Santé décomplexée

Est-ce dangereux de consommer un produit après sa DLC ?

Rédigé par Amanda Huguet-Millot | 13/01/23 07:30

Il existe deux types de dates limites apposées sur les produits alimentaires : la date limite de consommation (DLC) pour les produits très périssables et la date de durabilité minimale (DDM) qui remplace la DLUO.

Connaître les différences entre ces deux types permet de distinguer les produits présentant des risques pour la santé en cas de consommation après la date, et ainsi limiter le gaspillage alimentaire des denrées pouvant être consommées après la date.

Selon une étude pour la Commission Européenne, 20% des produits alimentaires seraient en effet jetés à cause d’une incompréhension sur les dates limites, soit près de 400 000 tonnes, rien qu’en France.

 

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Qu'est-ce que la DLUO et la DLC ?

 

DLC, DLUO et DDM : quelles différences ?


DLC : Date Limite de Consommation

 

La DLC ou Date Limite de Consommation est définie dans le règlement INCO (pour « information du consommateur »). Elle est utilisée dans le cas « de denrées alimentaires microbiologiquement très périssables et qui, de ce fait, sont susceptibles, après une courte période, de présenter un danger immédiat pour la santé humaine ».

La DLC est donc une limite impérative. Elle se manifeste sur l’emballage par une mention « à consommer jusqu’au », suivie du jour et du mois (voire de l’année).

La date est fixée sous la responsabilité des professionnels lors de tests de vieillissement sur chaque produit, à condition de respecter les conditions de conservation indiquées.

 

DLUO : Date Limite d’Utilisation Optimale

 

La DLUO, pour Date Limite d’Utilisation Optimale, a été remplacée par la DDM afin de réduire le gaspillage alimentaire.

 

DDM : Date de Durabilité Minimale

 

La Date de Durabilité Minimale (DDM), qui a remplacé la DLUO, n’a pas le caractère impératif de la DLC.

Il s’agit d’une date indicative, après laquelle le produit peut perdre en qualité organoleptique (goût, visuel, odeur, texture…) ou nutritionnelle (diminution de la teneur en vitamines par exemple). Toutefois, le produit ne présente pas de danger immédiat pour la santé en cas de consommation après cette date.

La date de durabilité minimale se retrouve ainsi sur les produits secs, stérilisés ou déshydratés. Les procédés de conservation utilisés pour ces aliments permettent une durée de vie longue et donc l’absence d’une DLC.

 

Les produits présentant une DDM sont donc :

 

  • Le café, qui peut perdre de son arôme avec le temps ;
  • Les pâtisseries sèches et gâteaux secs, qui peuvent devenir moins bons ;
  • Les conserves ;
  • Le lait en poudre ;
  • Les surgelés ;
  • Les jus de fruits conservés à température ambiante qui peuvent perdre leur vitamine C…

 

Ces DDM ne sont toutefois valides qu’en cas de respect des conditions de conservation (à l’abri de la lumière, de la chaleur ou de l’humidité) et de l’intégrité de l’emballage, au même titre que ceux ayant une DLC. Après ouverture, l’aliment doit être consommé dans les délais indiqués sur l’emballage et parfois conservé au frais.

De plus, pour les surgelés, le respect de la chaîne du froid est impératif pour éviter une intoxication alimentaire.

Ainsi, il est possible de consommer les produits après la date indiquée et il n’est pas nécessaire de les jeter. Cela est d’autant plus vrai pour les produits qui ne périment pas et peuvent donc être consommés longtemps après la DDM : sel, sucre, chocolat, vinaigre, miel…

Enfin, certains produits sont exemptés de date limite : fruits et légumes frais, boissons alcoolisées, vinaigres, sel, sucres en morceaux, chewing-gums…

 

Pour reconnaître une date de durabilité minimale, il faut chercher sur le paquet la mention « À consommer de préférence avant », qui peut être complétée par « le + jour » ou « fin + mois et année (voire juste l’année) ». La précision dépend de la durée de vie totale du produit.

 

 

Pourquoi existe-t-il des DLC et DDM ?

 

Les DLC et DDM existent pour deux raisons :

 

  • Prévenir les risques d’intoxication alimentaire pour les DLC.
  • Informer le consommateur sur les qualités optimales d’un produit dans le cas de la DDM.

 

La distinction entre les deux permet d’éviter un gaspillage alimentaire inutile d’aliments encore consommables, sans toutefois mettre la santé en danger.

 


Comment sont définies les DLC et DDM ?

 

Les DLC et DDM sont fixées par et sous la responsabilité des entreprises produisant les aliments. Elles s’appuient sur des essais de vieillissement, en analysant notamment le développement des bactéries dans le produit au cours du temps, selon les conditions de conservation recommandée.

Dans certains cas, la DLC est fixée par une réglementation sanitaire spécifique au produit.

