Santé décomplexée

Est-ce normal d'avoir des crises de boulimie ?

Rédigé par L'équipe de rédaction MEDADOM | 05/09/22 06:30


La boulimie et ses différentes formes apparaissent en général à l’adolescence. Selon l’Assurance Maladie, elle touche environ 1,5 % des 11 - 20 ans et 3 à 5 % de la population pour l’hyperphagie boulimique. Les filles sont plus touchées que les garçons. MEDADOM répond aux questions que vous vous posez et vous informe sur ce qu’est la boulimie, quels sont ses symptômes, comment gérer une crise de boulimie et quels sont les traitements possibles.

 


Quelle est la définition de la boulimie ?

 

La boulimie fait partie de ce que l’on appelle les troubles de conduites alimentaires aux côtés de l’anorexie mentale. Cette maladie se manifeste par l’apparition de crises (que l’on nomme crises de boulimie). Lorsque la personne touchée fait une crise, elle ressent l’envie irrépressible et incontrôlable de manger de façon compulsive et rapide. Les crises de boulimie peuvent survenir aussi bien la journée que la nuit.

Après la crise, la personne se sent mal et met en place des comportements de compensation. Il peut s’agir par exemple de vomissements volontaires, de jeûne ou encore de la pratique d’une activité physique intense. La boulimie laisse des traces sur le corps, mais également sur le mental (baisse de l’estime de soi, sentiment dépressif, etc.).

L’hyperphagie boulimique se distingue de la boulimie seule par l’absence de comportements compensatoires. La boulimie est aussi différente de l’anorexie, qui se caractérise par la peur de prendre du poids. L’anorexique va donc s’alimenter le moins possible. Notons en revanche que l'anorexie et la boulimie peuvent être présentes en même temps sous forme de phases alternées.

 

 

Quels sont les symptômes de la boulimie ?

 

En cas de boulimie ou d’hyperphagie boulimique, la personne ressent de nombreux symptômes caractéristiques, mais qui peuvent passer inaperçus aux yeux de l’entourage. Le diagnostic doit de préférence être établi le plus tôt possible, afin de limiter les effets potentiellement destructeurs de la maladie sur la qualité de vie de la personne touchée. Notons que la boulimie, en l’absence de prise en charge, peut devenir chronique et persister à l’âge adulte.

Les crises de boulimie se divisent en plusieurs étapes. Elles apparaissent en général lorsque la personne éprouve du stress ou que son état émotionnel est perturbé. En premier lieu, la personne a une envie incontrôlable de manger, qui arrive à distance des repas et sans la présence d’autres personnes. Ensuite, elle mange de façon rapide, sans s’arrêter, de grandes quantités de nourriture sans constater de plaisir dans le simple but de se remplir l’estomac . Après la crise, le mal-être survient. La personne boulimique ressent de la honte, une sensation de malaise et de culpabilité. Elle met en place des comportements compensatoires : elle va par exemple chercher à se faire vomir volontairement (près de la moitié des cas) pour ne pas prendre de poids. Comme les anorexiques, les boulimiques font en effet attention à leur poids : en dehors des crises, elles mangent généralement peu.



Quelles sont les causes de la boulimie ?

 

Les causes de la boulimie peuvent être multiples. Elle est tout d’abord influencée par des facteurs génétiques et psychologiques. L’environnement, la famille et les liens socioculturels jouent également un rôle important dans le déclenchement de la maladie.

Les risques de survenue de la boulimie sont majorés lorsque la personne présente déjà des troubles :

 

  • Dépressifs 
  • Bipolaires
  • Troubles de la personnalité ou de l’attention
  • Baisse d’estime de soi
  • Tendance au perfectionnisme.

L’apparition de la boulimie et d’autres maladies mentales peut aussi émerger à la suite d'un événement perçu comme un choc. Il peut s’agir par exemple de la perte d’un être cher, d’un traumatisme ou encore de maltraitance ou d’harcèlement scolaire. 



Quelles complications possibles en cas de boulimie ?

 

Les boulimies étant associées à un certain nombre de comportements compensatoires, ce sont principalement ces derniers qui peuvent fragiliser le corps et entraîner des complications. Voici les plus fréquentes : 

 

  • Apparition de caries et de gingivites provoquées par les vomissements
  • Altération de l’émail des dents
  • Lésions au niveau du système digestif 
  • Troubles cardiaques ou rénaux 
  • Déshydratation
  • Carences en vitamines et minéraux
  • Diminution de la masse osseuse
  • Surpoids et obésité
  • Troubles menstruels et de la fertilité.

Les complications de la boulimie ne touchent pas que le corps, mais peuvent aussi fortement affecter le mental de la personne qui en souffre. Le premier risque est la baisse d’estime de soi, associée à des émotions négatives pouvant aller jusqu’à la dépression et aux envies de suicide. Les crises de boulimie étant incontrôlables, la personne ressent souvent l’envie d’être seule et à tendance à se replier sur elle-même. Les activités scolaires ou professionnelles sont fortement impactées.

