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Potassium élevé dans le sang (hyperkaliémie)

L'équipe de rédaction de MEDADOM
novembre 2025

L’hyperkaliémie se caractérise par un excès de potassium dans le sang. Il s’agit d’un trouble électrolytique qui touche 1 à 10 % des patients hospitalisés selon les services qui ne provoque pas de symptômes visibles en cas de forme légère. Les causes de cette anomalie sont multiples : maladies rénales, traitements médicamenteux ou encore troubles métaboliques.

MEDADOM vous informe sur l’hyperkaliémie, quelles en sont les causes, les symptômes possibles et les traitements habituellement recommandés.

 

 

Qu’est-ce que l’hyperkaliémie ?

 

Définition du potassium et de son rôle dans l’organisme

Le potassium est un minéral essentiel. Environ 98 % du potassium de l'organisme se trouve à l'intérieur des cellules et seulement 2 % circule dans le sang.

C'est cette petite fraction extracellulaire qui est mesurée lors d'un bilan sanguin et dont les variations peuvent avoir des conséquences importantes.

Le potassium fait partie des électrolytes sanguins, c’est-à-dire des ions présents dans le sang qui contribuent à l’équilibre hydrique, à la contraction musculaire, au maintien du rythme cardiaque et à la transmission des signaux nerveux.

Sa concentration dans l’organisme doit rester stable : un taux de potassium normal se situe entre 3,5 et 5,0 mmol/L. Lorsqu'on mesure un potassium plasmatique élevé (> 5,5 mmol/L), on parle d'hyperkaliémie.

 

Les reins permettent sa régulation en éliminant l’excès dans les urines. Lorsque la fonction rénale est altérée ou qu’un déséquilibre a lieu, un taux de potassium sanguin élevé peut devenir dangereux pour le cœur et nécessiter une surveillance médicale.

 

À partir de quand parle-t-on d'hyperkaliémie ?

On parle d’hyperkaliémie quand la concentration de potassium dans le sang dépasse 5,5 mmol/L. On peut qualifier sa sévérité comme suit : 

  • Hyperkaliémie légère : 5,5 à 5,9 mmol/L
  • Hyperkaliémie modérée : 6,0 à 6,4 mmol/L 
  • Hyperkaliémie sévère : supérieure à 6,5 mmol/L.

Un taux élevé de potassium correspond donc à un excès de potassium dans le corps.

Test sanguin pour détecter un potassium élevé

Potassium trop haut : quels risques ?

Plus le chiffre est élevé (et plus il monte vite), plus le risque de troubles du rythme cardiaque augmente.

Bien que souvent asymptomatique dans sa forme légère, l'hyperkaliémie peut engager le pronostic vital en cas d'élévation rapide ou sévère.

Le lien entre taux de potassium élevé et cancer s’observe dans des contextes précis comme le syndrome de lyse tumorale, une atteinte rénale ou les effets secondaires de certains traitements anticancéreux.

Ces situations spécifiques peuvent parfois provoquer une libération massive de potassium ou une diminution de son élimination et nécessiter une surveillance biologique régulière.

 

Quelles sont les causes d’un taux de potassium élevé ?

 

Quelles sont les causes fréquentes d’un taux de potassium élevé ?

Comprendre pourquoi le potassium augmente dans le sang permet de mieux prévenir et traiter ce trouble. Voici les causes d’hyperkaliémie les plus fréquemment rencontrées :

 

Causes rénales et hormonales

L'insuffisance rénale et potassium Elle représente la première cause d'hyperkaliémie. Lorsque la fonction rénale diminue, les reins ne parviennent plus à éliminer correctement le potassium dans les urines, ce qui provoque un taux de potassium trop élevé.
L’insuffisance surrénalienne La maladie d'Addison ou un déficit en aldostérone (hormone qui régule l'élimination du potassium) empêchent les reins d'éliminer normalement le potassium, même lorsque leur fonction est préservée.

 

Causes médicamenteuses

Certains médicaments qui augmentent le potassium sont aussi une cause fréquente d'hyperkaliémie :

  • Inhibiteurs du système rénine-angiotensine (IEC et ARA II) prescrits contre l'hypertension ;
  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ;
  • Héparines (anticoagulants) ;
  • Diurétiques spécifiques (spironolactone, amiloride, éplérénone) ;
  • Immunosuppresseurs (ciclosporine, tacrolimus) ;
  • Certains antibiotiques (triméthoprime, présent dans le Bactrim).

