Marques d'eau en bouteille à éviter : alerte aux microplastiques

Boire de l’eau embouteillée est un geste que beaucoup de personnes considèrent comme anodin. Pourtant, des analyses récentes ont révélé la présence quasi systématique de microplastiques dans plusieurs marques. Ces débris, souvent inférieurs à 5 millimètres, se glissent dans la bouteille à divers stades : fabrication, emballage ou contact avec le bouchon.
Certains lots montrent même des quantités élevées de minuscules fragments pouvant inclure du polypropylène ou du polyéthylène téréphtalate. Que signifient réellement ces noms chimiques ? S’agit-il d’une menace potentielle pour l’organisme ? Diverses recherches suggèrent que ces particules pénètrent dans nos tissus, avec des conséquences encore peu explorées sur la santé.
Afin de mieux comprendre la question, nous examinerons dans un premier temps l’origine et la nature des microplastiques, puis les marques les plus concernées et, enfin, les solutions pour limiter ces expositions.
L’omniprésence des microplastiques
D’où viennent ces fragments invisibles ?
Les microplastiques sont des particules de plastique plus petites qu’un grain de sésame. Ils se forment soit intentionnellement (par exemple, dans certains cosmétiques où l’on retrouve de minuscules billes exfoliantes), soit par la fragmentation progressive d’objets en plastique plus grands.
Dans le contexte de l’eau en bouteille, ces particules peuvent provenir du matériau même, c’est-à-dire la paroi en polyéthylène téréphtalate (souvent abrégé en PET) ou encore du bouchon composé de polypropylène ou de polyéthylène.
Le mot « polypropylène », par exemple, désigne un polymère, c’est-à-dire une longue chaîne de molécules synthétiques dont la structure chimique le rend particulièrement résistant et léger.
Le terme « polyuréthane », quant à lui, s’applique à un groupe de matières plastiques polyvalentes très utilisées dans la fabrication de mousses ou de revêtements. Bien que ces matériaux soient pratiques, leur propension à libérer de très petits fragments lorsqu’ils sont soumis à la chaleur, à la pression ou à l’usure mécanique commence à préoccuper les spécialistes de la santé et de l’environnement.
Pourquoi sont-ils présents dans l’eau que nous buvons ?
Plusieurs facteurs favorisent leur migration dans le liquide. D’abord, l’embouteillage implique des processus de mise en forme et de scellage qui peuvent générer des particules. Ensuite, l’ouverture de la bouteille, le frottement avec le bouchon et le transport sur de longues distances sont autant d’occasions de libérer des microplastiques.
Même le stockage prolongé, surtout en cas d’exposition au soleil ou à la chaleur, peut accélérer la détérioration du plastique et, par conséquent, la libération de micro-fragments.
Quels sont les risques pour l’organisme ?
Les microplastiques, à force d’être ingérés, soulèvent des interrogations. Certains experts évoquent des effets potentiels sur le microbiote intestinal, c’est-à-dire l’ensemble des micro-organismes résidant dans notre tube digestif.
D’autres recherches suggèrent une possible interaction avec le système immunitaire. Cependant, tout n’est pas encore élucidé : ces particules pourraient agir comme des vecteurs de composés chimiques indésirables.
Les études sur l’être humain restent trop rares pour dresser des conclusions formelles, mais des expérimentations sur des mammifères et des organismes marins donnent déjà des signes préoccupants (déséquilibre de la flore intestinale, inflammation ou encore altération de certains tissus).
Comparaison des marques : lesquelles exposent le plus aux microplastiques ?
Un panorama d’analyses récentes
Des analyses menées sur des bouteilles disponibles dans le commerce ont comparé le nombre de particules retrouvées dans des marques variées.
Deux enseignes s’en sortent particulièrement bien : une eau de marque de distributeur (Montclar, gamme Carrefour) et Volvic, pour lesquelles aucune particule n’a été identifiée sur les échantillons étudiés. En revanche, d’autres noms affichent des résultats bien moins rassurants.
Une étude approfondie a recensé des microplastiques pouvant s’échelonner de 1 à plus de 40 microparticules par bouteille, avec des tailles allant d’une dizaine à plusieurs centaines de micromètres. Le type de polymère rencontré diffère selon l’échantillon.
