Toux persistante : que faire quand elle ne passe pas ?
Une toux persistante est une toux qui dure plus de 3 semaines (toux subaiguë) ou plus de 8 semaines (toux chronique). Elle peut se prolonger après une infection respiratoire comme une grippe, un Covid ou une bronchite, mais elle peut aussi révéler un problème respiratoire, ORL, digestif ou médicamenteux.
Les causes possibles sont nombreuses : irritation post-infectieuse, allergies, asthme, reflux gastro-œsophagien, sinusite, tabagisme, pollution, ou encore effets secondaires de certains médicaments comme les IEC utilisés pour traiter l’hypertension.
Cet article explique en détail les origines fréquentes, les signes d’alerte, les traitements efficaces et la conduite à tenir pour mieux comprendre et gérer une toux persistante.
Qu’appelle-t-on une toux persistante ?
Définition médicale
La définition d’une toux persistante repose sur sa durée.
Selon les classifications médicales :
- moins de 3 semaines : il s’agit d’une toux aiguë, le plus souvent liée à une infection virale (rhume, grippe, Covid-19).
- entre 3 et 8 semaines : on parle de toux persistante ou subaiguë ; elle correspond souvent à une irritation qui se prolonge après une infection.
- au-delà de 8 semaines : il s’agit d’une toux chronique, nécessitant un bilan plus complet.
Toux sèche persistante vs toux grasse persistante
Il est essentiel de distinguer le type de toux, car la prise en charge diffère :
- Toux sèche persistante : irritative, souvent décrite comme un chatouillement dans la gorge, parfois accompagnée de quintes nocturnes. Elle peut être post-virale, allergique, liée au reflux ou à certains médicaments.
- Toux grasse persistante : présence de sécrétions difficiles à évacuer. Elle évoque plutôt une bronchite, une sinusite ou un encombrement prolongé des voies respiratoires.
Pourquoi une toux peut-elle durer ?
Plusieurs mécanismes expliquent la persistance d’une toux :
1. Après une infection virale2. En présence d'une pathologie chronique de type RGO, asthme, allergies ou encore BPCO
3. Facteurs environnementaux (tabagisme, exposition à la pollution, à la poussière ou à l'air sec)
Une toux persistante nécessite une évaluation médicale, en particulier si elle s'accompagne de signes d'alerte : fièvre pendant plus d'une semaine, crachats sanglants, essoufflement ou perte de poids.
Toux persistante : les causes les plus fréquentes
La toux persistante peut avoir de nombreuses origines. Certaines sont bénignes, d’autres nécessitent un diagnostic plus poussé. Comprendre les causes possibles permet d’orienter la prise en charge et d’identifier quand consulter.
Toux persistante après une infection (grippe, Covid, rhume)
C’est la cause la plus fréquente. Après une infection virale — grippe, Covid-19, rhume ou bronchite — les bronches peuvent rester irritées pendant 3 à 8 semaines. On parle alors de toux post-infectieuse.
Cette hypersensibilité résiduelle explique pourquoi une toux persistante après grippe ou après Covid est très courante. La toux est souvent sèche au début, puis légèrement productive, et s’aggrave la nuit ou à l’effort.
Sinusite chronique et écoulement post-nasal
La rhinorrhée se caractérise par un écoulement de mucus du nez vers l'arrière de la gorge. C'est la cause la plus fréquente de toux chronique chez l'adulte.
Cet écoulement, qu'il soit lié à une sinusite chronique, une rhinite allergique ou une rhinite vasomotrice irrite en permanence la gorge et déclenche une toux réflexe, surtout la nuit et le matin au réveil.
Signes associés : maux de tête, nez bouché, sensation de mucus qui coule dans la gorge, raclement de gorge fréquent, pression faciale.
Allergies respiratoires
Les allergies au pollen, acariens ou poils d’animaux entraînent une toux sèche persistante, due à l’irritation chronique des voies aériennes. Elle s’accompagne généralement de :
- nez bouché,
- démangeaisons,
- yeux rouges,
- éternuements.
Cette toux persistante peut durer tant que l’allergène est présent.
Asthme
L’asthme est une cause fréquente de toux persistante, parfois isolée sans sifflements évidents. La toux survient surtout la nuit, le matin ou à l’effort.
Autres signes : oppression thoracique, respiration sifflante, essoufflement.
Reflux gastro-œsophagien (RGO)
Le reflux acide irrite le larynx et les voies respiratoires, provoquant une toux persistante nocturne.