 

 

 

Comment savoir si on est boulimique ? Existe-t-il un test ?

 

La boulimie est une maladie mentale qui peut mettre plusieurs années à être diagnostiquée. Il est recommandé aux parents de consulter un médecin dès l’apparition des premiers symptômes pour éviter que la maladie ne s’installe durablement. 

Le diagnostic de la boulimie repose sur l’évaluation d’un certain nombre de critères :

 

  • Date de survenue des premières crises
  • Nombre de crises de boulimie 
  • Sentiments et émotions associés aux crises
  • Existence ou absence de comportements compensatoires 
  • Intérêt porté au corps et à l’image que l’on renvoie 
  • Existence ou absence de troubles du comportement ou d’addictions
  • Existence ou absence de troubles menstruels.

BULIT et EDI 2 : des tests efficaces pour détecter la boulimie ?

Développé en 1984, le test BULIT est largement utilisé en France pour contribuer à diagnostiquer la boulimie. Il s’agit d’un auto-questionnaire constitué de 36 éléments évalués de 1 à 5 qui mesurent les déséquilibres alimentaires boulimiques. Le score final de 32 à 160 est calculé sur 32 des 36 critères. Lorsque le score dépasse 88, la boulimie est considérée comme occasionnelle. Quand il est supérieur ou égal à 102, la boulimie est avérée. Le test EDI 2 quant à lui est aussi présenté sous forme de questionnaire avec 11 thèmes et 91 questions. Si ces tests peuvent aider à se situer, ils ne remplacent pas pour autant une consultation avec un médecin. 

 

 

 

Que faire après une crise de boulimie et comment lutter contre ? 


 

La crise de boulimie étant incontrôlable, la calmer semble difficile. En revanche, identifier le contexte dans lequel elle apparaît peut être utile pour les espacer.

Juste après la crise, il est préconisé de l’accepter et de ne pas ressentir de culpabilité. Limiter les comportements compensatoires, qui contribuent à se sentir mieux sur le moment mais aggravent la maladie, est également essentiel. D’autres conseils peuvent aider à espacer davantage les crises de boulimie :

 

  • S’alimenter différemment : pour éloigner les crises de boulimie, il est recommandé d’adapter son alimentation en privilégiant les féculents et les protéines. En effet, les protéines permettent de ressentir plus rapidement la sensation de satiété et de limiter les envies de grignotage.

 

  • Réapprendre à manger : lorsque l’on est boulimique, le rapport à la nourriture est généralement problématique. La personne ne prend plus aucun plaisir à manger et peut même ressentir du dégoût. Certains aliments comme la viande, via la mastication, peut aider à retrouver le temps de savourer un vrai repas en y mettant plus de conscience

 

  • Prendre soin de son estomac : saviez-vous que plus vous mangez, plus vous avez faim ? En effet, l’estomac se dilate pour pouvoir accueillir les aliments (que l’on appelle bol alimentaire). Dans le cas de la boulimie, il faut essayer de réduire la taille de l’estomac pour tenter de limiter les crises. D’une part, en veillant à boire à distance des repas, et d’autre part en privilégiant les aliments nutritifs comme les féculents et protéines mentionnés précédemment

 

  • Être à l’écoute de ses émotions : la crise de boulimie survient généralement à la suite d’une émotion négative. La personne va chercher dans la nourriture une sorte de réconfort, qui devient addictif. Apprendre à être à l’écoute de ses émotions et à repérer celles qui déclenchent les crises peut aider à les éviter et à mettre en place des solutions palliatives plus saines.

 

 

 

Comment soigner la boulimie ? 

 

Le traitement de la boulimie fait appel à plusieurs spécialistes de santé évoluant dans les secteurs de la psychologie, du social, de la nutrition ainsi que des praticiens ciblés selon les symptômes (dentistes, cardiologues…). 

 

Le rôle du traitement consiste tout d’abord à libérer le ou la boulimique de la compulsivité ressentie face à la nourriture et à retrouver des comportements nutritionnels normaux. Une psychothérapie est mise en place, de façon individuelle ou collective. Lorsque la personne boulimique est un ou une adolescente, les parents ont une responsabilité importante dans le processus de guérison. Ils sont donc également sensibilisés et impliqués dans les traitements. Dans le même temps, le suivi nutritionnel permet de réapprendre à manger et à composer de vrais repas sains et équilibrés, pris régulièrement pour limiter les crises de boulimie.

 

Lorsqu’il y a des manifestations dépressives ou anxieuses, un traitement médicamenteux peut être conseillé. De même, des traitements médicaux sont mis en place en cas de problèmes de santé (au niveau dentaire ou digestif par exemple).

 

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Sources :