Tribune médicale — quelle place pour la télémédecine ?
Il y a un an, nous écrivions les lignes ci-dessous. Il nous paraît intéressant de republier cet article aujourd'hui, un an après le début de la crise que nous traversons.
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L’épidémie de coronavirus redéfinit les termes de la relation médecin patient. Dans un souci de santé publique, la médecine va devoir se passer pour un temps du contact physique avec le patient.
La télémédecine se développe en France et l’expérience montre que 99 % des patients ayant vécu l’expérience téléconsultation y reviennent. Pourtant, le bilan annuel de l’Assurance Maladie sur le recours à la téléconsultation qui est remboursable en France, datant de septembre 2019 était peu encourageant : 60.000 téléconsultations réalisées contre 500.000 attendues.
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Comment occulter l’émergence de ce nouvel outil qui permettrait de suivre des cas confirmés, voire de repérer des cas possibles, sans risquer une transmission du virus dans une salle d’attente, en cabinet ou aux urgences, avec des patients potentiellement fragiles et ce, sans compter la crainte du médecin pour sa propre santé ou celle de ses proches…?
La régulation médicale du SAMU centre-15 est d’ailleurs une forme de télémédecine. Ces derniers jours, urgentistes du SAMU et médecins généralistes de la permanence des soins font face à un doublement des appels au centre-15. Leur dévotion, bien qu’exemplaire, ne saurait répondre à toutes les demandes, d’autant que le nombre de cas possibles tend à augmenter de façon exponentielle.
Les urgences quant à elles en pleine souffrance, redoutent le patient suspect qui mobilisera, rien que pour lui, les ressources de soignants peu nombreux et épuisés.
Alors oui : la télémédecine peut apporter une partie de la solution mais pas de n’importe quelle manière. On entend que la téléconsultation est offerte aux médecins pour les encourager à téléconsulter leurs patients. Pourquoi n’avaient-ils pas adhéré auparavant ? Cette crise sanitaire pourrait-elle les y pousser ? Qui va les former à cette nouvelle discipline ?
En effet, la téléconsultation ne s’improvise pas. Il y a une attitude, une posture à avoir, il faut se synchroniser avec le patient, maîtriser un minimum l’informatique, s’assurer de la qualité du réseau, savoir gérer des bugs éventuels… et surtout, il faut connaître les bonnes pratiques en télémédecine : qu’est-il possible de prescrire ? que faut-il éviter ? quels sont les écueils possibles, etc.
Alors, la télémédecine une spécialité ? En aucun cas ! La télémédecine est un outil et non une discipline médicale à part entière. Toutes les spécialités y ont accès mais la téléconsultation doit s’apprendre, comme on apprend à se servir d’un stéthoscope ou d’un échographe.
Quid des plateformes médicales jusqu’ici boudées par les tutelles ? La plupart du temps, ce sont des médecins qualifiés, souvent expérimentés, rompus à l’exercice de la télémédecine. Beaucoup d’entre eux gardent une activité en cabinet ou à l’hôpital. Les médecins de ces plateformes réaliseraient 50.000 téléconsultations par mois, remboursables ou non, avec une augmentation récente de 40 %. En cette période de crise sanitaire, peut-on occulter l’action de ces soignants ?
Notre Ministre Olivier Véran a bien compris le rôle de ces nouveaux acteurs et nous attendons avec impatience le décret qui lèvera, au moins pendant un temps, les restrictions imposées au déploiement de la téléconsultation en France.
La question est posée et la place de la télémédecine dans l’avenir du système de soins se joue certainement aujourd’hui. Et si nous laissions les patients décider ?
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Ces lignes ont été écrites par la direction médicale partenaire de MEDADOM
Dr Agnès GEPNER
Dr Yann Kieffer
Aujourd'hui, après cette année difficile, le constat est là :
- 19 millions de téléconsultations ont eu lieu en 2020 contre 320 000 de septembre 2018 à décembre 2019 (selon un article des Echos du 13 Janvier 2021)
- 86% des français connaissent la téléconsultation et 88% en sont satisfaits (selon le sondage Odoxa du 13 janvier 2021).
Pourtant, il y a encore du chemin à parcourir car 55.8% des Français estiment qu’il n’y a pas assez de professionnels de santé dans leur région (selon le baromètre MGEN Confiance et bien-être du 9 décembre 2020).