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Nouveaux résultats sur les polluants organiques persistants ?

L'équipe de rédaction de MEDADOM
novembre 2025

Les polluants organiques persistants (POP) représentent une menace invisible mais bien réelle pour notre santé et notre environnement. Leur utilisation est de plus en plus réglementée. Une récente étude française apporte des nouvelles encourageantes sur la réduction de notre exposition à ces substances toxiques.

 

Les polluants organiques persistants : une menace pour la santé

Polluants organiques persistants rejetés dans l'air

Qu'est-ce que les POP ? 

Les POP englobent une variété de substances chimiques, notamment des pesticides organochlorés, des biphényles polychlorés (PCB), des éthers diphényliques polybromés (PBDE) et des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS).

On les trouve dans de nombreux produits du quotidien comme :

  • les plastiques,
  • les appareils électroniques,
  • les peintures,
  • les textiles
  • et même certains produits alimentaires.

Leur caractéristique principale est leur persistance : ils se décomposent très lentement, ce qui leur permet de se répandre largement dans l'environnement, de voyager sur de longues distances et de s'accumuler dans les chaînes alimentaires, phénomène connu sous le nom de bioamplification.

 

Quels sont les impacts sur la santé humaine ? 

L'exposition aux POP est associée à divers problèmes de santé graves. Ces substances peuvent perturber les systèmes endocriniens en imitant ou en interférant avec les hormones naturelles du corps. Elles peuvent également provoquer un stress oxydatif, entraîner des inflammations et avoir des effets immunotoxiques.

Les conséquences potentielles incluent un risque accru de cancers, des troubles de la reproduction tels que l'infertilité et des anomalies congénitales, ainsi que des maladies cardiovasculaires et métaboliques comme le diabète de type 2 et l'obésité. De plus, certains POP sont suspectés d'affecter le développement neurologique chez les enfants.

 

Une exposition en diminution grâce aux politiques publiques

 

Quelles sont les mesures réglementaires ?

Conscients des dangers posés par les POP, les gouvernements et les organisations internationales ont adopté des mesures pour limiter leur utilisation et leur diffusion.

La Convention de Stockholm, signée en 2001 par de nombreux pays, dont la France, vise à éliminer ou réduire la production et l'émission de ces polluants à l'échelle mondiale.

En France, des substances comme les PCB sont interdites depuis 1987. Ces mesures incluent également des directives pour la gestion des stocks existants et la réduction des émissions non intentionnelles.

 

Les résultats de l'étude du CESP

Des chercheurs du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP) ont mené une étude approfondie pour mesurer les niveaux de 73 POP dans le sang de 468 femmes participant à la cohorte E3N Générations. Les échantillons sanguins, prélevés entre 1994 et 1999, ont été conservés dans une biobanque, permettant une analyse rétrospective précieuse.

Les résultats ont révélé que 41 de ces substances étaient présentes à des niveaux significatifs chez plus de 75 % des participantes, indiquant une exposition généralisée à ces polluants durant les années 1990.

En comparant ces résultats avec des études plus récentes menées entre 2006 et 2016, notamment l'Étude nationale nutrition santé (ENNS) et l'étude Esteban, les chercheurs ont observé une diminution notable des niveaux de nombreux POP dans le sang des participants.

Cette tendance positive suggère que les mesures réglementaires ont eu un impact significatif sur la réduction de l'exposition de la population à ces substances toxiques.

Cependant, il est important de noter que certains POP émergents ou de nouveaux substituts chimiques n'ont pas été inclus dans ces analyses, ce qui pourrait masquer des expositions persistantes ou nouvelles.

 

Profils d'exposition et facteurs déterminants

 

Identification de six profils d'exposition

L'étude a permis de définir six profils distincts d'exposition aux POP, chacun caractérisé par une exposition plus élevée à certaines substances spécifiques.

Par exemple, un profil était associé à une exposition plus forte aux PCB et aux nonachlores, un autre aux pesticides organochlorés et à certains PCB, et un troisième aux PFAS. D'autres profils concernaient l'exposition aux PBDE, qui sont utilisés comme retardateurs de flamme dans de nombreux produits de consommation.

 

Les facteurs influençant l'exposition

Plusieurs facteurs individuels, socio-démographiques et comportementaux ont été associés à ces profils d'exposition. L'alimentation joue un rôle majeur dans l'exposition aux POP.

La consommation de poissons gras, par exemple, peut augmenter l'exposition aux PCB et aux pesticides organochlorés, car ces substances s'accumulent dans les tissus adipeux des animaux marins.

De même, une consommation élevée de fruits et légumes non biologiques peut être une source d'exposition aux pesticides. La consommation de produits laitiers et de viandes grasses est également un vecteur potentiel.

Le lieu de résidence est un autre facteur important. Les personnes vivant à proximité de sites industriels ou agricoles peuvent être exposées à des niveaux plus élevés de POP.

L'âge et le sexe influencent également l'exposition, car les POP s'accumulent au fil du temps dans l'organisme, et les femmes peuvent éliminer certaines de ces substances lors de la grossesse et de l'allaitement, transférant ainsi les POP au fœtus ou au nourrisson.

Les variations de poids corporel jouent un rôle en raison de l'accumulation des POP dans le tissu adipeux. Une perte de poids rapide peut libérer ces substances dans la circulation sanguine, augmentant temporairement leur concentration dans le sang.

 

Implications pour la santé publique

Comprendre ces profils d'exposition et leurs déterminants est essentiel pour élaborer des stratégies de prévention efficaces. En ciblant les facteurs modifiables, comme les habitudes alimentaires ou les pratiques agricoles, il est possible de réduire davantage l'exposition aux POP.

Les politiques de promotion d'une alimentation saine, l'encouragement à consommer des produits biologiques et la sensibilisation du public aux sources potentielles de POP peuvent contribuer à limiter leurs impacts sur la santé.

 

 

Sources :