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Prendre du poids : est-ce si facile ?

09/06/23 08:30

Certains en rêvent, d’autres en souffrent : ne pas être capable de prendre du poids, peu importe ce que l’on mange.

D’après l’étude Obepi, 4% des Français seraient concernés par la maigreur selon les critères de l’OMS, toutes causes confondues. Pour certains, il peut s’agir d’une cause pathologique, pour d’autres, d’un état naturel appelé maigreur constitutionnelle.

Pour prendre du poids, il faut consommer plus de calories que l’on en dépense, mais cela ne fonctionne pas toujours…

 

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Prendre du poids ou grossir n’est pas une mince affaire.

 

Pourquoi je n'arrive pas à prendre du poids ?

 

Comment fonctionne la prise de poids ?

 

La prise de poids, tout comme la perte de poids, se produit lors d’un déséquilibre de la balance énergétique. La prise de poids survient donc lorsque les apports caloriques sont supérieurs aux dépenses. En d’autres termes, il faut manger plus de calories que l’on en brûle pour prendre du poids.

Toutefois, cela est beaucoup plus difficile en réalité qu’il n’y paraît. Le corps est en effet programmé pour nous maintenir à des constantes : une température corporelle constante, une glycémie constante et… un poids constant !

Tout comme il est difficile de perdre du poids durablement, il est également difficile d’en prendre durablement, car le corps essaye toujours de nous ramener vers notre poids d’équilibre.

À cela s’ajoute la part génétique : certaines personnes ont naturellement un poids d’équilibre élevé et d’autres un poids bas. De plus, il existe deux façons pour le corps d’augmenter sa masse grasse :

  • L’hypertrophie : les cellules graisseuses (adipocytes) stockent les calories excédentaires en augmentant leur taille et peuvent les remobiliser en cas de manque.
  • L’hyperplasie : le nombre de cellules graisseuses augmente pour stocker l’excédent de calories.

Tandis que l’hyperplasie est probablement irréversible, l’hypertrophie ne l’est pas : dès que le régime hypercalorique (par rapport aux dépenses) s’arrête, les réserves sont utilisées et l’excès de graisses corporelles diminue. Ainsi, si notre mode de prise de poids est plutôt hypertrophique, le poids pris ne pourra perdurer que tant que nous consommerons un excès de calories.

De plus, certaines personnes sont résistantes à la prise de poids, même si les mécanismes l’expliquant ne sont pas tout à fait clairs.

Pour prendre du poids, il est également possible d’augmenter sa masse musculaire, autrement dit, se muscler. Pour cela, il faut associer activité physique et augmentation des apports énergétiques. De la même façon, la prise de masse musculaire n’est pas identique chez tous les individus et doit être entretenue par une activité physique pour perdurer.

 

Comment savoir combien de kilos je dois prendre ?

 

La première question à se poser dans ce cas est la suivante : pourquoi souhaitons-nous prendre du poids ?

On entend régulièrement l’argument qu’être en sous-poids, c’est être en mauvaise santé. Pour affirmer cela, certains se basent sur l’indice de masse corporelle (IMC), qui définit une valeur inférieure à 18,5 kg de poids corporel/m² comme une insuffisance pondérale ou « maigreur ».

En suivant cette logique, si notre IMC se situe en dessous de 18,5, il faudrait alors grossir pour atteindre a minima cette valeur et atteindre la catégorie « normale » de poids (18,5 à 25 kg/m²).

Pour savoir quel poids il faudrait alors peser, il suffit de multiplier 18,5 (la valeur basse de l’IMC « normal ») par sa taille (en m) au carré. Par exemple, pour une personne de 1m65 : 18,5x1,65x1,65 = 50,4kg

Rappelons que l’IMC est une valeur statistique plutôt qu’une évaluation individuelle. Se situer dans l’une ou l’autre des catégories d’IMC ne définit pas que l’on va tomber malade, mais qu’il existe un risque supérieur de développer certaines maladies. Toutefois, il faut distinguer les maigreurs pathologiques (liées à la dénutrition ou à l’anorexie mentale par exemple), des maigreurs non-pathologiques (maigreur constitutionnelle).

