Les aliments bio ont le vent en poupe. En France, le marché de l’alimentation bio représentait 13 milliards d’euros en 2021 et 6,6% de la consommation alimentaire des ménages.
Et pour cause, 82% des Français pensent que les produits bio sont meilleurs pour la santé et 53% les consomment pour cette raison, d’après le baromètre 2022 réalisé par l’Agence Bio.
Si les produits bio présentent des atouts non négligeables sur l’environnement et le bien-être animal, ont-ils vraiment un intérêt pour la santé ?
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Lorsque l’on parle de « bio », on fait référence aux produits issus de l’agriculture biologique (communément appelée AB en France).
L’agriculture biologique est un mode de production agricole qui vise un meilleur respect de l’environnement : biodiversité, bien-être animal et préservation des ressources naturelles.
Toute la filière, de la production agricole à la distribution, doit respecter un cahier des charges strict, qui respecte les écosystèmes et les animaux.
D’après l’INAO, l’organisme en charge d’encadrer les signes de qualité et de l’origine, l’agriculture biologique est :
Tous les produits bio doivent respecter des règles, qu’ils soient bruts ou transformés, à chaque étape de la filière. Il existe une réglementation européenne (règlement UE 2018/848), ainsi que des textes d’application qui précisent les spécificités pour chaque exploitant.
Pour les cultures végétales, les critères pour un produit bio sont basés sur la prévention des dommages éventuels par des maladies, des ravageurs ou des mauvaises herbes et la préservation des ressources :
La conversion d’une culture conventionnelle à une culture biologique nécessite un délai de carence de 2 à 3 ans, durant lesquels les produits ne peuvent pas être estampillés bio.
Pour l’élevage d’animaux bio, les règles visent principalement au bien-être animal :
Dans l’élevage en bio, les traitements médicamenteux sont très encadrés et ne sont pas utilisés en prévention. En cas d’utilisation d’antibiotiques par exemple, le délai entre le dernier traitement et l’abattage est doublé par rapport au conventionnel. Cette mesure vise à limiter le risque de retrouver des résidus médicamenteux dans la viande.
Les produits transformés bio doivent également respecter certaines contraintes :
Tous les aliments bio produits en Europe présentent un étiquetage particulier, associant le logo bio des mentions complémentaires telles que le code de l’organisme certificateur et l’origine des matières premières (« Agriculture UE / non-UE » ou le nom du pays).
Au niveau de la distribution, qu’il s’agisse de magasins ou de restaurateurs, des règles s’appliquent également, afin de garantir la traçabilité des produits bio.
De façon annuelle, les organismes certificateurs (indépendants et agréés) et les autorités de contrôle vérifient le bon respect de ces dispositions lors de contrôles. Ainsi, en 2021, 124 251 contrôles ont été réalisés d’après l’INAO, dont 2/3 au titre du contrôle annuel obligatoire et 1/3 de contrôles supplémentaires.
Puisque la réglementation bio est la même partout en Europe, la production en agriculture biologique suit les mêmes règles dans toute l’Union Européenne.
En revanche, les produits bio importés de pays tiers peuvent suivre une réglementation différente. Ils doivent alors être accompagnés d’un certificat d’inspection biologique, contrôlé par les instances françaises avant d’être importés.
L’Union Européenne a également conclu des accords commerciaux avec des pays hors-UE, afin de reconnaître des équivalences sur les produits issus de l’agriculture biologique.
L’agriculture biologique s’est développée en 3 phases :
Contrairement aux idées reçues, les aliments bio ne sont pas forcément meilleurs pour la santé.
En effet, si certains additifs sont interdits, la réglementation n’encadre pas pour autant la composition nutritionnelle des produits. Rien n’empêche donc un produit bio d’être autant voire plus sucré, gras ou salé, qu’un aliment conventionnel par exemple.
D’après les différents rapports et études rendus par les institutions publiques, même les produits agricoles bruts ne présentent pas de différences nutritionnelles significatives d’un point de vue nutritionnel. Seule la teneur en polyphénols (des antioxydants) pourrait être supérieure dans les végétaux.
Au-delà de l’aspect nutritionnel, on suppose souvent que les aliments bio sont exempts de pesticides et contaminants. Or, la réglementation bio impose principalement des exigences de moyens (quoi mettre en œuvre) plutôt que de résultats (d’analyse par exemple).
Il est donc possible et légal de retrouver des résidus de pesticides (en quantité limitée) dans les produits bio, même s’ils n’ont pas été utilisés lors de la production. Cela est dû à une rémanence des polluants dans les sols parfois longue et l’épandage de produits phytosanitaires dans des champs voisins.
Ainsi, l’EFSA (Agence Européenne de Sécurité des Aliments) a conclu au terme d’une étude de 2015 que 85,8% des produits issus de l’agriculture biologique étaient exempts de résidus de pesticides, contre seulement 53,3% des produits conventionnels. Au même titre, l’étude Nutri-Net Santé a mis une évidence une teneur inférieure en certains pesticides dans les urines des consommateurs réguliers de bio.
Enfin, l’étude Nutri-Net Santé a également comparé la fréquence d’apparition de cancers et la consommation d’aliments bio. Elle concluait ainsi que « une fréquence plus élevée de consommation d’aliments bio étaient associée à une diminution du risque de cancers ». Cela ne signifie pas pour autant que manger bio réduit forcément le risque de développer un cancer. En effet, les consommateurs réguliers de bio sont souvent plus attentifs à leur alimentation et à leur santé en général, ce qui pourrait également être source de biais.
L’agriculture biologique a avant tout des objectifs environnementaux, écologiques et éthiques. Or, la préservation des ressources de la planète, le respect des sols, de la biodiversité et de la qualité de l’eau pourraient également avoir un rôle à jouer sur notre santé dans le futur.
Tous ces bienfaits du bio ont avant tout un coût : les produits bio sont en moyenne 75% plus chers que les produits conventionnels, selon une étude du magazine Linéaires.
De plus, les gros consommateurs de légumes bio sont également plus exposés à la contamination en cuivre, d’après les résultats de l’étude ESTEBAN. En effet, la bouillie bordelaise, composée de sulfate de cuivre et de chaux est l’un des rares traitements autorisés sur les plantes bio. Ainsi, il est beaucoup utilisé en bio et cela se ressent chez les consommateurs.
Les produits bio ne sont donc pas des produits miracles ou parfaits. Toutefois, ils présentent plus de bienfaits que d’inconvénients et c’est pour cela que le Programme National Nutrition Santé (PNNS) recommande d’en consommer davantage. Toutefois, leur prix pouvant être un frein, il est important de se rappeler que les aliments conventionnels conviennent aussi parfaitement à une alimentation saine et variée.
Auparavant marginaux, les produits bio sont aujourd’hui dans tous les rayons. On les retrouvera donc dans les grandes et moyennes surfaces, en commerce spécialisé (magasins bio par exemple) et même en vente directe du producteur au consommateur.
Certains sites spécialisés permettent également de commander toutes sortes de produits bio, sans bouger de chez soi.
Pour reconnaître un produit bio, il suffit de repérer le label. Il en existe deux en France :
Ces labels certifient que le produit suit un cahier des charges strict et est certifié.
L’utilisation des termes « bio » et « biologique » sur l’étiquetage d’un produit ou dans une publicité est également strictement encadrée. C’est d’ailleurs pour cela qu’un fameux yaourt à l’emballage vert a dû changer de nom en 2005…
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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :