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Hématocrite : globules rouges, interprétation des résultats, causes

L'équipe de rédaction de MEDADOM
01/01/25 17:00

L’hématocrite reste parfois méconnu, alors qu’il apporte une vision globale de la qualité du sang. Il révèle la proportion d’éléments figurés, notamment les globules rouges, par rapport au plasma. Cette mesure guide les médecins pour comprendre les variations liées à l’oxygénation des tissus ou l’apparition d’anémies.

Dans les lignes qui suivent, nous aborderons le rôle de l’hématocrite, les valeurs de référence, les facteurs pouvant en modifier le taux et les approches pour en préserver l’équilibre.

 

Échantillon de sang pour analyser l'hématocrite du patient.

 

Qu’est-ce que l’hématocrite ?

 

Définition et rôle dans l’organisme

L’hématocrite est un examen d’hématologie qui permet de mesurer le pourcentage de globules rouges dans le sang. En pratique, il renvoie au volume occupé par les cellules érythrocytaires (globules rouges) dans la totalité du prélèvement sanguin. D’autres éléments figurés, comme les globules blancs (dont les polynucléaires neutrophiles) et les plaquettes, sont présents, mais en moindre quantité.

Les globules rouges se caractérisent par l’absence de noyau et une forte teneur en hémoglobine, protéine chargée de transporter l’oxygène. Cette fonction de transport permet aux organes vitaux, au système immunitaire et à la structure vasculaire de bénéficier d’une oxygénation adéquate.

 

Pourquoi mesure-t-on l’hématocrite ?

Les spécialistes recourent à la mesure de l’hématocrite pour :

  • Déterminer un manque de globules rouges chez des patients atteints de thalassémie, de drépanocytose ou de leucémie.
  • Dépister une anémie grave ou une surproduction de globules rouges.
  • Évaluer la gêne liée à la synthèse de l’hémoglobine (carences en fer, en vitamine B12 ou en acide folique).
  • Surveiller la qualité de l’érythropoïèse (fabrication des globules rouges) dans la moelle osseuse, notamment chez des patients atteints de maladies chroniques.
  • Décider d’une transfusion sanguine unique ou de transfusions sanguines répétées lorsque la situation l’exige (par exemple après un saignement majeur).

 

Un bilan de l’hématocrite est généralement inclus dans la numération formule sanguine, qui renseigne sur le taux de globules rouges, le nombre de globules blancs et les plaquettes. D’autres indicateurs, comme le volume globulaire moyen et la numération globulaire, affinent l’interprétation.

 

Comment interpréter les résultats de l’hématocrite ?

 

Quelles sont les valeurs normales selon l’âge et le sexe ?

Les taux normaux de l’hématocrite fluctuent légèrement selon le sexe et l’âge. Chez l’homme adulte, le pourcentage se situe souvent entre 41 % et 51 %. Chez la femme, il oscille entre 36 % et 47 %. Les nouveau-nés peuvent afficher des taux plus élevés, tandis que les personnes âgées peuvent présenter des chiffres un peu plus bas.

Des variations surviennent aussi au cours de la grossesse, période où la masse sanguine augmente. Les médecins comparent donc l’hématocrite aux valeurs de référence adaptées au profil de chaque individu.

 

Que signifient des niveaux anormaux ?

Un hématocrite anormalement haut évoque parfois une polyglobulie, phénomène qui épaissit le sang et accroît le risque de caillots. Un taux élevé d’hématocrite permet aux muscles de bénéficier de davantage d’oxygène, et de réaliser des performances supérieures. Ainsi, l’augmentation de l’hématocrite est une stratégie de dopage connue (et interdite !) dans le monde du sport.

Inversement, une diminution manifeste de l’hématocrite peut traduire une anémie (baisse du nombre de globules rouges). Les médecins investiguent alors un manque de globules rouges d’origine nutritionnelle (fer, vitamine B12, vitamine folique), immunitaire (destruction excessive) ou liée aux reins (défaut d’érythropoïétine).

 

Quelles sont les causes des variations de l’hématocrite ?

 

Quels sont les facteurs influençant les niveaux ?

Hydratation  La déshydratation concentre les globules rouges et élève artificiellement l’hématocrite.
Altitude  Le manque d’oxygène en altitude pousse l’organisme à produire davantage de globules rouges.
Fonction des reins Une insuffisance rénale limite la sécrétion d’érythropoïétine, abaissant l’hématocrite.
Tabagisme  La fumée réduit la disponibilité de l’oxygène, incitant l’organisme à fabriquer plus de globules rouges.
Alimentation  Des carences en fer ou en acide folique peuvent provoquer une chute de l’hématocrite.

 

 

Quelles sont les maladies liées aux variations ?

