Une morsure de tique peut sembler anodine. Pourtant, elle peut transmettre la maladie de Lyme, première borréliose bactérienne en France. Les tiques, petits acariens hématophages, prélèvent le sang de leurs hôtes pour boucler leur cycle. Ce danger sanitaire exige des gestes préventifs clairs et une réaction appropriée dès l’exposition.
Elles passent par trois stades – larve, nymphe, adulte – et recherchent un repas sanguin à chaque étape. La nymphe, active au printemps, porte à elle seule la majorité des transmissions à l’être humain, car elle est assez petite pour passer inaperçue.
La piqûre de tique ancre un rostre harponnant la peau. La bactérie Borrelia migre alors vers les glandes salivaires ; plus la tique reste fixée, plus le risque d’infection augmente.
Au-delà de 24 h, la probabilité de transmission grimpe fortement. Borrelia est une bactérie en forme de spire, appelée spirochète, capable de se déplacer dans les tissus et d’échapper partiellement aux défenses immunitaires ; une fois inoculée, elle se multiplie lentement avant de diffuser par voie sanguine et lymphatique. L’érythème migrant, plaque rouge en expansion, en est souvent le premier signe.
Ixodes ricinus prospère dans les massifs feuillus et humides sous 1 500 m : Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne, Limousin. Le réchauffement climatique favorise son extension vers l’ouest et l’altitude ; la surveillance épidémiologique indique une progression régulière depuis quinze ans.
Parcs urbains ombragés, jardins privés et lisières forestières hébergent aussi ces arthropodes d’avril à octobre, période d’activité maximale.
Randonneurs, chasseurs, jardiniers et professionnels forestiers s’exposent fréquemment. Le port de shorts, le jardinage à genoux sans protection et le couchage directement sur l’herbe prolongent le temps de contact et majorent la probabilité d’attachement du parasite.
Humidité, broussailles hautes, présence de gibier et absence de sentiers entretenus augmentent la rencontre avec la nymphe, stade le plus discret (1–3 mm).
Restez sur les cheminements dégagés, évitez fougères et tapis de feuilles, n’étendez pas une couverture directement sur l’herbe humide et secouez-la avant de repartir.
Dès le retour puis le lendemain, examinez corps et cuir chevelu, surtout plis et zones fines, à la recherche d’une tique sous la peau. Une douche rapide aide parfois à déloger un parasite non fixé.
Pour retirer une tique, saisissez là au ras de la peau avec un tire-tique, tirez lentement sans torsion ; cette action limite la régurgitation salivaire. Éther, alcool, huile ou flamme sont à proscrire.
Lavez à l’eau savonneuse, appliquez un antiseptique. Notez toute réaction à une morsure de tique au cours des jours suivants.
Consignez la date précise : repérer toute zone rouge autour de la piqûre ou signe général.
Fièvre légère, céphalées, myalgies ou malaise peuvent accompagner l’érythème migrant. L’association tique et fièvre ou une lésion qui s’étend (diamètre > 5 cm) justifie un avis médical. Retenez aussi les signes d’une morsure de tique multiples ou disséminées.
Une consultation est recommandée en cas d’immunodépression, de grossesse ou si la durée d’attachement reste inconnue. Les centres spécialisés MVT évaluent le risque entre morsure de tique et maladie de Lyme.
Amoxicilline ou doxycycline durant 14–21 jours sont proposés quand un érythème migrant ou des manifestations systémiques sont confirmés.
Une extraction dans les 12 h diminue nettement la charge bactérienne inoculée et réduit le risque de dissémination.
Aucun vaccin humain n’est disponible en France ; la prophylaxie repose donc sur les mesures mécaniques et chimiques décrites plus haut.
Le médecin surveille la cicatrice un mois ; en cas de signes tardifs (arthralgie, troubles neuro-sensoriels), il prescrit une sérologie en deux étapes et adapte l’antibiothérapie.
Retirez le fragment avec une aiguille stérile ou consultez ; désinfectez pour éviter surinfection cutanée.
Non ; 2 % à 20 % des Ixodes hébergent Borrelia, mais on ne peut pas identifier l’insecte à l’œil nu ; agir comme si elle était infectée reste prudent.
Pas toujours. Certaines formes sont asymptomatiques. Surveillez 30 jours même si la tique provenait d’un animal ; le couple tique chien et transmission humaine rappelle l’importance de traiter les animaux domestiques.
Sources :
Santé Gouv - Maladie de Lyme. Août 2024.
AMELI - Morsure de tique et prévention de la maladie de Lyme : que faire ? Avril 2025.
Santé Publique France - Borréliose de Lyme. Janvier 2025.