Signes évocateurs : voix rauque au réveil, brûlures d’estomac, sensation de gorge irritée, goût acide dans la bouche.
Médicaments : IEC (ramipril, périndopril)
Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), prescrits contre l’hypertension, provoquent fréquemment une toux sèche persistante.
Elle peut apparaître quelques jours à quelques mois après le début du traitement et disparaît dans les semaines suivant l’arrêt du traitement, sous supervision médicale.
Tabac et vapotage
Le tabagisme favorise une inflammation chronique des bronches, responsable d’une toux grasse persistante, surtout le matin. Avec le temps, cela peut évoluer vers une bronchite chronique ou une BPCO.
Le vapotage peut également irriter les voies respiratoires et provoquer une toux chronique.
Infection bactérienne
Une toux qui persiste avec :
- fièvre prolongée supérieure à une semaine,
- expectorations purulentes,
- fatigue importante,
- essoufflement
Cela peut évoquer une pneumonie. Le diagnostic repose sur un examen médical et des examens complémentaires (radiographie pulmonaire). Le traitement nécessite des antibiotiques adaptés.
Important : La couleur des glaires (jaunes ou vertes) ne suffit pas à confirmer une infection bactérienne. Seul un médecin peut poser ce diagnostic. Le traitement repose alors sur des antibiotiques adaptés.
Causes plus rares mais importantes à connaître
Certaines causes sont moins fréquentes mais doivent être évoquées en fonction du contexte :
- Coqueluche : quintes épuisantes, toux nocturne persistante.
- Fibrose pulmonaire : toux sèche chronique avec essoufflement progressif.
- Tuberculose : toux prolongée avec fièvre, sueurs nocturnes, perte de poids. À évoquer en cas d'exposition ou de facteurs de risque
- Infections fongiques pulmonaires : rares, elles surviennent surtout chez les personnes immunodéprimées
- Cancer pulmonaire : à envisager chez les personnes fumeuses, surtout si perte de poids, fatigue ou douleur thoracique.
Toux persistante : les signes d’alerte
Une toux qui dure peut rester bénigne, mais certains symptômes doivent faire consulter rapidement, car ils peuvent révéler une infection sévère, une complication ou une maladie respiratoire sous-jacente. Plusieurs signes d’alerte nécessitent une évaluation médicale sans attendre.
Les situations suivantes doivent alerter :
- toux persistante depuis plus de 3 semaines, sans amélioration ;
- fièvre durant plus d’une semaine ou revenant après une amélioration ;
- essoufflement, difficultés à respirer ou respiration rapide ;
- douleur thoracique soudaine et aigüe, surtout si elle augmente à l’inspiration ou à l’effort ;
- sang dans les crachats, même en petites quantités ;
- perte de poids involontaire, perte d’appétit ;
- fatigue extrême, malaise général, sueurs nocturnes ;
- suspicion d’inhalation d’un corps étranger, surtout chez l’enfant (toux soudaine, respiration sifflante, cyanose).
D’autres éléments doivent également pousser à consulter rapidement :
- antécédents de tabagisme important,
- toux qui empêche de dormir ou s’aggrave,
- exposition récente à la tuberculose ou facteurs de risque d'infection (immunodépression, VIH, prise de corticoïdes au long cours)
- douleurs persistantes au niveau du cou, de la gorge ou du haut du thorax.
Une toux chronique peut parfois être le premier signe d’une maladie respiratoire (asthme, BPCO), d’une infection sous-jacente ou, plus rarement, d’un cancer pulmonaire chez les personnes à risque.
👉 En présence de signes légers ou si la toux inquiète, une téléconsultation peut aider à déterminer l’urgence et organiser les examens nécessaires.
Toux persistante : comment soigner selon la cause ?
Une toux qui persiste plus de trois semaines doit être analysée pour identifier son origine, car le traitement dépend directement de la cause. Selon le VIDAL, les principales causes d’une toux prolongée sont l’inflammation post-infectieuse, les allergies, l’asthme, le reflux gastro-œsophagien, certains médicaments, le tabac et, plus rarement, des infections bactériennes.
Si la cause est virale (post-infectieuse)
Après une infection respiratoire (rhume, bronchite, Covid-19, grippe), une toux peut durer plusieurs semaines. Le VIDAL explique que cette toux « post-infectieuse » est due à une hypersensibilité persistante des bronches, même lorsque l’infection est guérie.
Approches recommandées :
- Patience : la toux peut durer 3 à 8 semaines.
- Hydratation : boire régulièrement limite l’irritation des muqueuses.