Maladie de Vaquez Forme de polyglobulie primitive qui augmente l’hématocrite.
Thalassémie  Altération génétique de l’hémoglobine, souvent associée à un manque de globules rouges fonctionnels.
Drépanocytose  Déformation des globules rouges, favorisant l’obstruction vasculaire et la baisse de l’hématocrite fonctionnel.
Leucémie  Prolifération de cellules anormales dans la moelle osseuse, pouvant perturber la production de globules rouges.
Troubles hépatiques Un dysfonctionnement du foie modifie l’équilibre sanguin.

 

 

Quand faut-il s’inquiéter d’un taux d’hématocrite anormal ?

 

Un hématocrite trop élevé par rapport aux valeurs normales peut apporter des avantages transitoires, mais s’accompagne surtout de risques importants. Le sang s’épaissit et la probabilité de saignements ou d’événements thrombotiques (thrombose) augmente. Les vaisseaux sanguins peuvent également se boucher, augmentant le risque d’AVC.

Un hématocrite anormalement bas, s’il s’accompagne d’essoufflements, de fatigue extrême ou de vertiges, annonce souvent une anémie grave. Dans ce cas, des examens complémentaires (dosage du fer, de la vitamine B12, de l’acide folique, évaluation rénale et hépatique) sont nécessaires.

 

Comment préparer un test d’hématocrite ?

 

Liste de recommandations avant le prélèvement

  • Éviter l’effort physique intense juste avant l’examen, car l’activité musculaire modifie les données cellulaires.
  • Être à jeun selon les consignes du laboratoire afin de contrôler la mesure du glucose et d’autres paramètres.
  • Boire suffisamment d’eau pour éviter la déshydratation.
  • Signaler toute prise médicamenteuse pouvant influer sur la production des globules rouges ou les saignements.
  • Parfois, le médecin peut demander des analyses in vitro plus poussées, en cas de suspicion d’anomalie immunitaire ou de pathologie grave.


Quels sont les traitements pour des niveaux anormaux ?

 

En cas d’hématocrite élevé

  • Saignements thérapeutiques (phlébotomies) : retirer une petite quantité de sang permet d’abaisser l’excès de globules rouges.
  • Modification du mode de vie : stopper le tabagisme et garantir une bonne hydratation.
  • Contrôle d’éventuelles pathologies pulmonaires ou cardiaques, qui accentuerait la hausse de l’hématocrite.


En cas d’hématocrite bas

  • Supplémentation : l’apport contrôlé en fer, en vitamine B12 ou en acide folique aide à stimuler la production d’hémoglobine.
  • Érythropoïétine : ce traitement encourage la numération globulaire lorsque les reins ne la synthétisent pas assez.
  • Transfusions sanguines : une transfusion sanguine peut relever rapidement le taux de globules dans des cas d’anémie grave ou d’hémorragie importante, mais elle nécessite la disponibilité du sang de donneurs adaptés.
L’administration d’érythropoïétine (Epo) Cette hormone stimule la production de globules rouges par la moelle osseuse et est parfois utilisée en cas d’insuffisance rénale chronique ou après certaines interventions médicales.
Une transfusion En cas de baisse sévère et aiguë du taux d’hématocrite, une transfusion de sang permet de compenser rapidement le déficit et d’améliorer l’état général.
Une prise en charge des carences Si la diminution du taux est liée à une carence en fer ou en vitamine B12, une supplémentation ciblée permet de restaurer un équilibre dans la production des cellules sanguines.

 

Comment prévenir les troubles de l’hématocrite ?

Pour maintenir un hématocrite stable, on conseille une alimentation variée et équilibrée enrichie en fer et en vitamines B12 et acide folique (B9), un apport hydrique régulier, un suivi de la fonction rénale et hépatique, ainsi qu’une numération formule sanguine (NFS) périodique, surtout en présence de facteurs de risque familiaux.

Les reins produisent l’érythropoïétine, hormone indispensable à la formation des globules rouges, tandis que le foie participe au métabolisme de multiples nutriments, dont les vitamines du groupe B. Un bilan régulier, allié à un mode de vie sain, limite les fluctuations du taux d’hématocrite.

 

Comment rééquilibrer son taux d’hématocrite ?

 

Selon les cas, le médecin pourra prescrire ou recommander de : 

  • Vérifier la taille des globules et le volume globulaire moyen afin de cibler la source d’une anomalie.
  • Adapter la diète en cas de carence (fer, B12 ou acide folique).
  • Recourir aux saignées modérées en cas de polyglobulie ou de maladie de type Vaquez.
  • Évaluer l’état des reins, du système immunitaire et du foie. Une prise en charge globale évite les récidives et prévient d’éventuelles complications vasculaires.

 

En définitive, l’hématocrite ne se résume pas à un simple pourcentage : il reflète la capacité de l’organisme à oxygéner ses tissus. Selon les résultats, différentes stratégies médicales offrent des leviers d’action pour préserver un taux optimal de globules rouges et prévenir toute complication majeure.

 

Cet article a été produit en collaboration avec le Dr AlainToledano, Président de l’Institut Rafaël et Oncologue Radiothérapeute au centre de radiothérapie Hartmann.

 

Sources :