Sensation de brûlure, irritation intime, inconfort pendant les rapports… La sécheresse vaginale fait partie des troubles les plus fréquents et les plus impactants chez la femme ménopausée. Loin d’être un simple désagrément, elle traduit un réel déséquilibre hormonal et tissulaire.
Appelé syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGUM), ce tableau clinique peut toucher toutes les femmes après 50 ans, avec des répercussions sur la vie sexuelle, urinaire et relationnelle. Il existe pourtant des traitements efficaces, accessibles, et adaptés à chaque profil.
On fait le point avec le Dr André-Philippe Davody, chirurgien urologue spécialisé dans le traitement du syndrome génito-urinaire de la ménopause.
Le syndrome génito-urinaire de la ménopause regroupe l’ensemble des manifestations génitales et urinaires liées à la chute des œstrogènes après la ménopause. Cette carence hormonale durable provoque une atrophie progressive des tissus intimes : la muqueuse vaginale devient fine, sèche, fragile, et perd ses défenses naturelles. Le pH s’élève, la flore vaginale se déséquilibre, rendant la zone plus sensible aux irritations et aux infections.
Les symptômes sont variables d’une femme à l’autre : sécheresse vaginale persistante, douleurs pendant les rapports, démangeaisons, brûlures, mais aussi incontinence urinaire, sensation de pesanteur pelvienne ou infections urinaires récidivantes.
Cette évolution est progressive, parfois silencieuse au départ, mais s’aggrave sans traitement adapté.
L’examen clinique permet généralement de poser le diagnostic sans avoir besoin d’examens complémentaires. Mais la gêne liée à l’expression des symptômes est courante.
Le syndrome génito-urinaire de la ménopause reste sous-diagnostiqué et trop souvent banalisé. Une prise en charge urologique permet de rétablir un équilibre local et d’améliorer la qualité de vie sur le long terme.
Avec la ménopause, les ovaires cessent progressivement de produire des œstrogènes. Or, cette hormone est essentielle au maintien de l’intégrité de la muqueuse vaginale et urinaire. Sans œstrogène, les tissus perdent leur hydratation naturelle, leur élasticité, et leur capacité à se défendre contre les agressions extérieures.
La sécheresse vaginale résulte directement de cette atrophie tissulaire. Elle se manifeste par une sensation d’inconfort, parfois permanente, qui peut s’accentuer lors des rapports sexuels.
Certaines patientes évoquent des douleurs vives, une sensation de brûlure ou de « papier de verre ». Par ailleurs, cette fragilité intime augmente le risque de petites fissures, de microtraumatismes, voire d’infections vaginales et urinaires à répétition.
Les conséquences vont souvent au-delà du simple inconfort physique. La sexualité devient source d’appréhension, parfois même évitée, ce qui peut entraîner un repli sur soi ou des tensions dans le couple.
Certaines femmes décrivent une perte de confiance en elles, une gêne au quotidien, et un sentiment de « corps étranger », comme si leur intimité ne leur appartenait plus vraiment. Ce mal-être est d’autant plus fort qu’il reste souvent tabou, peu exprimé et mal compris. Pourtant, une prise en charge ciblée permet de restaurer l’hydratation des muqueuses et d’améliorer nettement la qualité de vie.
Ce déficit hormonal impacte aussi la sphère urinaire. L’urètre et la vessie, eux aussi sensibles aux œstrogènes, deviennent plus vulnérables. Il n’est pas rare de voir apparaître une incontinence d’effort légère ou des envies pressantes. La qualité de vie, l’estime de soi et la vie intime sont directement affectées.
La prise en charge du syndrome génito-urinaire de la ménopause repose sur plusieurs traitements complémentaires qui visent à restaurer la trophicité des tissus, à améliorer la lubrification vaginale et à apaiser les symptômes urinaires. Elle doit être personnalisée au cas par cas.
Traitement de référence en cas de syndrome génito-urinaire de la ménopause, l’hormonothérapie locale consiste à administrer une faible dose d’œstrogènes directement sur la muqueuse vaginale.
Disponible sous forme d’ovules, de crème ou d’anneau vaginal, elle permet de restaurer l’élasticité, l’hydratation et la protection de la zone intime. Quelques semaines d’utilisation régulière sont nécessaires pour voir les effets. Elle convient à de nombreuses patientes, même à long terme, sauf en cas d’antécédents de cancer hormono-dépendant, où une évaluation particulière est nécessaire.
Le traitement par PRP repose sur l’injection de plasma autologue enrichi en facteurs de croissance dans la muqueuse vaginale. Ce concentré favorise la réparation des tissus, relance la microvascularisation et améliore donc l’hydratation.
Indiqué notamment en cas de sécheresse vaginale rebelle ou d’intolérance aux traitements hormonaux, le PRP permet une régénération douce, sans effet secondaire. Ce geste est également adapté aux patientes ayant une hypersensibilité vulvaire ou une contre-indication aux hormones.
Le laser est une option thérapeutique innovante et non hormonale particulièrement utile en cas de SGUM avancé. Il permet de relancer le métabolisme cellulaire et de stimuler naturellement la régénération des tissus.
Le laser CO₂ fractionné est recommandé pour les muqueuses très atrophiées en cas de sécheresse sévère, de douleurs profondes ou de relâchement tissulaire. Il agit en profondeur pour densifier la structure de la muqueuse vaginale, améliorer la vascularisation et restaurer le film hydratant naturel.
Le laser Erbium : YAG, quant à lui, cible les couches plus superficielles. Il est recommandé chez les femmes ayant une hypersensibilité vulvaire, des douleurs lors des rapports ou une sécheresse intime modérée.
Sa précision permet d’agir sans agresser les tissus fragiles. Il est également proposé en oncologie, après traitement du cancer du sein, notamment quand l’œstrogénothérapie est contre-indiquée.
Ces deux lasers s’inscrivent dans une stratégie globale de restauration tissulaire. Toutefois, le choix de la technologie dépend toujours du profil et des objectifs de la patiente.
Nous remercions le Dr André-Philippe Davody pour ce partage de connaissance sur le SGUM.