que la rééducation orthoptique est également indiquée en cas de fatigue à la lecture ou de difficultés à analyser les images.

 

Liste de conseils aux parents pour stimuler la vision au quotidien

Une stimulation visuelle est fondamentale pour favoriser le développement optimal de la vision de l’enfant. Elle doit être ludique et adaptée au rythme de l’enfant. Les parents de nourrissons pourront leur proposer des stimulations visuelles simples au moyen de jouets contrastés et de mobiles. Ils pourront ensuite varier les distances, les couleurs, les formes et complexifier les activités de près et de loin au fil des mois.

Rappelons que limiter fortement l’exposition aux écrans avant l’âge de 3 ans contribue également au développement harmonieux de la vision de l’enfant.

 

Ce qu’il faut retenir

De la naissance à l’adolescence, l’éventail des troubles visuels possibles chez l’enfant est large et il est indispensable de les dépister le plus précocement possible pour une prise en charge optimale. Une vigilance accrue est de mise en cas d’antécédents personnels particuliers ou d’antécédents familiaux de troubles visuels.

 

FAQ – Vos questions fréquentes sur les troubles de la vue chez l’enfant

 

Comment savoir si mon enfant a besoin de lunettes?

Pour savoir si votre enfant a besoin de lunettes, il convient avant tout d’observer son comportement visuel au quotidien. Souffre-t-il de maux de têtes ou de fatigue oculaire lors de la réalisation de certaines tâches ? Lit-il de façon trop rapprochée ou trop éloignée ? Manque-t-il d’attention en classe ou au moment des devoirs ? Cligne-t-il souvent des yeux ?

En cas de doute ou de signes d'alarme comme un strabisme, un manque d'intérêt visuel, ou un plissement des yeux, il conviendra de consulter pour prendre en charge rapidement un éventuel trouble visuel.

Quels examens sont faits à l’école ou chez le pédiatre ?

Un dépistage des troubles de la vue (acuité visuelle et vision des couleurs) est organisé à l’école maternelle dans les classes de petite et très petite section (enfants de 2 ans et demi à 4 ans). Sans danger et indolore, ce dépistage est effectué par un orthoptiste au sein même de l’école et sur le temps scolaire.

Quant au pédiatre, il réalise tout au long du suivi de l’enfant un certain nombre de tests visuels simples dans le but de dépister d’éventuelles anomalies.

Un bébé peut-il déjà avoir un problème de vue ?

Oui, même tout petit, un bébé peut présenter un problème de vue, particulièrement s’il souffre de certaines pathologies ou s’il présente des antécédents personnels (prématurité, petit poids de naissance etc.) ou des antécédents familiaux de troubles visuels (strabisme, myopie sévère etc.).

Que faire si mon enfant refuse de porter ses lunettes ?

Si votre enfant refuse de porter ses lunettes, vérifiez avant tout que ce refus n’est pas lié à une sensation d’inconfort (comme une monture trop serrée ou des verres mal centrés) ou à une mauvaise correction optique. Tentez également de le faire participer au choix de la forme et de la couleur de la monture. Faites-les lui porter de manière progressive (un peu plus longtemps chaque jour) et n’oubliez pas de valoriser ses efforts.

Mon enfant louche, est-ce grave ?

Chez un nourrisson de moins de six mois, il est normal d’observer un léger strabisme qui alterne entre l’œil droit et l’œil gauche. Il disparaîtra une fois les muscles oculaires renforcés. Si l’enfant est plus âgé, il convient de consulter.

Quel spécialiste consulter pour un problème de vue?

En cas de problème de vue chez un enfant, il convient de consulter un ophtalmologue pédiatrique, ou à défaut un ophtalmologue généraliste pour effectuer un bilan visuel. Si besoin, il pourra prescrire des séances de rééducation chez un orthoptiste et/ou le port de lunettes correctrices qui seront fournies par un opticien lunetier.

 

 

 

Sources :