Diarrhée chronique : comment la soigner ? Causes et traitements
Une diarrhée qui dure ? Elle n’est peut-être pas banale. Lorsqu’un trouble digestif persiste plus de quelques jours ou réapparaît régulièrement, il s’agit d’une situation à prendre au sérieux. La diarrhée chronique ne se limite pas à une gêne passagère : elle peut affecter la qualité de vie, provoquer des carences, altérer l’état général, et révéler une maladie sous-jacente.
De nombreuses personnes souffrent de diarrhées chroniques sans parvenir à en identifier l’origine. En effet, les causes sont variées : stress, alimentation, troubles fonctionnels ou pathologies plus graves comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, voire un cancer colorectal. Quand faut-il consulter ? Quelles sont les causes à envisager ? Existe-t-il des traitements naturels ? Comment se déroule le bilan médical ? Peut-on consulter un médecin sans se déplacer ? Autant de questions auxquelles cet article apporte des réponses claires.
Vous découvrirez ici les causes fréquentes des diarrhées chroniques, le rôle du stress, les pathologies à écarter, les bilans à réaliser, les traitements possibles (médicamenteux, naturels, alimentaires)
Dans cet article complet, nous allons explorer toutes les facettes de la diarrhée pendant la grossesse, depuis ses causes fréquentes jusqu’aux traitements adaptés.
Qu’est-ce qu’une diarrhée chronique ?
Définition
Une diarrhée chronique se définit par des selles molles ou liquides, survenant plus de trois fois par jour pendant plus de quatre semaines. Contrairement à la diarrhée aiguë, qui est le plus souvent liée à une infection transitoire, la diarrhée chronique s’installe dans la durée et peut résulter de mécanismes digestifs, inflammatoires, neurologiques ou même psychologiques.
Elle peut être continue ou épisodique, et s’accompagner de divers symptômes : douleurs abdominales, flatulences, fatigue, voire amaigrissement.
Qui est concerné ?
Toutes les tranches d’âge peuvent être touchées. Les causes de diarrhée chez l’adulte sont nombreuses et peuvent être fonctionnelles, organiques ou médicamenteuses. Chez les personnes âgées, la polymédication et l’affaiblissement du microbiote sont souvent en cause.
La diarrhée chronique chez l’enfant est fréquente entre 6 mois et 3 ans. Elle est généralement fonctionnelle et bénigne, sans impact sur la croissance. On parle alors de « diarrhée fonctionnelle de l’enfant en bas âge ». Elle est souvent liée à une alimentation trop riche en jus de fruits, ou à une immaturité du système digestif.
Mais certains cas doivent alerter :
- diarrhées persistantes avec stagnation pondérale,
- sang dans les selles,
- antécédents familiaux de maladie inflammatoire.
Une consultation médicale est nécessaire pour poser un diagnostic.
Quelles sont les causes des diarrhées chroniques ?
Troubles digestifs fonctionnels
Parmi les causes les plus fréquentes de la diarrhée chronique figure le syndrome de l’intestin irritable (SII). Il affecte entre 10 et 15 % de la population, selon l’Inserm, et se manifeste par des douleurs abdominales, des ballonnements, et des troubles du transit (diarrhée, constipation, ou alternance des deux).
Dans la forme à prédominance diarrhéique (SII-D), la diarrhée chronique s’explique par plusieurs mécanismes :
- Hypersensibilité viscérale : les nerfs intestinaux sont plus sensibles, ce qui entraîne un besoin urgent d’aller à la selle, parfois dès les premières bouchées.
- Altération de la motricité intestinale : le transit est accéléré, réduisant le temps d’absorption des liquides et des nutriments.
- Dysbiose intestinale : déséquilibre du microbiote, avec une diminution des bactéries anti-inflammatoires.
- Lien direct avec le stress : le SII est reconnu comme un trouble de l’axe cerveau-intestin. Les émotions, l’anxiété ou un choc émotionnel peuvent déclencher ou entretenir les symptômes.
Ce trouble fonctionnel, bien que bénin sur le plan organique, a un impact majeur sur la qualité de vie, comparable à celui de maladies chroniques plus graves (étude : Gastroenterology, 2019). Une prise en charge multidisciplinaire est souvent nécessaire, incluant alimentation, probiotiques et gestion du stress.
Intolérances et alimentation
Certaines personnes présentent une incapacité partielle ou totale à digérer certains composants alimentaires. Ces intolérances alimentaires peuvent être la cause d’une diarrhée chronique lorsqu'elles ne sont pas identifiées.
Intolérance au lactose
- Liée à un déficit en lactase, l’enzyme qui digère le sucre du lait.
- Provoque ballonnements, diarrhée, douleurs abdominales 30 à 120 minutes après ingestion.
- Fréquente chez l’adulte (jusqu’à 40 % dans certains pays européens).
Maladie cœliaque (gluten)
- Maladie auto-immune affectant environ 1 % de la population.
