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Comment réagir face à la prise de poids de son enfant ?

11/08/23 08:30

En France, en 2015, 16% des garçons et 18% des filles âgés de 6 à 17 ans étaient en surpoids ou obèses. Bien que ces chiffres aient peu évolué depuis 2006, le surpoids et l’obésité infantiles restent un problème de santé publique.

La prise de poids chez un enfant inquiète donc souvent les parents : quand faut-il consulter ? Que faire pour que la prise de poids de l’enfant ne devienne pas un problème pérenne ? MEDADOM répond à vos questions.

 

 

Pourquoi mon enfant grossit-il ?

 

La prise de poids normale chez l’enfant

Un enfant qui grandit prend du poids, c’est logique, mais il peut être légitime de se demander si cette prise de poids est normale ou si elle est le signe précurseur d’un éventuel surpoids.

Pour suivre l’évolution du poids et de la taille de son enfant (et donc de son indice de masse corporelle, le rapport entre le poids et la taille au carré), le carnet de santé dispose de courbes de corpulence.

Tant que l’IMC se situe dans la courbe de corpulence (entre le 3ème et le 97ème percentile), on considère que le poids est normal. Au-delà du 97ème percentile sur la courbe de corpulence de référence pour le sexe de l’enfant, on parle de surpoids, voire d’obésité.

Toutefois, certains éléments peuvent susciter une vigilance du médecin concernant le poids :

  • Un rebond d’adiposité (la remontée de l’IMC, naturellement présente vers l’âge de 6 ans normalement) précoce, avant l’âge de 5 ans, est un facteur de risque du surpoids dans l’enfance, voire à l’âge adulte.

  • Une montée continue de la courbe de l’IMC depuis la naissance.

  • Un changement de couloir de la courbe d’IMC, indiquant une prise de poids plus rapide que la croissance.

Suivre régulièrement le poids et la taille de son enfant dans le carnet de santé permet de suivre l’évolution de la corpulence, et de prendre en charge de façon précoce un éventuel surpoids.

 

Les raisons de la prise de poids chez l’enfant

Si l’enfant prend du poids, il est utile d’identifier les potentielles raisons de ce changement. Cela peut d'ailleurs faire l’objet d’une discussion avec l’enfant s’il est suffisamment grand.

Sauf exceptions, la prise de poids résulte en général d’un déséquilibre entre les apports énergétiques (via l’alimentation) et les dépenses (liées à l’activité physique notamment).


Toutefois, le corps est un système qui peut se réguler seul : si les dépenses énergétiques diminuent, la faim diminuera également pour rester à un équilibre. Il en va de même si l’activité physique augmente : l’appétit augmentera afin de compenser les dépenses.

Dans ces conditions, une surconsommation énergétique ou une diminution de l’activité physique ne suffit pas à expliquer la prise de poids de l’enfant. Il faut donc chercher à comprendre pourquoi le système ne se régule plus correctement :

  • Un manque de sommeil ou un sommeil de mauvaise qualité : les hormones régulant l’appétit sont fabriquées à ce moment-là.

  • Des problèmes affectifs ou un évènement de vie difficile à gérer pour l’enfant (deuil, séparation des parents, déménagement…).

  • Des règles alimentaires trop strictes, ne laissant pas la place à la régulation naturelle du corps.

  • Des troubles du comportement alimentaire, comme l’hyperphagie boulimique, survenant le plus souvent à l’adolescence, mais parfois plus tôt.

  • La prise de certains traitements médicamenteux : corticoïdes, antiépileptiques, anti-dépresseurs…

 

Plus rarement, la prise de poids chez l’enfant peut être liée à des problèmes hormonaux. Cela s’accompagne généralement d’un ralentissement ou d’une cassure de la courbe de croissance.

 


Quel accompagnement pour un enfant qui prend du poids ?

 

L’embonpoint possède également une notion d’hérédité : certaines personnes possèdent naturellement un poids d’équilibre haut, ce qui les prédestine à être en surpoids, sans toutefois être en mauvaise santé.

Ainsi, si une alimentation trop riche et un manque d’activité physique sont souvent les coupables désignés lors d’une prise de poids chez l’enfant, les raisons sont souvent plus profondes que cela.

Bien évidemment, inciter à sortir de la sédentarité et découvrir une alimentation variée et équilibrée ne peut être que bénéfique pour l’enfant, mais il ne s’agit pas des seules pistes sur lesquelles travailler.



Dois-je m’inquiéter en tant que parent ?

Si l’enfant a pris du poids, cela ne doit pas nécessairement générer de l’inquiétude pour les parents, d’autant plus que celle-ci pourrait renforcer le problème chez l’enfant.