La durée de vie d’un aliment est la période durant laquelle il reste sûr, dans les conditions d’utilisation et de stockage prévues (y compris chez le consommateur). En plus de cela, des critères de qualité sont étudiés afin que l’aliment ne s’altère pas (goût, odeur, texture…) durant la durée de vie définie (DLC ou DDM).

 

 

Les aliments et les dates de consommation


 

Quels aliments possèdent une DLC ?

 

Les aliments présentant une DLC sont les aliments les plus périssables d’un point de vue microbiologique, souvent conservés au réfrigérateur.

On y retrouve notamment :

 

  • La viande ;
  • La charcuterie ;
  • Le poisson ;
  • Les plats préparés réfrigérés ;
  • Les yaourts et certains produits laitiers.

 

La DLC est obligatoire sur les aliments pré-emballés, mais pas sur ceux vendus sans emballage. C’est notamment le cas des produits traiteurs et artisanaux, qui peuvent pourtant être très périssables (plats cuisinés, salades, charcuteries, pâtisseries à base de crème…). Il convient alors de demander conseil au commerçant.

En règle générale, l’ANSES recommande de consommer ces produits sous 3 jours maximum.

 

 

Existe-t-il une DLC pour les fruits et légumes ?

 

Les fruits et légumes frais sont exemptés de DLC ou de DDM.

Toutefois, les fruits et légumes préparés (salades en sachets, fruits et légumes lavés, découpés et parfois conditionnés sous atmosphère protectrice…), doivent indiquer une DLC car leur durée de vie est courte et leur état les rend plus périssable.

 

 

Quels sont les risques à consommer un aliment après sa DLC ?

 

Quelles maladies et quels symptômes ?

 

La date limite de consommation est à respecter impérativement car au-delà de cette date, l’aliment présente un caractère dangereux pour la santé. Cela est d’autant plus dangereux si les conditions de conservation mentionnées sur l’emballage n’ont pas été respectées.

En dépassant la DLC, le risque principal est l’intoxication alimentaire. Cette dernière se manifeste comme une gastro-entérite :

 

 

Ces symptômes sont dus à la multiplication des bactéries ou des toxines dans l’aliment, et peuvent se manifester quelques jours à quelques heures après l’ingestion.

D’autres symptômes peuvent accompagner les signes digestifs : fatigue, déshydratation… en fonction de la souche bactérienne responsable.

Un cas particulier est le yaourt, qui présente un risque microbiologique faible de par ses caractéristiques (acidité, occupation par des bactéries non-pathogènes) rendant difficile le développement de bactéries nocives.

C’est pour cela qu’un yaourt peut être consommé quelques jours après sa date limite de consommation. Cela est toutefois uniquement vrai pour les yaourts, et non pour les autres produits laitiers frais.

L’ANSES rappelle que, de manière générale, il est conseillé de respecter les dates de ces produits, pour ne prendre aucun risque.

Certaines populations à risques doivent être encore plus vigilantes sur les DLC. C’est notamment le cas des femmes enceintes, des personnes âgées ou immunodéprimées et des enfants de moins de 5 ans.

 

 

Quelles précautions prendre avec les dates de consommation ?

 

Après l’ouverture de l’emballage, la DDM perd son utilité car l’aliment peut recommencer à s’altérer. Il est indispensable de suivre les conseils de conservation après ouverture.

Dans le cas des conserves, il faudra être vigilant à l’état extérieur de la boîte. Une déformation, des traces de rouilles, l’absence de « pop » à l’ouverture d’un bocal en verre, une odeur nauséabonde (notamment de beurre rance) ou une conserve bombée peuvent être le signe d’une altération. On évitera alors de consommer le produit.

 

Pour éviter de jeter un aliment possédant une DLC, il est possible de le congeler. Toutefois, il est préférable de l’anticiper et d’éviter de congeler un aliment dont la date limite est proche ou atteinte, et en aucun cas dépassée.

Enfin, la décongélation doit se faire au réfrigérateur, au micro-ondes, mais pas à température ambiante. De plus, on ne recongèle jamais un aliment déjà décongelé, sous risque d’intoxication alimentaire.

 

 

Un magasin peut-il vendre un produit périmé ?

 

Encore une fois, cela dépend du type de date limite.

Dans le cas d’une DLC, la vente du produit est interdite si la date est dépassée, même si c’est le lendemain de la date. S’il s’agit d’une négligence, le vendeur risque une amende de 1500€ par produit périmé. En revanche, s’il s’agit d’une démarche volontairement trompeuse, les sanctions prévues sont beaucoup plus importantes.

En cas de litige avec le magasin, la direction de protection des populations (DDPP) du département peut intervenir en cas d’alerte.

En revanche, les produits dont la DDM sont dépassés peuvent être commercialisés et consommer, si l’intégrité de l’emballage est respectée.

Toutefois, la vente de produits périmés, même s’il s’agit de DDM, est rarement pratiquée par les magasins. 

 

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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

 

Sources :