 

Troubles de redistribution du potassium

Le potassium peut également sortir des cellules pour passer dans le sang en cas de :

  • Acidose métabolique (diabète décompensé, insuffisance rénale sévère) ;
  • Rhabdomyolyse (destruction musculaire importante) ;
  • Syndrome de lyse tumorale ;
  • Brûlures étendues ;
  • Hémolyse ;
  • Déficit en insuline (en cas par exemple de diabète non contrôlé) ;
  • Exercice physique intense et prolongé.

 

Apports excessifs en potassium

Moins fréquents comme cause isolée, les apports excessifs peuvent provenir de :

  • Suppléments de potassium mal dosés ou pris sans avis médical ;
  • Substituts de sel riches en chlorure de potassium ;
  • Perfusions intraveineuses contenant du potassium ;
  • Alimentation extrêmement riche en potassium (rare).

 

Fausse hyperkaliémie

Il s'agit d'une élévation artificielle du taux de potassium, fréquente en pratique, liée à des problèmes lors du prélèvement sanguin :

  • Hémolyse ;
  • Garrot posé trop longtemps ;
  • Excès important de plaquettes ou de globules blancs.

Dans ces situations, le taux réel de potassium dans l'organisme est normal. Un nouveau prélèvement permet de confirmer ou d'infirmer le diagnostic.

 

Autres facteurs à ne pas négliger

Au-delà des causes médicales directes, plusieurs éléments peuvent influencer le taux de potassium :

  • Âge avancé (la fonction rénale diminue) ;
  • Déshydratation (baisse de la capacité d’élimination rénale du potassium) ;
  • Diabète (augmentation du risque à long terme) ;
  • Association de plusieurs médicaments à risque (IEC + AINS par exemple).

 

Potassium élevé et stress : quel lien ?

Le stress seul ne provoque pas d'hyperkaliémie : les hormones du stress (adrénaline et cortisol) tendent plutôt à faire baisser le potassium.

Cependant, le stress peut indirectement intervenir de plusieurs façons :

  • En aggravant une maladie existante (diabète, insuffisance rénale).
  • En perturbant des traitements ou des habitudes alimentaires.
  • Par l'exercice physique intense qui libère temporairement du potassium.

 

Chez les personnes déjà à risque, certaines situations peuvent déstabiliser l'équilibre :

  • Infections ou fièvre prolongée ;
  • Jeûne ou régimes très restrictifs ;
  • Constipation sévère prolongée ;
  • Utilisation de substituts de sel riches en potassium sans avis médical.

 

Quels sont les symptômes d’une hyperkaliémie ?

 

Quels sont les signes à surveiller pour du potassium élevé dans le sang ?

L'hyperkaliémie est souvent qualifiée de trouble aux symptômes silencieux. Dans sa forme légère à modérée, elle ne provoque généralement aucun signe visible.

Les symptômes de l’hyperkaliémie quand ils sont présents restent souvent discrets et non spécifiques :

  • Faiblesse musculaire ou fatigue inhabituelle.
  • Fourmillements ou engourdissements (paresthésies), notamment autour de la bouche ou aux extrémités.
  • Nausées ou inconfort digestif.
  • Sensation de malaise général.

 

Quand consulter en urgence pour une hyperkaliémie ?

L'hyperkaliémie peut constituer une urgence médicale selon sa sévérité et ses symptômes. Contactez les urgences sans délai (15 ou 112) si vous ou un proche présentez l'un de ces symptômes :

  • Palpitations importantes ou sensation de battements cardiaques très irréguliers ;
  • Troubles du rythme cardiaque (arythmie cardiaque) : rythme trop lent, irrégulier ou chaotique ;
  • Douleur thoracique ;
  • Malaise, vertiges importants ou perte de connaissance ;
  • Faiblesse musculaire intense et progressive, pouvant aller jusqu'à la paralysie ;
  • Difficultés respiratoires.