Toutefois, certains signes peuvent alerter et déclencher la volonté d’être accompagné face à cette prise de poids :

  • La courbe de corpulence grimpe très vite et change de couloirs rapidement.

  • L’enfant est gêné physiquement par cette prise de poids : essoufflement, fatigue rapide lors de l’activité physique, ses vêtements le serrent…

  • Il exprime un inconfort psychologique : il n’est pas à l’aise avec son corps, il subit des moqueries de la part de ses camarades ou de son entourage…

Au moindre doute, il est recommandé d’en discuter avec son médecin ou son pédiatre.

 

 

Quels sont les risques d’une prise de poids trop importante chez l’enfant ?

 

Quels sont les risques à long terme du surpoids chez l’enfant et l’adolescent ?

La prise de poids, notamment lorsqu’elle place l’enfant dans la catégorie du surpoids ou de l’obésité, peut augmenter les risques de développer certains troubles :

  • Au niveau respiratoire : débutant généralement par un essoufflement rapide à l’effort.

  • Au niveau du sommeil : le sommeil peut être agité, des ronflements peuvent se manifester, ainsi qu’une énurésie (il fait pipi au lit). À terme, l’enfant peut également souffrir d’un syndrome d’apnées du sommeil, réduisant encore la qualité du sommeil et impactant les capacités de concentration de l’enfant dans la journée.

  • Au niveau cardiovasculaire et métabolique : les prises de poids survenant dans l’enfance peuvent se prolonger à l’âge adulte, augmentant le risque de persistance de l’obésité sur le long terme. La pression artérielle peut également être augmentée chez les enfants en surpoids. Enfin, le risque de développer un diabète de type 2, une dyslipidémie, une stéatose hépatique (maladie du foie gras) et des maladies cardiovasculaires augmente également.

  • Au niveau articulaire : en cas de prise de poids importante chez l’enfant, des douleurs peuvent apparaître, impactant la marche.

  • Au niveau hormonal et cutané : le surpoids augmente le risque de développer des mycoses au niveau des plis, et, pour les filles, une augmentation de la pilosité, et pour les garçons, un développement des glandes mammaires excessif.

Bien qu’ils ne doivent pas être minimisés, ces risques associés au surpoids et à l’obésité de l’enfant ne sont en aucun cas une raison de mettre l’enfant au régime. En cas de prise de poids importante chez l’enfant, un accompagnement pourra toutefois être indiqué pour éviter la survenue de ces pathologies.

 

Comment l’enfant peut-il vivre la prise de poids ?

Toute prise de poids n’est pas forcément mal vécue par l’enfant, cela dépendra d’ailleurs beaucoup de son cadre. Il est possible que l’enfant vive particulièrement mal une prise de poids si :

  • Il subit des moqueries de la part de ses camarades.
  • Il est stigmatisé, notamment lors des activités physiques.
  • Il est isolé, n’est pas entouré par ses amis.
  • La minceur est valorisée dans son entourage (notamment au niveau du cadre familial).
  • Il ressent une pression face à la perte de poids.

Toutefois, même sans ces facteurs, l’enfant peut se sentir angoissé et avoir une image de lui-même dépréciée.

La meilleure chose à faire dans cette situation est de questionner directement son enfant sur son ressenti : comment se sent-il dans son corps ? Comment se passent les séances de sport à l’école et en dehors ? Est-il à l’aise s’il doit se mettre en maillot de bain devant ses camarades ? A-t-il déjà entendu des mots désagréables sur son corps de la part de son entourage ?

 

 

Comment limiter la prise de poids chez l’enfant ?

 

Apprendre de bonnes habitudes à son enfant

 

L’alimentation

Puisque la prise de poids est liée à un déséquilibre de la balance énergétique, il est essentiel d’accompagner l’enfant à une relation saine avec la nourriture. Cela signifie lui transmettre la capacité à écouter les besoins de son corps et à y répondre.

Voici quelques éléments clés d’un accompagnement de l’enfant vers une alimentation saine :

  • Proposer régulièrement des aliments de toutes les familles d’aliments, en variant les choix au sein des catégories, sans le forcer à en consommer, surtout s’il est difficile à table.

  • N’interdire aucun aliment.

  • Laisser à l’enfant le choix de s’arrêter de manger quand il n’a plus envie : continuer de manger alors qu’il n’a plus faim risquerait d’engendrer une prise de poids sur le long terme, puisque l’enfant dépasserait ses besoins.

  • L’impliquer dans son alimentation : en courses, lors de la préparation des repas, en mettant la table…

  • Faire des repas des moments de plaisir : sans distraction (pas de TV par exemple), le repas peut être un véritable moment de partage en famille.

