Durant la première vague de la pandémie de COVID-19, l'hydroxychloroquine a été largement utilisée par certains médecins dans certains pays malgré l'absence de preuves de son efficacité clinique dans cette indication. Une étude récemment publiée dans la revue Biomédecine and Pharmacotherapy vise à estimer le nombre de décès liés à l'hydroxychloroquine à l'échelle mondiale, mettant en lumière les risques associés à son utilisation hors indication.
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L'hydroxychloroquine est un médicament utilisé principalement pour traiter et prévenir la malaria ou paludisme. Elle est également prescrite pour certaines maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde. Sa structure est similaire à celle de la chloroquine, un autre antipaludique.
Au début de la pandémie, en février et mars 2020, l'utilisation de l'hydroxychloroquine a été promue par certains sur la base de rapports préliminaires. Des scientifiques et des médecins ont proposé son utilisation en se fondant sur des résultats suggérant son efficacité potentielle contre le virus.
Dans un contexte d'urgence sanitaire, où il n'existait pas encore de traitement ou de vaccin éprouvé contre le COVID-19, l'hydroxychloroquine a été considérée comme une option prometteuse. Sa disponibilité et son utilisation antérieure dans le traitement de maladies comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde ont contribué à cette perception.
L'hydroxychloroquine a été prescrite de manière off-label ou hors indication, c'est-à-dire pour une utilisation non approuvée par les autorités réglementaires. Cette pratique a été courante malgré l'absence d'essais cliniques concluants à l'époque.
L'objectif principal était d'estimer le nombre excédentaire de décès parmi les patients hospitalisés pour COVID-19 pendant la première vague de la pandémie, attribuables à l'utilisation de l'hydroxychloroquine dans le monde entier.
Les auteurs ont réalisé une revue systématique et une méta-analyse des études de cohorte pour estimer les taux de mortalité et la proportion d'exposition à l'hydroxychloroquine chez les patients hospitalisés dans chaque pays représenté dans les études disponibles. Ils ont effectué une recherche dans la littérature, en utilisant plusieurs bases de données, pour identifier toutes les études publiées rapportant le nombre de patients sous divers traitements examinés dans le cadre de la COVID-19. Ces données couvraient une période commençant au début de la pandémie dans chaque pays (principalement à partir de mars 2020) jusqu'au 17 juillet 2020.
Les taux de mortalité pour chaque pays ont été estimés en utilisant une approche méta-analytique, en regroupant les proportions rapportées dans toutes les études de cohorte incluses. D'autres sources telles que des rapports de surveillance nationale et des analyses régionales ont aussi été utilisées.
L'exposition à l'hydroxychloroquine a été estimée à l'aide des estimations médianes et extrêmes issues de la même revue systématique.
Le nombre de décès parmi les patients hospitalisés a été calculé en multipliant le nombre de patients hospitalisés recevant l'hydroxychloroquine par le taux de mortalité de chaque pays. Le nombre de décès liés à l'exposition à l'hydroxychloroquine a été obtenu en multipliant le nombre estimé de décès en milieu hospitalier par pays et le rapport de cotes de mortalité liée à l'hydroxychloroquine.
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Le nombre de patients traités par hydroxychloroquine pour la COVID-19 variait de 10 018 à 551 417, avec une exposition hétérogène allant de 16% en France à 84% en Espagne. Les taux de mortalité ont été calculés en utilisant des données allant d'une (Belgique) à vingt cohortes (États-Unis). La mortalité toutes causes confondues des patients hospitalisés variait de 6% (Turquie) à 23% (Italie).
En utilisant les estimations médianes de l'utilisation de l'hydroxychloroquine dans chaque pays, il a été estimé que 16 990 décès en milieu hospitalier liés à l'hydroxychloroquine (fourchette de 6 420 à 20 294) se sont produits dans les pays disposant de données. Le nombre médian de décès liés à l'hydroxychloroquine en Belgique, Turquie, France, Italie, Espagne et aux États-Unis était respectivement de 240, 95, 199, 1822, 1895 et 12739.
Les auteurs reconnaissent que leur étude présente des limites. Les résultats obtenus pour des pays comme la France, la Turquie et la Belgique doivent être interprétés avec prudence en raison de données insuffisantes sur l'exposition à l'hydroxychloroquine. Cela a conduit à des estimations plus imprécises pour ces pays.
Une étude menée en France a montré que la prescription d'hydroxychloroquine était très hétérogène et influencée par plusieurs facteurs, notamment la présence de procédures départementales soutenant sa prescription. Cette hétérogénéité pourrait avoir biaisé l'exposition réelle à l'hydroxychloroquine.
Les taux de mortalité ont varié significativement entre les hôpitaux et les régions, influencés par des facteurs tels que l'âge, le sexe, les comorbidités, la capacité des unités de soins intensifs, l'amélioration de la gestion de la COVID-19 et la confiance de la population dans le système de santé national et les politiques liées à la pandémie.
L'étude n'a pas inclus toutes les sources d'incertitude liées aux variables incluses dans les modèles, se concentrant uniquement sur celles liées à l'effet du traitement par hydroxychloroquine. Cela signifie que les décès liés à l'hydroxychloroquine pourraient être considérablement surestimés ou sous-estimés.
Des données importantes, telles que le nombre d'hospitalisations, manquaient pour des pays comme la Chine, la Corée du Sud, la Russie et le Qatar. De plus, l'absence d'études dans des régions comme l'Europe de l'Est, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Scandinavie, l'Afrique et l'Amérique du Sud a probablement conduit à une sous-estimation du nombre de décès liés à l'hydroxychloroquine à l'échelle mondiale.
En conclusion, cette étude souligne les risques significatifs associés à l'utilisation hors indication de l'hydroxychloroquine durant la première vague de la pandémie de COVID-19, mettant en lumière les dangers de la prescription de médicaments sans preuves solides d'efficacité et de sécurité, et appelle à une approche plus prudente et fondée sur des données probantes dans la gestion des crises sanitaires futures.
Sources :