- Humidification de l’air : utile si l’atmosphère est sèche.
- Miel chez l’adulte : peut avoir un effet apaisant sur la toux, notamment nocturne.
- Éviter les antitussifs en cas de toux productive, car ils empêchent l’élimination des sécrétions.
Il n'existe pas de traitement médicamenteux spécifique pour cette forme de toux. Si la toux est sèche, sévère et perturbe le sommeil, un antitussif peut être prescrit temporairement par le médecin. En revanche, les antitussifs sont contre-indiqués en cas de toux grasse car ils empêchent l'élimination des sécrétions.
Si elle est liée à une allergie
La rhinorrhée (écoulement de mucus du nez vers l'arrière de la gorge) est la cause la plus fréquente de toux chronique. Elle peut être due à une sinusite chronique, une rhinite allergique ou vasomotrice.
Mesures validées :
- Antihistaminiques : ils diminuent l’inflammation allergique.
- Lavage de nez quotidien au sérum physiologique.
- Corticoïdes nasaux en spray pour réduire l'inflammation
- Traitement de la sinusite si nécessaire (antibiotiques si infection bactérienne)
- Réduction des allergènes : aération, aspirateur avec filtre HEPA, housses anti-acariens, diminution du contact avec les animaux si allergie confirmée.
En cas de symptômes fréquents ou invalidants, un bilan allergologique et une consultation ORL sont utiles.
Si elle est liée au reflux gastro-œsophagien (RGO)
Le RGO peut provoquer une toux nocturne ou matinale, même en l’absence de brûlures d’estomac.
Mesures recommandées :
- Surélever le haut du lit de 10 à 15 cm.
- Limiter les repas gras, chocolat, café, alcool.
- Éviter de manger dans les 2–3 heures avant le coucher
- Un IPP (inhibiteur de pompe à protons) peut être prescrit si les symptômes de reflux sont confirmés par un médecin (source : Ameli – RGO).
Si elle est liée à l’asthme
Le VIDAL rappelle que l’asthme peut se manifester par une toux sèche, surtout la nuit. La respiration sifflante n’est pas toujours présente.
Traitements :
- Bronchodilatateurs : soulagent rapidement les symptômes.
- Corticoïdes inhalés : traitement de fond pour réduire l’inflammation des bronches.
- Consultation pneumologique si la toux persiste malgré un traitement bien suivi.
Si elle est liée à un médicament (IEC)
Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), utilisés contre l’hypertension, peuvent provoquer une toux sèche chez 10 à 15% des patients (donnée VIDAL).
Conduite à tenir :
- Arrêt de l’IEC et remplacement par une autre classe antihypertensive, uniquement après avis médical.
La toux disparaît généralement en quelques jours à quelques semaines après l’arrêt.
Si elle est liée au tabac
La toux du fumeur est liée à une irritation chronique des bronches et peut évoluer vers une bronchite chronique ou une BPCO.
Mesures recommandées :
- Arrêt du tabac : substituts nicotiniques, accompagnement médical.
- Consultation tabacologique pour un sevrage personnalisé.
Dans les premières semaines suivant l'arrêt, la toux peut temporairement augmenter avant de s'améliorer : c'est un signe que les bronches évacuent les résidus accumulés..png?width=800&height=600&name=SEO%20-%20In%20Page%20(9).png)
Quand utiliser un sirop contre la toux ?
Les antitussifs réduisent le réflexe de toux en agissant sur le système nerveux central. Ils ne doivent être utilisés que si la toux est sèche, sévère et perturbe significativement le sommeil et uniquement sur prescription médicale.
Voici les principaux antitussifs :
• Codéine : efficace mais peut provoquer nausées, vomissements, constipation, somnolence et dépendance. Réservée aux situations particulières après échec des autres mesures. Contre-indiquée avec l'alcool, les sédatifs ou certains antidépresseurs.
• Dextrométhorphane : alternative à la codéine, disponible sans ordonnance. Moins d'effets secondaires mais risque d'abus chez les adolescents (hallucinations à forte dose). Interactions dangereuses avec les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine.
Les antitussifs ne doivent jamais être utilisés en cas de toux grasse, car ils empêchent l'élimination des sécrétions et peuvent aggraver l'infection.
Les expectorants sont quant à eux destinés à fluidifier le mucus pour faciliter son évacuation. Cependant, les preuves scientifiques de leur efficacité réelle font défaut. Leur utilisation reste courante mais n'est pas systématiquement recommandée !
