Substance controversée, le glyphosate fait aujourd’hui débat. Une étude publiée en janvier 2022 a démontré que la substance principalement employée comme herbicide est présente dans la quasi-totalité des urines des Français.
Est-ce que le glyphosate est dangereux pour la santé ? Comment est-il fabriqué et par quoi peut-on le remplacer ? Quelle est la réglementation actuellement en vigueur ?
Le glyphosate est une substance chimique que l’on utilise principalement dans les produits phytopharmaceutiques destinés à l’agriculture et l’horticulture. Le glyphosate a été découvert en 1950 par un chimiste suisse. Par la suite, la société Monsanto a repris sa production et commercialisé le Roundup, avant que la substance ne tombe dans le domaine public en 2000.
Aujourd’hui, le glyphosate est majoritairement produit en Chine. Le glyphosate est utilisé comme désherbant dans de nombreux pays à travers le Monde et peut être employé par tous, particuliers comme professionnels. Son utilisation sur une longue période pose de nombreuses interrogations au niveau sanitaire, mais aussi environnemental, c’est pour cela qu’il est de plus en plus controversé depuis quelques années.
Comment fonctionne le glyphosate ?
Le glyphosate à l’état naturel n’adhère pas aux feuilles des plantes et doit être couplé avec un adjuvant. Il s’agit généralement du polyoxyéthylène amine (également appelé POEA) qui est un tensioactif possédant des caractéristiques spécifiques et une toxicité propre. Le glyphosate est un agent systémique, c’est-à-dire qu’il va pénétrer dans l’ensemble de la plante jusqu’à ses racines. Sa popularité vient de sa grande efficacité : en quelques jours, les “mauvaises herbes” sont éliminées. Le glyphosate est aussi présent dans le sol et l’eau, soit à l’état naturel, soit à l’état de dégradation appelée AMPA.
En se basant sur les avis émis par les agences européennes, la Commission européenne a autorisé le renouvellement de l’utilisation du glyphosate en 2017 pour une durée supplémentaire de 10 ans. Sous l’impulsion de la France et d’autres pays européens, cette durée a été réduite à 5 ans, soit jusqu’au 15 décembre 2022. Jusqu’à cette date, le glyphosate est ses produits dérivés peut être utilisé comme substance dans les produits phytopharmaceutiques sous réserve que leur mise sur le marché soit approuvée par les autorités compétentes. En ce qui concerne l’utilisation non agricole du glyphosate, par exemple pour l’entretien des espaces publics, le glyphosate reste en revanche interdit en France depuis le 1er janvier 2017.
Selon un communiqué émis par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) au mois de mai 2022, la date du 15 décembre est remise en question. En effet, l’agence a annoncé un retard dans la réalisation du compte-rendu sur le glyphosate, qui ne devrait être disponible qu’en juillet 2023. La Commission européenne pourrait donc prolonger la date initiale du 15 décembre 2022 en attendant la remise de ce rapport.
L’utilisation du glyphosate est mondiale et se retrouve dans le milieu agricole et non agricole, ce qui en fait une substance largement diffusée depuis sa commercialisation. En France, près de 9 100 tonnes de glyphosate ont été commercialisées en 2016, dont 8 400 tonnes pour le secteur agricole selon les données de la base nationale des ventes-distributeurs.
L’utilisation du glyphosate est désormais proscrite en utilisation personnelle. Le Roundup, qui fut largement employé par les particuliers, est toujours en vente avec une formule modifiée selon la réglementation. Le glyphosate est en revanche toujours utilisé en agriculture pour répondre à plusieurs besoins :
Le glyphosate a également fait l’objet d’une utilisation médicale, notamment pour la fabrication d’antibiotiques. La demande effectuée par la société Monsanto en 2010 a néanmoins été rejetée par les autorités et n’a jamais bénéficié d’une autorisation de mise sur le marché pour cette utilisation.
Le glyphosate pose aujourd’hui de nombreuses interrogations, aussi bien sur ses risques pour la santé humaine que pour son impact sur l’environnement. Le 10 mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer, organe de l’OMS (organisation mondiale de la santé) a déclaré que le glyphosate devait être classé comme étant une substance probablement cancérigène pour l’homme.
Pour avancer cela, le centre s’est basé sur les résultats de nombreuses études menées à travers le Monde. Il existerait en effet des preuves que l’utilisation du glyphosate est associée à un risque plus élevé de cancers, notamment de lymphome non hodgkinien et de cancer du poumon.
Une autre analyse cette fois-ci menée par l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et publiée le 30 juin 2021 s’est basée quant à elle sur plus de 5 300 études scientifiques. Le rapport final mentionne que le glyphosate serait lié à des dommages génotoxiques pouvant favoriser l’apparition de mutations au niveau des cellules de l’ADN et déclencher ainsi un processus de cancérogenèse. L’institut avance également la possibilité que le glyphosate ait des effets sur certaines hormones faisant de cette substance un potentiel perturbateur endocrinien. Le glyphosate aurait également une action sur le microbiote intestinal.
Pour le moment, l’évaluation préalablement menée par les agences européennes n’ont pour leur part pas conclu que le glyphosate pourrait être cancérigène ou perturbateur endocrinien. Il faudra donc attendre la remise du nouveau rapport prévu en 2023 pour en savoir plus. L’EFSA a en attendant fixé des seuils d’exposition au glyphosate à ne pas dépasser sur une courte période. Ainsi, l’agence conseille de ne pas dépasser 0,5 mg / kg de poids sur une courte période, et 0,1 mg / kg en dose journalière.
Mesure phare promise par le Gouvernement en 2017, l’interdiction totale du glyphosate peine encore aujourd’hui à être mise en place. Pour autant, l’État a mis en place un plan d’action global pour réduire l’utilisation du glyphosate avec un objectif de -50 % d’ici 2025.
L’efficacité du glyphosate est telle qu’il est difficile pour les agriculteurs de s’en passer et de trouver d’autres solutions tout aussi rapides et performantes. Cependant, des alternatives existent, notamment en effectuant une destruction physique par désherbage mécanique des plantes indésirables, et en travaillant de manière superficielle le sol :
Pour encourager les agriculteurs à mettre en place de nouvelles alternatives au glyphosate, le Gouvernement a également mis en place un crédit d’impôt spécifique. Cette aide d’un montant forfaitaire de 2 500 euros permet l’accompagnement des entreprises agricoles qui souhaitent se passer du glyphosate en 2021 et 2022.
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Sources :