Être naturellement mince ou maigre n’est pas forcément signe d’une maladie (cf. paragraphe suivant) et il n’est alors pas nécessaire de grossir.

D’autres raisons peuvent également expliquer pourquoi l’on cherche à prendre du poids :

  • Des motivations esthétiques ;
  • Un souci d’estime de soi, notamment lorsqu’on subit des moqueries ;
  • Pour pratiquer une activité physique à catégorie de poids (judo par exemple)…

De plus, lorsque l’on souffre de son poids bas, on n’est rarement entendu. Comme devenir mince est une volonté commune dans notre pays, ceux qui le sont naturellement n’ont « pas le droit de se plaindre ». Pourtant, ils peuvent également subir des moqueries, être présumés malades ou souffrir de troubles des conduites alimentaires

Il peut être alors judicieux de consulter son médecin traitant et de discuter de ses objectifs avec lui.

 

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Est-ce un signe de maladie de ne pas prendre de poids ?

 

Les maladies qui empêchent de prendre du poids

 

Ne pas réussir à prendre de poids n’est pas systématiquement signe d’une maladie mais parfois, l’impossibilité de prendre du poids peut être causée par une pathologie :

  • Hyperthyroïdie : l’organisme consomme plus de calories que la normale, rendant plus compliquée la prise de poids.
  • Parasitose intestinale : dans le cas du ver solitaire (ténia), le parasite consomme les calories ingérées à la place de l’hôte, provoquant une impossibilité de prendre du poids et une dénutrition progressive.
  • Maladie cœliaque : la malabsorption engendrée par la destruction des microvillosités intestinales empêche le corps de tirer assez de calories des aliments ingérés.
  • Perte d’appétit liée à une pathologie (anorexie) : ulcère gastrique, maladie inflammatoire chronique de l’intestin, dépression… peuvent diminuer l’appétit et les calories ingérées.
  • Trouble des conduites alimentaires (anorexie mentale ou boulimie) : la volonté de ne pas prendre de poids induit des restrictions alimentaires et/ou d’autres pratiques compensatoires (vomissements, sport en excès…).
  • Diabète de type 1 : le glucose (sucre) ingéré ne rentre plus dans les cellules et ne peut plus être utilisé pour prendre du poids.
  • Insuffisance respiratoire, cardiaque ou hépatique, brûlures importantes, cancers, chirurgie importante : l’agression pour l’organisme demande un plus grand apport calorique.
  • Atteintes neurologiques

 

Dans le cadre de ces pathologies, on constate le plus souvent, non pas simplement une difficulté à prendre du poids, mais également une perte de poids, parfois brutale, accompagnée ou non d'une dénutrition.

Toute perte de poids rapide et inexpliquée peut être le signe d’une maladie et il ne faut pas attendre pour consulter un médecin.

 

La maigreur constitutionnelle

 

Toutefois, lorsque l’on a toujours été mince ou maigre, sans explication apparente ni problème de santé, il peut s’agir d’un état non-pathologique d’insuffisance pondérale nommé « maigreur constitutionnelle ». Il n’y a alors ni trouble du comportement alimentaire, ni désordre hormonal ou métabolique pouvant l’expliquer mais les personnes qui en souffrent n’arrivent pas à prendre du poids. La maigreur constitutionnelle a un caractère familial ou héréditaire, mais les mécanismes sous-jacents peinent à être élucidés. On retrouve toutefois des différences au sein de la masse grasse, de la répartition des fibres musculaires (phénotype musculaire) et des médiateurs de la satiété.

Il est difficile d’établir la présence d’une maigreur constitutionnelle car il n’existe pas de critère diagnostics reconnus. Il est fréquent de suspecter une anorexie mentale, puis de découvrir des différences significatives qui orientent vers la maigreur constitutionnelle :

  • La personne ne nie pas être maigre et souhaite prendre du poids.
  • Les menstruations sont toujours présentes chez les femmes.
  • D’autres marqueurs biologiques de la faim et de la satiété diffèrent.
  • Le poids a toujours été bas et il n’y a pas de cassure de la courbe de poids.

