Dépression post-partum : Un risque accru en cas d’antécédents de dépression liée à une contraception orale ?
C’est un fait, les femmes sont plus sujettes au risque de dépression que les hommes. Et pour beaucoup d’entre elles, les bouleversements hormonaux qu’elles traversent tout au long de leur vie pourraient être en cause. Et si des antécédents de dépression précoce en lien avec la prise d’une contraception orale augmentaient le risque ultérieur de dépression post-partum ? C’est la thèse avancée par des chercheurs danois. On fait le point sur leurs conclusions.
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Les femmes et la dépression
Touchant près de 280 millions de personnes dans le monde, la dépression concerne deux fois plus de femmes que d’hommes. Il faut dire que les différents bouleversements hormonaux qu’une femme rencontre tout au long de sa vie peuvent la rendre plus vulnérable aux épisodes dépressifs.
Parmi ces bouleversements, citons l’expérience de la période périnatale. Couvrant la grossesse, la naissance de l’enfant et la première année suivant l’accouchement, cette période est synonyme de grands changements en termes biologiques, physiologiques, sociaux et émotionnels.
Un vrai tourbillon d’expériences et d’émotions qui n’est pas sans risque puisque 10 à 20% des femmes accouchées dans le monde souffrent de l’une des principales complications suivant l’accouchement : la dépression post-partum.
Dès lors, il semblerait que les hormones féminines puissent jouer un rôle dans l’apparition d’un syndrome dépressif chez certaines femmes. Or, peu d’études scientifiques ont jusqu’à présent été menées sur les liens éventuels entre les différents épisodes dépressifs pouvant se manifester au cours de la vie d’une femme.
Dans ce contexte, une équipe de chercheurs danois a tenté d’estimer le risque de dépression post-partum chez des femmes ayant traversé auparavant un épisode dépressif en lien ou non avec la prise d’une contraception orale.
Dépression liée à une contraception orale et surrisque de dépression post-partum
Une étude à grande échelle
Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques se sont appuyés sur les données du registre national danois. Ils ont ainsi inclus dans l’étude près de 200 000 femmes nées après 1978 et ayant accouché pour la première fois entre le 1er janvier 1996 et le 30 juin 2017. Entre autres critères d’inclusion, toutes avaient déjà eu recours à une contraception orale.
Dans ce panel, la grande majorité des femmes (87,2 %) ne présentait aucun antécédent de dépression. 9,8 % des femmes présentaient un antécédent de dépression sans lien avec la contraception orale. Et 3 % présentaient enfin un antécédent de dépression diagnostiquée et associée à la contraception orale. Dans ce dernier cas, l’épisode dépressif était précoce car survenu dans les six mois après le démarrage de la contraception.
Notons que les femmes ayant souffert d’une dépression en lien avec la contraception orale étaient plus susceptibles d’avoir déjà souffert de plus d’un épisode dépressif que celles ayant eu une dépression sans lien avec la contraception orale.
Un risque de dépression post-partum accru en cas d’antécédents dépressifs liés à une contraception orale
Après analyse des données, ce sont finalement 2 457 femmes qui ont été diagnostiquées comme souffrant de dépression post-partum. Et les chercheurs ont pu observer les résultats suivants :
- Risque de dépression post-partum accru de 35 % chez les femmes ayant un antécédent de dépression liée à la contraception orale par rapport à celles ayant un antécédent de dépression sans lien avec la contraception orale.
- Risque de dépression post-partum réduit de 75 % chez les femmes sans aucun antécédent dépressif par rapport à celles ayant eu une dépression sans lien avec la contraception orale.
Vers une meilleure prévention des dépressions post-partum ?
Publiés dans le JAMA Psychiatry, ces résultats suggèrent que la survenue d’une dépression dans les premiers mois suivant la prise d’une contraception orale pourrait constituer un indicateur de risque de dépression du post-partum. Bien que les mécanismes impliqués ne soient pas encore complètement élucidés, l’équipe de scientifiques soutient l’hypothèse d’un rôle des variations hormonales dans la survenue d’un épisode dépressif chez certaines femmes « hormono-sensibles ».
En attendant que de nouvelles recherches viennent approfondir le sujet, les conclusions de ces premiers travaux s’avèrent intéressantes d’un point de vue clinique. Elles devraient en effet permettre aux praticiens de mieux évaluer le risque de dépression post-partum et de proposer le cas échéant une stratégie de prévention et de prise en charge sur-mesure et adaptée à chaque patiente.
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