 

Les troubles du rythme cardiaque peuvent évoluer vers un arrêt cardiaque. Le risque ne dépend pas uniquement du taux de potassium, mais aussi :

  • De la rapidité d'installation de l'hyperkaliémie (une augmentation rapide est plus dangereuse qu'une élévation progressive) ;
  • De l'état du cœur de la personne ;
  • De la présence d'anomalies à l'électrocardiogramme (ECG).

C'est pourquoi une hyperkaliémie peut être dangereuse même avec un taux modérément élevé si elle est installée brutalement ou chez une personne cardiaque.

 

Quand consulter un médecin ?

Consultez votre médecin dans les 24-48 heures si vous présentez :

  • Des symptômes inhabituels : faiblesse musculaire progressive, fourmillements persistants, nausées ;
  • Des facteurs de risque d'hyperkaliémie : insuffisance rénale, diabète, prise de médicaments à risque (IEC, AINS, diurétiques) ;
  • Un résultat de prise de sang montrant une hyperkaliémie légère à modérée.

 

Quels examens permettent de diagnostiquer une hyperkaliémie ?

 

Analyse de sang (ionogramme)

Le diagnostic de l'hyperkaliémie repose sur plusieurs examens médicaux recommandés, notamment une prise de sang de mesure du potassium élevé.

Le dosage du potassium fait partie de l'ionogramme sanguin, une analyse sanguine qui mesure les principaux électrolytes dans le sang.

On réalise cette analyse lors d'un bilan de routine chez les personnes à risque, en cas de symptômes évocateurs ou pour surveiller un traitement ou une maladie chronique.

Les résultats permettent de confirmer le diagnostic et d'évaluer la sévérité.

 

ECG (électrocardiogramme)

L'électrocardiogramme (ECG) est systématiquement réalisé dès qu'une hyperkaliémie est confirmée. Cet examen permet d'évaluer le retentissement de l'excès de potassium sur le cœur pour juger de l'urgence de la situation.

L'ECG peut révéler des anomalies caractéristiques de l'hyperkaliémie comme des modifications de certaines ondes cardiaques.

Ces anomalies constituent une urgence médicale, car elles précèdent les troubles du rythme graves comme les arythmies ventriculaires ou l'arrêt cardiaque.

Le risque cardiaque dépend davantage des modifications visibles sur l'ECG que du chiffre de potassium seul. C'est pourquoi cet examen est indispensable, même si aucun inconfort ou symptôme n’est ressenti.

 

Quels traitements en cas de potassium élevé ?

 

En cas d’hyperkaliémie légère

Potassium élevé, que faire  ? Lorsque l'hyperkaliémie est légère (5,5 à 5,9 mmol/L) et sans anomalie à l'ECG, le traitement de l'hyperkaliémie repose sur des mesures simples :

  • Arrêt ou ajustement des médicaments responsables ;
  • Régime pauvre en potassium ;
  • Médicaments chélateurs de potassium ;
  • Si l'hyperkaliémie est liée à une déshydratation, une acidose ou un diabète déséquilibré, le traitement de ces problèmes permet souvent de normaliser le potassium.

Des contrôles sanguins réguliers permettent de vérifier l'efficacité du traitement et d'ajuster la prise en charge si nécessaire.

 

Est-ce grave d'avoir trop de potassium ?

Une hyperkaliémie légère n'est généralement pas dangereuse si elle est bien prise en charge. Le vrai danger apparaît si le potassium continue d'augmenter ou s'installe rapidement.

 

En cas d’hyperkaliémie sévère

Que faire en cas de diagnostic d'hyperkaliémie sévère ?

Le danger du potassium élevé se situe au niveau des anomalies à l'ECG qui constituent une urgence médicale car elles peuvent provoquer un arrêt cardiaque. Le traitement doit être immédiat, traditionnellement à l'hôpital.

La prise en charge combine plusieurs traitements selon un ordre précis:

  • Une injection intraveineuse de gluconate de calcium (ou chlorure de calcium) est administrée en premier pour stabiliser le muscle cardiaque et le protéger des effets du potassium élevé.

  • On utilise ensuite l'insuline associée à du glucose en perfusion intraveineuse (action en 15 à 30 minutes), du salbutamol en nébulisation ou injection et parfois des bicarbonates de sodium en cas d'acidose métabolique associée.