 

La seule complication de la maigreur constitutionnelle, au-delà de la résistance à la prise de poids, est la diminution de la masse osseuse avec un risque d’ostéoporose chez un patient sur deux.

Dans le cas d’une maigreur constitutionnelle, il est très difficile de prendre du poids, même en cas de suralimentation. Plusieurs études se sont penchées sur cette question en ajoutant des calories sous forme de lipides dans l’alimentation de personnes en état de maigreur constitutionnelle : même avec une balance énergétique positive, on note une résistance à la prise de poids, suggérant l’existence de voies énergétiques spécifiques et une exception au modèle classique de la régulation du poids.

Ainsi, la résistance à la prise de poids malgré une consommation calorique supérieure aux dépenses représente une situation en miroir par rapport à certains patients obèses, résistants à la perte de poids malgré une balance énergétique négative. Toute compréhension de l’une des situations permettra probablement de mieux comprendre l’autre.

À l’heure actuelle, d’autres études sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et apporter une réponse à la demande de prise de poids des personnes atteintes de maigreur constitutionnelle.

 

 

Comment grossir ?

 

Augmenter ses apports caloriques pour prendre du poids

 

En l’absence de maigreur constitutionnelle, la stratégie pour prendre du poids est d’augmenter ses apports caloriques à un niveau supérieur aux dépenses : il s’agit alors d’un régime hypercalorique.

Toutefois, l’excès calorique peut entraîner une plénitude gastrique et un écœurement, difficiles à tenir sur le long-terme. Il est alors recommandé de fractionner les prises alimentaires, en faisant plusieurs petits repas dans la journée et en consommant des aliments denses en énergie.

 

Que manger et que boire pour prendre du poids rapidement ?

 

Pour augmenter ses apports caloriques et prendre du poids, il peut être intéressant de consommer des aliments denses en énergie :

  • Des matières grasses, notamment des huiles végétales ;
  • Des féculents ;
  • Des protéines d’origines végétale (légumineuses par exemple) et animale, associées à une activité physique, surtout si l’objectif est de prendre de la masse musculaire ;
  • Des fruits secs et oléagineux (noix, amandes)…

Le respect de l’équilibre alimentaire sera alors nécessaire pour obtenir une prise de poids tout en restant en bonne santé.

 

Qui dois-je consulter ?

 

Prendre du poids volontairement nécessite de mettre en place un régime alimentaire particulier. Pour grossir sans mettre sa santé en danger, il est conseillé de consulter un ou plusieurs professionnels de santé :

  • Un médecin généraliste pour discuter des objectifs, évaluer l’état de santé et investiguer une perte de poids récente, une perte d’appétit ou des problèmes de santé annexes.
  • Un médecin-nutritionniste ou un diététicien pour mettre en place les changements alimentaires.
  • Un psychologue en cas de difficultés avec son poids, de mauvaise estime de soi, de moqueries ou de harcèlement par exemple.

 

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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

 

Sources :

  • Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) – Ciqual : Table de composition nutritionnelle des aliments
  • Ameli – Amaigrissement et dénutrition : comment y remédier ?
  • Germain N. Maigreur et résistance à la prise de poids : la preuve du concept. Médecine des Maladies Métaboliques, 10(1) :28-33, 2016
  • Ling Y. Resistance to lean mass gain in constitutional thinness in free-living conditions is not overpassed by overfeeding. J Cachexia Sarcopenia Muscle. 2020 Oct;11(5):1187-1199.
  • Motaib I. P055: Les maigreurs constitutionnelles : quel profil nutritionnel ? Nutrition clinique et métabolisme, Vol 28 - N° S1, 2014, pages S96-S97
  • Pr Estour B. La maigreur constitutionnelle. Annales d'Endocrinologie, Volume 78, Issue 4, September 2017, Page 204
  • Sénat - L'organisation de la recherche et ses perspectives en matière de prévention et de traitement de l'obésité
  • Verney J. Maigreur constitutionnelle : un phénotype musculaire spécifique. Nutrition Clinique et Métabolisme, Volume 31, Issue 3, 2017, Pages 232-233