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Endotests : l’Etat prend en charge et rembourse

L'équipe de rédaction de MEDADOM
20/02/25 16:00

Le gouvernement a annoncé le lancement d’une expérimentation nationale pour le dépistage de l’endométriose à l’aide de tests salivaires, une avancée prometteuse pour les patientes et la communauté médicale. Touchant une femme sur dix en France, cette maladie gynécologique reste encore trop souvent diagnostiquée tardivement.

Cette initiative, officialisée lundi 11 février par la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, s’appuie sur les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), qui avait validé cette approche en octobre 2024. Le test, baptisé Endotest et développé par la startup lyonnaise Ziwig, repose sur le séquençage de l’ARN présent dans la salive, une technologie innovante associée à l’intelligence artificielle pour identifier avec précision les profils biologiques de la maladie.

Au cours des prochains mois, 25 000 patientes âgées de plus de 18 ans pourront bénéficier de cette expérimentation. D’une valeur de 839 euros, ce test sera entièrement remboursé par l’Assurance maladie.

 

Qu’est-ce que l’endométriose ? 

 

L’endométriose est une maladie gynécologique chronique qui se caractérise par la présence anormale de tissus similaires à l’endomètre en dehors de l’utérus.

Schéma MEDADOM qui explique ce qu'est l'endométriose.

Ces tissus, sensibles aux variations hormonales, se développent principalement sur les ovaires, le péritoine ou le rectum, mais peuvent parfois atteindre des organes plus éloignés, comme le foie ou les poumons.

À chaque cycle menstruel, ces cellules réagissent en s’épaississant et en tentant de saigner, provoquant douleurs intenses, inflammation et formation de lésions ou de kystes.

Les symptômes varient d’une femme à l’autre, mais les plus courants incluent des douleurs menstruelles sévères, des douleurs pendant les rapports sexuels, des troubles digestifs et urinaires, une fatigue chronique ainsi que des difficultés à concevoir.

Au-delà des manifestations physiques, l’endométriose peut aussi impacter la santé mentale, entraînant stress, anxiété et parfois dépression.

Schéma MEDADOM sur les chiffres de l'endométriose.

Malgré une prévalence touchant environ une femme sur dix, le diagnostic reste souvent long et difficile, avec un retard moyen de sept ans avant une prise en charge adaptée.

Cette errance diagnostique complique l’accès aux traitements et peut aggraver les lésions, soulignant l’importance de solutions de dépistage précoce, comme le test salivaire actuellement expérimenté.

 

Un outil prometteur, mais pas une solution unique

 

Si l’Endotest suscite de nombreux espoirs, il ne remplacera pas totalement les examens d’imagerie médicale ni la cœlioscopie, qui reste aujourd’hui l’un des seuls moyens fiables pour diagnostiquer certaines formes profondes d’endométriose.

Ce test salivaire sera utilisé en complément, principalement pour les femmes souffrant de symptômes persistants tels que des douleurs chroniques ou une infertilité inexpliquée, avant d’envisager une intervention chirurgicale.

Femme réalisant un Endotest pour détecter une possible endométriose.

"Ce test ne constitue pas un outil de diagnostic de première intention", rappelle Ludivine Doridot. "S’il représente une avancée, il ne permettra pas une détection systématique dès les premiers symptômes. De plus, son remboursement généralisé pour un dépistage de masse semble économiquement difficile à envisager."

Au-delà de son intérêt clinique immédiat, l’Endotest ouvre cependant la voie à de nouvelles avancées scientifiques. "Cet outil est un investissement essentiel pour la santé des femmes et l’innovation médicale. Il pourrait conduire au développement d’algorithmes d’intelligence artificielle permettant d’améliorer la compréhension et le diagnostic de l’endométriose", souligne une chercheuse.

À terme, cette technologie pourrait aller bien au-delà du diagnostic initial. "Si un algorithme est capable d’identifier la présence d’une endométriose, il pourra aussi, demain, évaluer le risque de formes sévères, de complications ovariennes ou d’infertilité", explique le Pr Horace Roman. Une évolution qui permettrait une prise en charge plus personnalisée et adaptée à chaque patiente.

Pour l’instant, ce test est réservé aux patientes prises en charge dans les centres hospitaliers universitaires (CHU), dans le cadre d’une étude qui s’étendra de février 2025 à février 2026. Si les résultats sont concluants, les tests salivaires pourraient être progressivement déployés dans l’ensemble des laboratoires français.

 

Comment fonctionne les endotests ?

 

Endotest : start-up Ziwig

Le test salivaire, baptisé Ziwig Endotest, fonctionne comme un test salivaire classique. Dans l'échantillon de salive prélevé, des microARN, marqueurs biologiques spécifiques de la maladie, peuvent être mis en lumière. Il faut dix jours aux médecins pour obtenir les résultats du test.

"Il s’agit d’un examen de biologie médicale complexe puisqu’il implique la réalisation d’un séquençage haut débit et l’utilisation d’un algorithme conçu par intelligence artificielle au sein d’un laboratoire de biologie médicale spécialisé. Les résultats sont obtenus en une dizaine de jours", explique l'Assurance maladie.

Les femmes pouvant bénéficier de ce test n'ont pas à payer de frais médicaux. Le coût unitaire du test, fixé à 839 euros par patiente, est pris en charge forfaitairement par l'assurance maladie.

 

Quelle prise en charge pour les endotests ? 

Prise en charge du test salivaire ENDOTEST : ce qu’il faut savoir

Le test salivaire ENDOTEST, conçu pour faciliter le diagnostic de l’endométriose, est désormais pris en charge à titre dérogatoire dans le cadre du forfait innovation. Cette prise en charge est cependant limitée à certaines patientes :

  • Celles dont l’imagerie (IRM, échographie) est normale ou peu concluante.
  • Mais qui présentent des symptômes fortement évocateurs et invalidants de la maladie.
  • Ce dispositif est prévu pour une durée de trois ans et concerne 25 000 patientes, dont 2 500 participantes à l’étude Endobest.

 

Qui peut prescrire ENDOTEST ?

Ce test ne peut être prescrit que par un gynécologue et doit être réalisé à l’hôpital.

 

Quel est le montant pris en charge ?

L’Assurance Maladie finance intégralement ce test à hauteur de 839 euros par patiente, un montant couvrant à la fois l’acte médical et les éventuels frais d’hospitalisation.

Au-delà des 2 500 patientes incluses dans l’étude Endobest, 22 500 autres patientes pourront également bénéficier de cette prise en charge, portant le total à 25 000 patientes sur trois ans.

 

Endotest : qu’est-ce que ça change concrètement ?

 

Le test salivaire ENDOTEST représente une avancée majeure, notamment pour les femmes atteintes d’une endométriose dite de stade 1, où la maladie reste superficielle avec des lésions millimétriques. Ces patientes ressentent des douleurs intenses et invalidantes, mais leurs examens d’imagerie habituels (IRM, échographie) ne permettent pas toujours de détecter la maladie.

Jusqu’à présent, dans ces cas, une cœlioscopie sous anesthésie générale était souvent nécessaire pour poser un diagnostic certain. "Avec une caméra insérée dans l’abdomen, nous prélevions une lésion afin de confirmer l’endométriose", explique le Pr Rajeev Ramanah.

Grâce au test salivaire, cette opération pourrait être évitable pour certaines patientes. "Si son efficacité est confirmée, ce test pourrait transformer le parcours de soins et optimiser les traitements médicaux en évitant des interventions lourdes", précise le spécialiste.

Cependant, il rappelle que ce test, bien que prometteur, ne remplace pas toujours la chirurgie. "S’il permet d’identifier la maladie, certaines patientes devront malgré tout être opérées, par exemple pour retirer des adhérences", souligne-t-il.

En facilitant un diagnostic plus précoce, ce test pourrait améliorer la prise en charge des patientes et réduire le délai avant un traitement adapté.

 

Le saviez-vous ? 

En Australie, une équipe de chercheurs explore une autre piste prometteuse : la détection de l’endométriose via une simple prise de sang. Une première mondiale. L'objectif de ce test, appelé PromarkerEndo, est d’identifier des biomarqueurs caractéristiques de la maladie directement dans le plasma sanguin. 

 

 

 

 

Sources :