  • En parallèle, des traitements permettent d'éliminer réellement le potassium du corps. En cas d'hyperkaliémie réfractaire ou d'insuffisance rénale sévère, l'hémodialyse en urgence est le traitement le plus efficace pour éliminer rapidement le potassium.

Pendant le traitement, une surveillance cardiaque continue, des contrôles réguliers de la kaliémie et des ECG répétés permettent d'adapter le traitement et de s'assurer de l'efficacité des mesures prises.

Une fois l'urgence maîtrisée, il est essentiel d'identifier et de traiter la cause de l'hyperkaliémie pour éviter les récidives.

 

Peut-on prévenir l’hyperkaliémie ?

 

Conseils pour les patients à risque

Si vous êtes à risque, respectez les contrôles sanguins prescrits par votre médecin, même en l'absence de symptômes. Le dosage des ions sanguins (ionogramme) permet de détecter précocement une élévation du potassium avant qu'elle ne devienne dangereuse.

Apprenez aussi à reconnaître les symptômes à surveiller qui doivent vous amener à consulter rapidement :

  • Faiblesse musculaire inhabituelle ;
  • Fourmillements persistants (notamment autour de la bouche ou aux extrémités) ;
  • Nausées inexpliquées ;
  • Palpitations ou sensation de battements cardiaques irréguliers.

Si votre médecin vous recommande un régime pauvre en potassium, limitez les aliments les plus riches. Faire tremper les légumes plusieurs heures dans l'eau (en changeant l'eau), et les cuire dans une grande quantité d'eau permet d'éliminer une partie du potassium.

Enfin, prévenez systématiquement votre médecin et votre pharmacien avant de prendre un nouveau médicament (même sans ordonnance !) car certains peuvent interagir avec vos traitements ou augmenter votre potassium.

 

Ce qu’il faut retenir sur le potassium élevé

 

  • L'hyperkaliémie correspond à un excès de potassium dans le sang (> 5,5 mmol/L).
  • Quelles sont les causes d'un excès de potassium ?
    • Les principales causes sont l'insuffisance rénale, certains médicaments, des troubles métaboliques et plus rarement les apports excessifs en potassium.
  • Les symptômes restent souvent discrets. Contactez les urgences en cas de palpitations importantes, troubles du rythme cardiaque, douleur thoracique, malaise ou paralysie progressive.
  • Comment faire baisser le potassium dans le sang ?
    • En cas d'hyperkaliémie légère, on ajuste les médicaments, adopte un régime pauvre en potassium et utilise des chélateurs. En cas d'hyperkaliémie sévère, une prise en charge hospitalière urgente est nécessaire.
  • Est-ce grave d'avoir trop de potassium ?
    • Une hyperkaliémie légère bien prise en charge n'est généralement pas dangereuse. 
  • Que faire en cas de potassium élevé ?
    • Si vous êtes à risque, respectez vos contrôles sanguins, surveillez les symptômes d'alerte, limitez les aliments riches en potassium et informez toujours votre médecin avant de prendre un nouveau médicament.

 

 

 

 

FAQ

 

Un taux de potassium élevé est-il toujours grave ?

Une hyperkaliémie légère sans anomalie à l'ECG est habituellement bien tolérée et se corrige facilement. Le vrai danger apparaît en cas d'hyperkaliémie sévère ou d'anomalies cardiaques à l'ECG pouvant provoquer des troubles du rythme graves.

Est-ce que l'alimentation seule peut provoquer une hyperkaliémie ?

Chez une personne ayant des reins en bonne santé, l'alimentation seule ne provoque quasiment jamais d'hyperkaliémie car les reins éliminent naturellement l'excès de potassium.

Peut-on vivre avec une hyperkaliémie chronique ?

On peut vivre avec une hyperkaliémie chronique légère si elle est bien surveillée et contrôlée, mais elle nécessite un suivi médical rigoureux pour éviter qu'elle ne s'aggrave et provoque des complications cardiaques.

Quels aliments éviter en cas d'hyperkaliémie ?

Les principaux aliments riches en potassium à éviter ou limiter sont les bananes, fruits secs (dattes, figues, abricots secs), avocat, chocolat noir, pommes de terre (surtout frites), épinards, tomates, légumineuses (haricots, lentilles), fruits à coque (amandes, noix) et les substituts de sel enrichis en potassium.

 

 

Sources :