Remèdes naturels (efficacité modérée)
Ces solutions ne remplacent pas un traitement médical mais peuvent soulager l’irritation :
- Thym en infusion
- Miel (uniquement chez l’adulte).
- Inhalations de vapeur
- Humidificateur dans les pièces sèches.
- Eau tiède et hydratation régulière.
Quand les antibiotiques sont nécessaires ?
Les antibiotiques sont inutiles dans la majorité des toux, qui sont virales.
Ils ne sont indiqués que si une infection bactérienne est confirmée, comme :
- Pneumopathie bactérienne,
- Sinusite aiguë bactérienne,
- Coqueluche documentée.
Toux persistante : examens médicaux possibles
Lorsque la toux persiste au-delà de trois semaines, un médecin évalue la situation pour déterminer sa cause. Le diagnostic repose d’abord sur un examen clinique complet, comprenant un interrogatoire précis (durée de la toux, circonstances, facteurs aggravants) et une auscultation pulmonaire afin de rechercher des signes d’obstruction, de sifflements ou de crépitants.
Si la cause n'est pas évidente après cet examen, le médecin peut proposer un traitement d'épreuve (antihistaminiques pour rhinorrhée, IPP pour reflux, bronchodilatateurs pour asthme). Si ce traitement soulage la toux, des examens complémentaires ne sont généralement pas nécessaires.
Si la toux persiste malgré le traitement d'épreuve, les examens suivants peuvent être réalisés :
• Radiographie pulmonaire : permet de détecter une pneumonie, une anomalie pulmonaire ou un problème cardiaque qui peut se manifester par une toux
• Épreuves fonctionnelles respiratoires (spirométrie) : mesure la capacité et la réactivité des bronches, utile pour diagnostiquer un asthme
• Scanner thoracique : demandé si la radiographie montre une anomalie qui nécessite des précisions ou en cas de suspicion de cancer, tuberculose ou embolie pulmonaire
• Tests allergologiques : en cas de suspicion d'allergie persistante.
Chez l’enfant, si la toux est soudaine ou unilatérale, la recherche d’un corps étranger inhalé est indispensable, car cela constitue une urgence médicale.
Prévention de la toux persistante
Plusieurs mesures simples permettent de réduire le risque de développer une toux persistante ou d’aggraver une toux existante.
• Aérer quotidiennement son logement au moins 10 à 15 minutes, matin et soir, pour limiter la concentration de polluants et d'allergènes
• Maintenir une humidité suffisante dans les pièces, particulièrement en hiver lorsque le chauffage assèche l'air.
• Nettoyer régulièrement les surfaces et objets fréquemment touchés
• Eviter le tabac, actif ou passif, est l'une des mesures les plus efficaces pour préserver la santé respiratoire
• Limiter l'exposition à la pollution, aux émanations de peintures, aux bougies parfumées et autres irritants
• Se laver les mains régulièrement, surtout en période d'épidémies virales
• Se laver le nez au sérum physiologique en cas de rhinite ou de congestion nasale
• Avoir une hydratation quotidienne suffisante.
Les personnes qui souffrent d'allergies, d'asthme ou de reflux gastro-œsophagien doivent bénéficier d'un suivi médical régulier et d'un traitement adapté pour prévenir l'inflammation chronique des voies respiratoires.
Ce qu’il faut retenir
- La toux persistante est un motif de consultation fréquent, mais elle ne doit jamais être négligée lorsqu’elle dure plus de trois semaines.
- Les causes les plus courantes identifiées par les sources médicales sont les suites d’une infection virale, les allergies respiratoires, l’asthme et le reflux gastro-œsophagien. Chacune nécessite une prise en charge spécifique, d’où l’importance de ne pas utiliser un sirop ou un traitement inadapté.
- Il est également essentiel de connaître les signes d’alerte : fièvre prolongée, essoufflement, perte de poids, douleurs thoraciques, expectoration sanglante ou aggravation progressive. Dans ces situations, une consultation rapide est indispensable.
- Lorsque la cause n’est pas claire ou que les symptômes persistent malgré les mesures de première intention, un avis médical permet d’orienter vers les examens adaptés et le bon traitement. Une téléconsultation peut offrir un premier avis fiable et guider efficacement la prise en charge.
Source :
- Ameli – Toux
- Santé.fr – Toux de l’adulte
- Vidal – Bronchite chronique / BPCO
- Ameli – Enfant et toux
- VIDAL - Toux chez l’adulte
- Manuel MSD - Toux chez les adultes