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Quétiapine : que se passe-t-il avec ce médicament ?

Rédigé par L'équipe de rédaction de MEDADOM | 14/05/25 06:30

La quétiapine, un antipsychotique atypique, fait l’objet de fortes tensions d’approvisionnement en France. Un antipsychotique atypique est un médicament qui agit sur plusieurs récepteurs cérébraux pour stabiliser l’humeur, réduire les épisodes psychotiques et atténuer certains symptômes de la dépression sévère.

Cette substance est essentielle dans la prise en charge de troubles psychiatriques comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire.

Toutefois, un problème de production chez un fabricant international a engendré une disponibilité limitée des principales formes de quétiapine, vendues sous le nom de Xeroquel LP et ses génériques. Les autorités de santé, en lien avec des sociétés savantes et des instances européennes, mettent en place différentes mesures pour éviter la rupture totale et préserver les traitements en cours.  

 

Origine et mécanisme de la pénurie

 

La fabrication de la quétiapine repose sur une chaîne de production complexe impliquant plusieurs étapes et acteurs internationaux. Un seul incident peut perturber l’approvisionnement mondial lorsque les capacités de production sont concentrées dans quelques sites industriels.

Dans ce cas précis, le producteur Pharmathen International a rencontré un dysfonctionnement qui a eu un impact direct sur la disponibilité de plusieurs dosages : 50 mg, 300 mg et 400 mg, tous sous forme de libération prolongée.

La libération prolongée, également appelée LP, se caractérise par une diffusion du principe actif sur plusieurs heures afin de maintenir une concentration stable dans le sang, ce qui permet souvent de diminuer la fréquence des prises quotidiennes.

Face à cette difficulté, les autorités françaises ont instauré un contingentement quantitatif, c’est-à-dire une répartition contrôlée des stocks, et ont suspendu les exportations par les grossistes. L’objectif consiste à éviter une rupture totale et à garantir une répartition équitable des médicaments restants.

Les pouvoirs publics collaborent aussi avec les laboratoires pour rechercher des solutions additionnelles. Parmi ces pistes figure limportation de spécialités à base de quétiapine non commercialisées en France et la possible fabrication de préparations magistrales (c’est-à-dire des formulations élaborées en pharmacie d’officine ou hospitalière, adaptées aux besoins précis d’un patient) en libération immédiate lorsque cela demeure faisable.

En parallèle, le dispositif européen de solidarité, créé en 2023, vise à sécuriser l’accès aux médicaments essentiels dans les situations de tension grave. Les États membres peuvent ainsi proposer des stocks excédentaires pour aider un pays en pénurie. Cette coopération internationale démontre la volonté commune de préserver la continuité des traitements pour les patients qui en ont besoin.

 

Indications médicales et usage encadré 

 

La quétiapine est prescrite en France pour plusieurs affections psychiatriques. Elle intervient dans la prise en charge de la schizophrénie, un trouble mental caractérisé par des symptômes tels que les hallucinations, les délires ou le retrait social.

Elle est également indiquée dans les troubles bipolaires, qui se manifestent par des phases d’exaltation (appelées épisodes maniaques) et des épisodes de profonde tristesse (dits épisodes dépressifs caractérisés).

La dépression majeure peut aussi justifier l’utilisation de la quétiapine, souvent en association avec d’autres traitements afin d’améliorer la stabilité de l’humeur et réduire les idées suicidaires.

 

En raison de sa pharmacologie, la quétiapine exige un encadrement strict. Les professionnels de santé surveillent la tolérance, notamment sur le plan métabolique (risque de prise de poids ou de troubles de la glycémie) et cardiovasculaire (possible allongement d’un paramètre appelé intervalle QT à l’électrocardiogramme).

Les instances officielles rappellent que la quétiapine ne doit pas être utilisée en dehors des indications approuvées. L’insomnie, par exemple, ne figure pas parmi les usages recommandés.

Par ailleurs, il est conseillé aux médecins de ne plus initier un traitement par quétiapine LP, sauf dans le cadre d’un épisode dépressif caractérisé lié à un trouble bipolaire, afin de préserver les stocks pour les patients qui en ont déjà impérativement besoin.

 

Stratégies de gestion et solutions possibles 

 

Mesures pour les prescripteurs

Les autorités de santé, en accord avec des sociétés savantes spécialisées en psychiatrie, incitent les prescripteurs à évaluer la situation de chaque patient.

Un épisode dépressif caractérisé relevant du trouble bipolaire peut justifier la poursuite de la quétiapine LP lorsque l’efficacité thérapeutique est déjà établie et qu’il n’existe pas d’alternative satisfaisante.

Pour toutes les autres affections, le recours à un traitement de substitution s’avère préférable si la balance bénéfice-risque est jugée équivalente. Les médecins peuvent ainsi considérer d’autres antipsychotiques atypiques ou combinaisons médicamenteuses répondant aux besoins cliniques de leurs patients.

Cette évaluation individualisée réduit le risque de pénurie complète en réservant la quétiapine aux situations où elle reste irremplaçable.

 

Recommandations pour les pharmaciens

En officine comme en pharmacie hospitalière, les pharmaciens sont souvent les premiers à constater la tension sur les stocks. Ils vérifient la disponibilité auprès de leurs fournisseurs et informent les patients quand le médicament n’est plus accessible.

Le dialogue avec le prescripteur demeure essentiel pour proposer une adaptation de l’ordonnance. En l’absence de quétiapine LP, une discussion peut être engagée afin d’envisager un traitement similaire.

Les pharmaciens ont également la possibilité de recourir à certaines préparations magistrales, bien que cela demande un environnement adapté et un accord du médecin, surtout en ce qui concerne la libération immédiate de la molécule. Ce type de procédure reste exceptionnel, mais il peut rendre service à certains patients difficiles à stabiliser.

 

Informations pour les patients

Le patient doit être tenu informé lorsque le médicament qu’il prend depuis plusieurs mois ou plusieurs années n’est plus disponible. Si la pharmacie ne peut honorer la prescription, il est recommandé de contacter immédiatement le médecin traitant. Celui-ci évaluera l’état clinique, la tolérance passée et les besoins actuels afin d’envisager une solution alternative.

Cela peut impliquer une substitution par un autre antipsychotique ou un changement de schéma thérapeutique. Dans certains cas, le médecin peut réduire temporairement la posologie de la quétiapine LP pour économiser les stocks, tout en surveillant l’apparition de symptômes dépressifs, maniaques ou psychotiques. La coopération entre le patient, le pharmacien et le médecin est indispensable pour maintenir un suivi psychiatrique de qualité.

 

Sources :