Le polypropylène, souvent utilisé pour les bouchons, se retrouve aisément sous forme de fragments irréguliers, alors que le PET peut se détacher de la paroi interne.
Les marques à éviter
Si quelques bouteilles ne contenaient aucune trace, d’autres affichaient un nombre élevé de microparticules :
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Un format précis chez Vittel (33 cL, souvent destiné aux enfants) recelait plus d’une trentaine de fragments. Polypropylène et autres polymères y étaient détectés en quantités non négligeables.
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Cristaline (dans le format 1 L évalué) contenait plusieurs particules, principalement du polyéthylène et même un fragment de polyuréthane.
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D’autres, comme Vittel 1 L, comptabilisaient un nombre moins important mais qui demeure loin de zéro.
Étant donné qu’un nombre élevé de microplastiques démontre un relargage plus intensif, la prudence invite à écarter prioritairement la référence la plus problématique : la petite bouteille de 33 cL labellisée « Kids » chez Vittel. Elle semble concentrer une fraction conséquente de particules, potentiellement liées au bouchon et aux manipulations fréquentes qu’implique ce petit format.
Surprises et confirmations
Même si certains s’attendaient à voir des niveaux de contamination semblables dans toutes les références, la variété des résultats tend à prouver que la conception de la bouteille, l’origine des matériaux ou encore le degré de recyclage du plastique ont un impact sur la migration des microplastiques. Ainsi, l’étude souligne que des bouteilles en PET recyclé peuvent afficher autant de débris, voire plus, que celles composées de plastique vierge.
Ces divergences dessinent un paysage complexe, où le design et la solidité du contenant jouent vraisemblablement un rôle. On remarque aussi que l’eau gazeuse n’est pas exempte de microscopiques fragments. Certaines bulles se retrouvent dans des bouteilles colorées ou partiellement recyclées, et les examens révèlent parfois plusieurs microparticules, notamment du polyuréthane et du PET.
Vers des solutions et alternatives plus sûres
Privilégier d’autres conditionnements
Même si l’eau du robinet peut être décriée par certains, elle constitue la source hydratante la plus régulièrement contrôlée. Si le goût du chlore rebute, un filtre à charbon actif ou une carafe filtrante adaptée représente une piste de réduction des odeurs.
Une autre option consiste à se tourner vers l’eau vendue dans des contenants en verre. Cette matière ne libère pas de microplastiques et limite ainsi les risques de migration dans la boisson.
Adopter des gestes simples
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Utiliser une gourde en inox ou en verre dès que possible, plutôt que de multiplier l’achat de bouteilles.
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Éviter de laisser trop longtemps l’eau exposée à la chaleur dans sa bouteille en plastique (sur la plage arrière d’une voiture, par exemple).
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Consommer rapidement l’eau après ouverture pour limiter l’éventuel relargage de particules dû aux frottements répétés du bouchon.
Réfléchir à l’impact global
Au-delà de la question sanitaire, la prolifération des microplastiques contribue à la pollution des écosystèmes. Les bouteilles en PET ou en polypropylène, même recyclables, finissent souvent en déchets sauvages ou mal traités, ajoutant des fibres microscopiques à l’environnement.
Les scientifiques du domaine insistent sur la nécessité de renforcer la surveillance et la réglementation, afin de fixer des seuils et des méthodes fiables d’analyse. De nouvelles techniques apparaissent, mais leur harmonisation se fait encore attendre.
Les perspectives d’avenir
Certains fabricants entament des recherches pour concevoir des matériaux moins enclins à se décomposer en mini fragments. Des expérimentations portent sur des polymères plus stables ou des revêtements internes limitant l’usure.
Toutefois, le choix d’opter pour la simplicité, c’est-à-dire abandonner la consommation systématique d’eau en bouteille plastique, reste sans doute l’approche la plus directe pour réduire son exposition.
Sources :
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Agir pour l'environnement - Analyses de micro-plastiques dans des bouteilles embouteillées
- Agir pour l'environnement - Étude exclusive : 78 % des eaux en bouteille analysées contaminées par des microplastiques