Ces dernières années, l’offre de produits à base de tabac ou de nicotine ne cesse de s’étoffer. Et parallèlement, le nombre d’appels aux centres antipoison en lien avec ces produits ne cesse d’augmenter. Forte de ce constat, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a mené une étude visant à documenter les cas d’intoxications enregistrés. Il en ressort que les adolescents et les jeunes enfants sont particulièrement exposés aux risques d’intoxications et d’accidents liés à ces produits. L’Agence appelle donc à la plus grande vigilance et à un meilleur encadrement règlementaire.
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Ces dernières années ont vu l’émergence d’une nouvelle offre de produits à base de tabac et de produits dits « connexes », sans tabac mais avec de la nicotine. Aux côtés de la cigarette traditionnelle et de la cigarette électronique, on trouve désormais :
Parmi ces produits, certains sont apparus très récemment sur le marché. C’est le cas des sachets de nicotine à usage oral (sans tabac). Ils se présentent sous la forme de sachets en tissu perméable contenant des fibres de polymères imprégnées de nicotine. Glissés entre la lèvre et la gencive, ils libèrent alors la nicotine à travers la muqueuse de la bouche et des gencives.
Surnommés « nicotine pouches » ou « nicopods », ces produits font l’objet d’une popularité considérable sur les réseaux sociaux et surfent actuellement sur un vide réglementaire en France.
Autre produit relativement récent : le tabac à chauffer. Il se présente sous la forme de bâtonnets de tabac censés produire un aérosol inhalable après avoir été insérés dans un dispositif de chauffage. Disponible en France depuis 2017, le tabac à chauffer connaît un certain succès depuis son lancement de sorte que sa règlementation a été renforcée.
Les billes aromatiques sont pour leur part nées du souhait de contourner l’interdiction de vente depuis 2016 des cigarettes et du tabac à rouler aux arômes dits « caractérisants », c’est-à-dire des arômes autres que celui du tabac et clairement perceptibles. Les billes aromatiques sont donc des accessoires à insérer dans le filtre pour modifier l’arôme de la fumée des cigarettes.
D’autres produits sont quant à eux beaucoup plus anciens mais continuent d’être plébiscités comme le tabac à mâcher (ou chique) et le « snus » (tabac à usage oral). Conditionné sous la forme de sachets de tabac à glisser entre la lèvre et la gencive, ce dernier peut être confondu avec les sachets de nicotine. Cette ressemblance peut d’ailleurs s’avérer problématique sachant que le snus est interdit dans toute l’Europe (sauf en Suède).
Depuis leur apparition sur le marché, ces différentes sortes de produits ont fait l’objet d’appels toujours plus nombreux et persistants aux centres antipoison pour un conseil médical à la suite d’une exposition. Les centres antipoison ont donc pris soin d’alerter l’Anses sur le sujet. L’inquiétude se porte particulièrement sur le snus, les sachets de nicotine et les billes aromatiques toujours plus appréciés des adolescents.
Dans ce contexte, l’Anses a pris l’initiative de réaliser le bilan des appels reçus par les centres antipoison entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2022 et émanant de patients symptomatiques ou non. Lorsque le lien entre les symptômes décrits et le produit supposé pouvait être écarté, les cas n’ont pas été retenus. Quant aux patients symptomatiques, leurs dossiers ont été examinés par des toxicologues. L’objectif d’une telle analyse visait à documenter ces intoxications et leurs caractéristiques.
S’agissant des sachets de nicotine et de snus, l’Anses révèle que les consommateurs intoxiqués sont en majorité des adolescents âgés 12 à 17 ans. Il faut dire que la publicité de ces produits est importante sur les réseaux sociaux. Ayant consommé ces produits de façon volontaire, ces adolescents ont souffert de syndromes nicotiniques aigus parfois sévères :
Face à ces symptômes liés à l’exposition à la nicotine et au risque de développer une dépendance à moyen et long terme, l’Anses appelle à la vigilance du corps enseignant, des familles des adolescents et des professionnels de santé. D’autant que l’Agence suppose que le nombre de cas recensés est certainement sous-estimé. Elle exhorte ainsi à la mise en place d’un cadre réglementaire pour ces produits qui n’ont aucun statut clairement défini et ne font l’objet d’aucun contrôle
Dans son analyse, l’Anses rapporte également des cas d’intoxications accidentelles à domicile. Ces intoxications sont liées à l’ingestion accidentelle par les enfants de tabac à mâcher et de bâtonnets de tabac à chauffer. Si la plupart des enfants concernés ont présenté des symptômes peu graves, une dizaine d’entre eux a néanmoins dû être hospitalisée pour cause de syndrome nicotinique sévère.
Les billes aromatiques sont également à l’origine de nombreux accidents domestiques depuis 2020 avec un nombre d’appels aux centres antipoison qui a quasiment été multiplié par 30 en seulement deux ans ! Parmi les personnes intoxiquées, les trois quarts étaient des enfants de moins de 3 ans ayant ingéré le produit de façon accidentelle. Ces produits disposent en effet d’emballages colorés illustrant des fruits et sans aucune fermeture de sécurité. Mais le risque de confusion avec des bonbons existe aussi chez les adultes de même que le risque de mauvaise utilisation par aspiration d’une bille mal insérée dans le filtre de la cigarette.
Parmi les principaux symptômes d’intoxication recensés par l’Anses, citons les douleurs abdominales, les douleurs gastriques et les nausées
De ce fait, et pour éviter tout risque d’accident, l’Anses plaide pour un encadrement règlementaire de l’emballage de ces produits et appelle à la vigilance des parents pour éviter qu’ils ne se retrouvent entre les mains de leurs enfants.
Sources :