Ces éléments permettent d’aborder une relation saine avec la nourriture, afin de limiter les risques de prise de poids chez l’enfant.

Attention : on ne cherche JAMAIS à faire perdre du poids à un enfant qui grandit encore. C’est pourquoi il est fortement déconseillé de mettre un enfant au régime, de lui interdire des aliments ou de lui proposer des médicaments ou compléments alimentaires dans le but de maigrir.

 

 

L’activité physique et la sédentarité

Même si l’activité physique en elle-même n’empêche pas la prise de poids chez l’enfant, elle a de nombreux avantages :

  • Elle favorise une bonne croissance.
  • Elle améliore la concentration et les capacités d’apprentissage.
  • Elle permet un sommeil de meilleure qualité.
  • Elle aide à développer une meilleure image du corps et un bien-être mental.
  • Elle contribue à une meilleure régulation émotionnelle

Pourtant, si l’enfant prend du poids, ses mouvements peuvent devenir plus difficiles et il peut être essoufflé plus rapidement. S’il subit en plus des moqueries, l’enfant peut, peu à peu, diminuer voire stopper ses activités sportives.

Si c’est le cas, il est possible de ramener l’enfant vers une activité physique douce et à son rythme :

  • En favorisant les déplacements à pied ou à vélo.
  • En lui proposant d'aider aux travaux de jardinage ou en promenant le chien.
  • En étant accompagné par les parents : en se baladant ou en jouant avec lui.
  • En bougeant pour le plaisir et non pour la perte de poids !
  • En limitant les activités sédentaires, notamment les écrans…

 

 

Le sommeil

Un sommeil de qualité est essentiel pour le développement de l’enfant, bien au-delà de la régulation du poids.

Ainsi, favoriser un sommeil régulier et de bonne qualité est primordial. L’assurance maladie recommande les durées suivantes de sommeil :

  • 11 à 14h pour les enfants de moins de 5 ans.
  • 9 à 11h de sommeil pour un enfant de 6 à 11 ans.
  • 8h30 à 9h30 de sommeil pour les adolescents de 12 à 17 ans.

 

 

L’image corporelle

L’insatisfaction corporelle est très généralisée dans les pays occidentaux et débute le plus souvent à la préadolescence. Cette mauvaise image du corps participe également à une mauvaise estime de soi générale, qui peut être source d’isolement et de consommations alimentaires de réconfort. Ainsi, une mauvaise estime de soi peut contribuer à une prise de poids chez l’enfant.

Les parents ont donc un rôle à jouer sur l’acceptation corporelle et l’estime de soi chez leurs enfants. Cela passe notamment par le fait de :

  • Ne pas se déprécier soi-même et critiquer son propre corps devant son enfant, même si cela est difficile.

  • Éviter les commentaires négatifs sur le corps de l'enfant et/ou sa prise de poids.

  • Complimenter son enfant sur des aspects de son comportement ou de sa personnalité.

  • Valoriser ses efforts concernant ses ressentis corporels, sa découverte de nouveaux aliments, les activités qu’il pratique…

Pour permettre au corps de limiter la prise de poids et revenir à son équilibre, il est essentiel que l’enfant se reconnecte à ses sensations, puisque celles-ci expriment ses besoins.

Si l’enfant est assez grand, on pourra donc lui demander quotidiennement :

  • S’il a assez et bien dormi.
  • Ce qu’il a fait dans la journée, s’il a joué.
  • Ce qu’il a mangé, s’il se sentait bien en mangeant, à quel point il avait faim avant de manger…

Plus l’enfant saura écouter son corps, plus il pourra développer une confiance en celui-ci et en lui-même.



Quand consulter un spécialiste pour la prise de poids chez l’enfant ?

Il peut être recommandé de consulter un spécialiste en cas de prise de poids chez l’enfant, notamment si :

  • L’enfant vit mal, physiquement et/ou psychologiquement, la prise de poids.
  • La prise de poids a été rapide et/ou semble inexpliquée.

Au-delà de la consultation avec le médecin ou le pédiatre de l’enfant, plusieurs spécialistes peuvent être indiqués dans le cadre d’un accompagnement d’un enfant qui prend du poids :

  • Un diététicien et/ou un médecin-nutritionniste :
  • Un psychologue ;
  • Un psychomotricien ;
  • Un kinésithérapeute…

Plusieurs programmes existent spécifiquement pour la prise en charge des enfants en surpoids ou à risque de le devenir :

  • Mission : retrouve ton cap, de la sécurité sociale ;
  • REPPOP (réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité en pédiatrie).

 

 

Pas de médecin généraliste disponible et une affection ponctuelle ?


 

 

Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

 

Sources :