Pathologie de première importance touchant des dizaines de millions de personnes à travers le monde, la tuberculose représente après le Covid-19 la seconde cause de mortalité liée à une maladie infectieuse à l’échelle du globe. Or, les tests existants ne permettent pas à ce jour de différencier une forme de tuberculose active (et donc contagieuse) d’une forme latente (non contagieuse). Dans le cadre d’une récente étude, des scientifiques français ont découvert des molécules qui pourraient aider à la détection des individus à risque de développer une forme contagieuse de la tuberculose.
Zoom sur les résultats de leurs travaux.
Pathologie de première importance touchant des dizaines de millions de personnes à travers le monde, la tuberculose représente après le Covid-19 la seconde cause de mortalité liée à une maladie infectieuse à l’échelle du globe. Selon un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé, elle est responsable du décès de 1,3 million de personnes en 2022.
Causée par la bactérie Mycobacterium tuberculosis (bacille de Koch), cette maladie inflammatoire voit son évolution se faire en plusieurs étapes :
Mais dans 10 % des cas s’installe une « tuberculose active » dans les deux ans suivant le premier contact avec le bacille de Koch. La bactérie se développe en effet dans l’organisme du patient et rejoint les bronches, le sang ou la lymphe. La tuberculose peut alors être de deux types :
Mais force est de constater que la tuberculose n’est pas une pathologie dont l’évolution est simple à suivre. De plus, à ce jour, les tests existants ne permettent pas de distinguer une forme de tuberculose active (et donc contagieuse) d’une forme latente (non contagieuse).
On estime que près d’un tiers de la population mondiale serait infectée par la bactérie de manière latente. Les cas d’infection latente, sans aucun signe clinique, sont les plus nombreux.
D’où l’intérêt de pouvoir détecter le plus tôt possible les individus potentiellement contagieux (personnes a priori en bonne santé et qui ne présentent pas encore de symptômes apparents ou personnes n’ayant pas encore été diagnostiquées) pour :
Conscients de cet enjeu, des chercheurs de l’INRAE et de l’Inserm, ont travaillé de concert avec des scientifiques belges et brésiliens pour tenter de percer les secrets du processus inflammatoire provoqué par une infection au bacille de Koch. C’est ainsi qu’ils ont pu découvrir deux sous-types de globules blancs appelés « neutrophiles » et ayant des rôles opposés.
Les « neutrophiles » désignent des globules blancs chargés de défendre l’organisme contre les infections bactériennes en détruisant les agents pathogènes. Produits par la moelle osseuse, ils représentent 40 % à 60 % de l’ensemble des globules blancs. Mais leur présence massive au niveau des foyers d’infection peut aussi risquer de détruire les tissus environnants (le poumon le plus souvent dans le cas de la tuberculose).
Parmi ces neutrophiles, citons :
En injectant des neutrophiles « régulateurs » à une population de souris très sensibles au bacille tuberculeux, les chercheurs ont ensuite observé qu’ils avaient pu atténuer leurs lésions pulmonaires.
Mais ce n’est pas tout, les scientifiques ont également constaté que les souches les plus virulentes de la bactérie tuberculeuse étaient capables de bloquer la production de PD-L1 et de contrer de cette façon l’activité des neutrophiles « régulateurs ». La conséquence de ce blocage étant l’installation d’un environnement inflammatoire.
Récemment publiés dans la revue Life Science Alliance, ces résultats s’avèrent intéressants d’un point de vue diagnostic. Les deux types de neutrophiles identifiés pourraient en effet servir de biomarqueurs. De quelle façon ? Leur concentration dans le sang permettrait de distinguer une forme de tuberculose active (contagieuse) d’une forme latente (non contagieuse). Et détecter les personnes à risque de développer une forme contagieuse de la tuberculose favoriserait une prescription d’antibiotiques mieux ciblée.
Mais avant de pouvoir mettre en place une telle détection, les scientifiques conviennent que de plus amples recherches sont nécessaires. Parions que dans un avenir proche, il sera possible d’estimer facilement la contagiosité d’un patient tuberculeux et d’enrayer la transmission de la maladie !
Sources :