L’agriculture biodynamique, « plus bio que bio », correspond à un ensemble de pratiques agricoles visant à atteindre un équilibre entre les végétaux, les animaux, les humains et leur environnement.
Grâce aux préparations biodynamiques, comme la bouse de corne, et le respect des calendriers lunaires, la biodynamie promet des aliments de meilleure qualité et des fermes en bonne santé.
Mais, basée sur les principes ésotériques de l’anthroposophie, la biodynamie est à la fois encensée par ses partisans et critiquée pour de potentielles dérives sectaires.
En France, près de 511 domaines, dont environ 2/3 en viticulture, sont certifiés par l’entreprise Demeter (principal label de biodynamie). Ces 13 665 hectares en biodynamie représentent environ 1% de la surface agricole cultivée en bio.
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L’agriculture biodynamique, ou « biodynamie » dans le langage courant, est un mode de culture n’utilisant pas d’intrants de synthèse.
L’agriculture biodynamique existe depuis 1924 et est issue de la philosophie ésotérique et pseudo-scientifique de Rudolf Steiner : l’anthroposophie, un courant de pensée mêlant sciences et composantes spirituelles, dont l’astrologie.
La biodynamie est une forme spécifique de l’agriculture biologique, dont le concept fondateur est que la ferme est un organisme vivant autonome. On y recherche donc un équilibre entre le système de production et son environnement.
Si l’agriculture biodynamique fait l’objet de recherches dans certains pays (dont l’Allemagne et la Suisse), ce n’est pas encore le cas en France, sauf dans la production viticole.
L’un des objectifs de la biodynamie est de recréer un lien harmonieux entre la nature et l’Homme.
L’agriculture biodynamique repose ainsi sur plusieurs piliers :
L’agriculture biodynamique considère donc l’exploitation agricole (ou bien le jardin) comme un organisme à part entière, qui ne peut être pris en compte que la globalité de son écosystème.
En effet, la biodynamie considère la Terre comme un « Tout ».
L’agriculture biodynamique vise donc à :
L’humain, les animaux et les végétaux vivent donc en synergie, pour un milieu équilibré et plus sain. Ce concept se retrouve également en permaculture.
L’agriculture biodynamique repose sur le principe que la lune a une influence sur la vitalité et la résistance des plantes aux nuisibles (parasites, maladies…).
Ainsi, il existerait notamment un rythme déterminé par le passage de la lune devant les 12 constellations du zodiaque. Ce rythme déterminerait l’activation de la formation et de la croissance des feuilles, des racines, des fruits ou bien des fleurs des plantes.
Dans la pratique biodynamique, l’observation de ces impacts a été retranscrite sous forme de calendrier, reprenant des indications sur :
En revanche, l’agriculture biodynamique rappelle que les rythmes cosmiques ne doivent pas primer sur les conditions météorologiques et agronomiques lors de la planification des travaux agricoles.
Les préparations biodynamiques, à appliquer « en dose homéopathique » en fonction du calendrier lunaire, permettraient, quant à elles, une croissance saine des végétaux.
On y retrouve notamment la fameuse « bouse de corne », emblématique de l’agriculture biodynamique, qui consiste en de la bouse de bovin, fermentée dans des cornes, et qui stimulerait la croissance des racines lorsqu’elle est répandue sur les végétaux.
Les cornes de vaches peuvent également être remplies d’autres substances (comme la silice) et enterrées dans le sol, afin de réguler la croissance et accroître la résistance aux maladies.
L’agriculture biodynamique est l’un des courants fondateurs de l’agriculture biologique.
Ainsi, la bio et la biodynamie ont de nombreux points communs :
La biodynamie est ainsi une version plus « poussée » de l’agriculture biologique. D’ailleurs, tous les produits cultivés en biodynamie sont certifiés issus de l’agriculture biologique (AB).
Toutefois, l’agriculture biologique n’inclue pas la prise en compte du calendrier lunaire ou les préparations mentionnées plus haut.
Enfin, l’agriculture biologique est régie par une réglementation stricte et commune à toute l’Union Européenne, contrairement à l’agriculture biodynamique, certifiée par des labels privés.
L’agriculture biodynamique a pour objectif de « nourrir le corps, l’âme et l’esprit ».
Et s’il est vrai que l’acte de manger va bien au-delà des simples nutriments que nous absorbons, les avantages à consommer des aliments biodynamiques plutôt que d’autres est difficile à évaluer, puisque la biodynamie repose sur des principes pseudo-scientifiques. Il est en effet difficile de mesurer l’impact de l’alimentation de l’âme et de l’esprit, par exemple.
Ainsi, bien que les preuves scientifiques puissent manquer, les partisans de cette approche revendiquent des avantages sur :
Tous ces arguments ne sont malheureusement pas étayés par des preuves scientifiques, la recherche sur l’agriculture biodynamique étant limitée.
Il n’existe donc pas, à ce jour, de preuves formelles affirmant que la consommation d’aliments issus de l’agriculture biodynamique soit meilleure pour la santé.
Toutefois, elle ne semble pas présenter de risque pour la santé non plus. Chacun peut donc librement faire ses choix alimentaires, en fonction de ses propres convictions et éthique.
L’agriculture biodynamique présente également plusieurs limites.
Tout d’abord, le manque de preuves scientifiques et le lien avec l’anthroposophie, cette doctrine surveillée par la Miviludes (luttant contre les dérives sectaires).
Cyril Gambari, microbiologiste et enseignant en biologie-écologie dans un lycée agricole expliquait notamment au magazine Géo que : “Tout ça, c’est juste du marketing. L’anthroposophie n’a pas de fondement scientifique sérieux, au contraire : des études ont démontré que ni la Lune, ni la biodynamie en général n’avaient d’influence sur la qualité du vin. Et pourtant, les anthroposophes tentent encore de faire valider leurs théories par la communauté scientifique, en publiant par exemple des articles sur une danse qui modifierait le goût des pommes.”
Si les pratiques agricoles liées à la biodynamie semblent inoffensives, l’anthroposophie comporte des messages plus problématiques : « Avec, notamment, des liens avec l’extrême-droite et un discours anti-médecine classique qui s’est avéré très dangereux dans ce contexte de pandémie. » expliquait JB Meybeck, auteur de la bande-dessinée CosmoBacchus dans Géo.
Côté consommateurs, l’agriculture biodynamique présentent d’autres limites :
Il peut donc être difficile de se procurer des aliments biodynamiques à un coût raisonnable.
Il est possible de trouver des aliments biodynamiques dans les magasins bio ou dans des boutiques spécialisées. Il est également possible de retrouver ces produits en ligne, sur les sites de e-commerce spécialisés.
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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :