Exposition paternelle au valproate et à ses dérivés
Et s’il existait un surrisque de troubles du neurodéveloppement chez l’enfant dont le père a été traité par valproate ou ses dérivés avant la conception ? C’est ce que suggère l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui incite les professionnels de santé à faire preuve de vigilance auprès des patients concernés. On fait le point.
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Valproate et dérivés : des effets indésirables déjà connus
Des effets tératogènes
Indiqué dans le traitement de l’épilepsie (valproate de sodium ou acide valproïque) et en seconde intention dans les épisodes maniaques du trouble bipolaire (divalproate de sodium et valpromide), le valproate désigne un principe actif dont les effets tératogènes sont démontrés. En effet, si la mère y est exposée au cours de la grossesse, ce médicament fait courir un risque élevé de malformations congénitales et de troubles du neurodéveloppement chez l’enfant à naître. De ce fait, des mesures très strictes ont été prises pour encadrer et limiter l'usage de cette molécule chez les femmes en âge de procréer et les femmes enceintes.
Des effets sur la fertilité masculine
Le valproate a par ailleurs des effets toxiques sur la fertilité masculine en réduisant la mobilité des spermatozoïdes. En général, trois mois minimum d'arrêt du traitement sont nécessaires pour que ces troubles de la fertilité deviennent réversibles. Ils seront probablement réversibles en cas de réduction de la dose.
Exposition paternelle au valproate : quels risques ?
Dans ce contexte, les laboratoires commercialisant le valproate ou ses dérivés ont été incités par l’Agence européenne du médicament (EMA) à mettre en place des études visant à mieux documenter les risques liés à la prise de ces traitements.
Une évaluation des risques malformatifs et neurodéveloppementaux chez les enfants dont le père a été traité par valproate avant la conception a ainsi été mise en place.
S’appuyant sur les données des registres de plusieurs pays nordiques, cette évaluation consiste en une étude observationnelle menée sur une longue période. Rendus publics en mai dernier, les résultats mettent en avant un surrisque de troubles du neurodéveloppement chez les enfants dont le père a été traité par valproate ou ses dérivés dans les trois mois précédant la conception. Ainsi, le risque de troubles de neurodéveloppement (comme par exemple des troubles du spectre autistique) se situait :
- Entre 5,6 % à 6,3 % chez les enfants dont le père avait suivi un traitement au valproate.
- Contre 2,5 % à 3,6 % chez ceux nés de pères traités par d’autres anticonvulsivants.
Forte de ces résultats et consciente des limites de cette étude, l’Agence européenne du médicament a néanmoins demandé aux laboratoires de conduire de nouvelles analyses. Actuellement en cours, elles devraient permettre de valider ou non les premières données recueillies. En fonction des conclusions, il se pourrait qu’à terme, l’utilisation de valproate soit davantage encadrée chez les hommes susceptibles de devenir pères.
De la nécessité d'une vigilance accrue
En France, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a d’ores et déjà fait savoir que les résultats de ces travaux ne permettent pas encore de tirer de conclusions formelles. Mais en attendant de nouveaux éléments, l’instance appelle les professionnels de santé à faire preuve de vigilance et les encourage à informer leurs patients de l'existence de ce risque.
Vigilance de la part des professionnels de santé
En pratique, les pharmaciens, neurologues, neuropédiatres, pédiatres, médecins généralistes, psychiatres, gynécologues, gynéco-obstétriciens et sages-femmes pourront remettre à leurs patients une fiche d’information sur le sujet. Cette fiche est accessible en ligne sur le site internet de l’ANSM. Ils devront également rappeler aux patients de ne pas interrompre leur traitement par valproate ou dérivés sans un avis médical et seront chargés de les informer des risques encourus en cas d'arrêt. Ils devront enfin les sensibiliser à la nécessité d'avoir recours à une méthode de contraception adéquate.
Pour les patients sous valproate désireux de concevoir un enfant
Par ailleurs, il conviendra de porter une attention particulière aux patients sous valproate ou dérivés désireux de concevoir un enfant. La présentation d’alternatives thérapeutiques devra être de mise. De même, en cas de don de sperme, le patient devra signaler la prise d’un traitement par valproate ou dérivés.
Pour les patients sous valproate ayant conçu un enfant
S’agissant des patients ayant conçu un enfant au cours de leur traitement, les professionnels de santé prendront de les questionner afin de leur proposer si besoin une prise en charge personnalisée. Ils pourront être orientés vers les plateformes de coordination et d’orientation spécialisées dans le cas où ils soupçonnent d’éventuels troubles du développement de leur enfant.
Sources :