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santé et recherche

Passer la nuit sur un brancard aux urgences : un surrisque de mortalité pour les personnes âgées ?

Lorsque les services d’urgences sont saturés, certains patients âgés sont parfois contraints de patienter une nuit entière sur un brancard en attendant de pouvoir être hospitalisés. Une grande étude nationale récemment publiée dans la revue JAMA Internal Medicine atteste pour la première fois d’une surmortalité hospitalière chez ces patients. On fait le point.

 

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Patients âgés : quel impact d'une nuit passée sur un brancard ?



On se souviendra longtemps de l’hiver 2022 durant lequel la triple épidémie de Covid-19, grippe saisonnière et bronchiolite avait littéralement oppressé les services d’urgences. De nombreux patients avaient été contraints de passer au moins une nuit sur un brancard aux urgences en attendant de pouvoir être hospitalisés. Parmi eux, beaucoup de personnes âgées dont les conditions de vie et les affections liées à l’âge causent une fragilité accrue.

 

 

Le risque de mortalité la nuit aux urgences est bien présent.

Si plusieurs études précédemment menées avaient mis en évidence le risque d’aggravation de la mortalité des patients, aucune jusqu’à présent n’avait été en mesure de quantifier ce risque chez les patients âgés. Et dans la littérature scientifique, aucune étude française n’avait sollicité le concours d’autant de services d’urgences.

 

Face à ce constat, des professionnels de l’APHP, de l'Inserm, de Sorbonne Université et de l'université de Rouen ont entrepris d’évaluer le risque de mortalité de patients âgés ayant été contraints de patienter une nuit entière sur un brancard avant de pouvoir être hospitalisés.

 

 

Un surrisque de mortalité hospitalière pour les personnes âgées patientant aux urgences

 

Pour cela, les différentes équipes ont rapidement mis sur pied une grande étude nationale prospective intitulée No bed night. Entre le 12 et le 14 décembre 2022, 1 598 patients de plus de 75 ans hospitalisés après un passage dans l’un des 97 services d’accueil des urgences sélectionnés ont ainsi été enrôlés. L’objectif affiché ? Évaluer l'impact de la surcharge inédite des services d’urgence sur l’état général des patients âgés.

 

Les dates choisies ne l’ont pas été au hasard. Elles correspondent en effet au pic hivernal de la triple épidémie de Covid-19, grippe et bronchiolite. Quant à l’étude, elle s’est faite sur une durée de deux jours, ce qui représente un temps extrêmement court pour une étude mais mobiliser plus longtemps autant d’urgentistes aurait été difficile. 

 

Pour mener à bien cette étude, l'âge, les comorbidités éventuelles et la gravité initiale de l’état de santé de chaque patient ont été pris en compte. Après analyse des données, les scientifiques ont pu dresser les constats suivants : 

 

  • Augmentation d’environ 40% du risque de mortalité hospitalière pour une nuit passée sur un brancard aux urgences.
  • Risque de mortalité doublé pour les patients les plus fragiles, à l'autonomie limitée et ayant besoin d’une assistance quotidienne.
  • 3% des décès auraient pu être évités si l’ensemble des patients de l’étude avait été admis avant la nuit dans une chambre d’hospitalisation.

 

Il convient de préciser que cet impact négatif d’une nuit sur un brancard s’observe aussi sur le risque d’apparition de complications pendant l’hospitalisation. Parmi les complications potentielles, citons les infections nosocomiales, les chutes, les hémorragies ou les phlébites.

 

 

Vers une prise en charge plus rapide des personnes âgées aux urgences ?



Très préoccupants, les résultats de cette étude prouvent donc qu’une nuit passée sur un brancard aux urgences dans l’attente d’une hospitalisation augmente de façon significative la mortalité des patients âgés de plus de 75 ans, et en particulier celle des plus fragiles. Ces conclusions sont d’autant plus inquiétantes que cette étude fournit des éléments chiffrés sur un volume important de patients accueillis dans 97 services d’urgences à travers toute la France. La prochaine étape de ces travaux consistera à déterminer dans quelle mesure la nuit sur un brancard peut affecter la dépendance et l’état fonctionnel de ces patients.

 

Les médecins en sous-effectif entraîne l'accumulation de brancard la nuit aux urgences.

 

En attendant, les auteurs de l’étude insistent sur la nécessité de mettre en place des mesures efficaces pour éviter autant que possible cette surmortalité hospitalière. Ces mesures passent par la poursuite d’un objectif de « zéro lits brancards » aux urgences, en particulier pour les patients de plus de 75 ans. Gageons que les conclusions de cette étude contribueront à l’amélioration de la santé publique et permettront de faire bouger les lignes dans les couloirs des services hospitaliers !

 

 

 

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Sources :