- L’ingestion de gluten déclenche une inflammation chronique de l’intestin grêle, réduisant l’absorption des nutriments.
- Symptômes : diarrhée chronique, fatigue, carences en fer, amaigrissement.
- Un simple test sanguin (dosage des anticorps anti-transglutaminase) permet de la dépister, confirmé par biopsie digestive.
Hypersensibilité aux FODMAPs
- Les FODMAPs (Fermentable Oligo-, Di-, Mono-saccharides And Polyols) sont des sucres fermentescibles peu absorbés par l’intestin.
- Leur consommation peut entraîner gaz, douleurs et diarrhées chroniques.
- Le régime pauvre en FODMAPs, validé par des études cliniques, améliore les symptômes dans plus de 70 % des cas de SII.
Café et diarrhée chronique
- La caféine stimule la sécrétion d’acide gastrique, la contraction des muscles intestinaux et la libération de gastrine.
- En cas de consommation excessive (>3 tasses/jour), le café peut être un facteur aggravant de diarrhée chronique, notamment chez les personnes stressées ou atteintes de SII.
Infections persistantes ou post-antibiotiques
Certaines infections, bien que traitées, peuvent laisser des séquelles digestives durables.
Dysbiose post-antibiotiques
- Les antibiotiques détruisent aussi les bactéries bénéfiques du microbiote, entraînant un déséquilibre favorisant les troubles du transit.
- La diarrhée peut apparaître pendant ou après le traitement, et durer plusieurs semaines.
Clostridium difficile
- Bactérie opportuniste provoquant des colites pseudomembraneuses, notamment après une antibiothérapie.
- Symptômes : diarrhée aqueuse, crampes, fièvre, parfois sang.
- Diagnostic par recherche de toxines dans les selles. Traitement par antibiotiques ciblés (vancomycine ou fidaxomicine).
Parasitoses chroniques
- Giardia lamblia, un parasite intestinal, peut provoquer des diarrhées prolongées, des gaz, une perte de poids.
- Transmission fréquente via l’eau contaminée ou les aliments souillés.
- Diagnostic : test antigénique ou examen parasitologique des selles.
Ces causes infectieuses nécessitent une prise en charge spécifique, car les traitements standards des diarrhées fonctionnelles sont inefficaces, voire contre-indiqués.
Maladies chroniques et graves
Certaines pathologies organiques peuvent se manifester uniquement par une diarrhée chronique, sans autres signes visibles. Leur diagnostic repose sur des examens approfondis.
Maladie de Crohn
- Inflammation segmentaire pouvant toucher tout le tube digestif.
- Provoque des diarrhées, douleurs abdominales, fatigue, et parfois des fistules ou abcès.
- Diagnostiquée vers 20-30 ans, mais peut apparaître à tout âge.
Rectocolite hémorragique (RCH)
- Inflammation continue du rectum et du côlon.
- Se manifeste par des diarrhées sanglantes, besoins impérieux, douleurs abdominales basses.
- Risque accru de cancer colorectal après 10 ans d’évolution.
Maladie cœliaque (non traitée)
- Comme évoqué plus haut, elle peut entraîner une malabsorption sévère et une diarrhée chronique avec carences multiples.
Cancer colorectal ou pancréatique
- Le cancer du côlon est souvent asymptomatique aux premiers stades, mais peut provoquer des modifications du transit (diarrhée, constipation, alternance), du sang dans les selles, une perte de poids.
- Le cancer du pancréas peut entraîner une diarrhée graisseuse, en lien avec une insuffisance de sécrétion enzymatique.
Un dépistage précoce, dès 50 ans (ou avant en cas d’antécédents familiaux), est essentiel. Un test immunologique fécal (FIT) est recommandé tous les deux ans.
Facteurs liés au mode de vie
De nombreux éléments du quotidien peuvent perturber la digestion à long terme.
Médicaments
- Antibiotiques : favorisent la dysbiose.
- Laxatifs : usage abusif peut entraîner une dépendance et une irritation du côlon.
- Metformine (traitement du diabète) : fréquemment responsable de diarrhées, notamment en début de traitement.
- Certains anti-hypertenseurs (IEC, sartans) ou les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) peuvent aussi perturber le transit.
Stress chronique
Le stress est un facteur transversal qui exacerbe tous les autres. Il agit à plusieurs niveaux :
- il altère la perméabilité intestinale,
- modifie la flore,
- amplifie la sensibilité viscérale.
La gestion du stress est donc une composante incontournable de toute prise en charge des diarrhées chroniques, qu'elles soient d’origine fonctionnelle ou organique.
Stress et diarrhée chronique : un lien fréquent
Le lien cerveau-intestin : une connexion bidirectionnelle
L’intestin n’est pas seulement un organe digestif, c’est aussi un centre nerveux à part entière, souvent qualifié de « deuxième cerveau ». Ce surnom fait référence au système nerveux entérique, un réseau de plus de 500 millions de neurones qui régule, de manière autonome, la motricité, les sécrétions et la sensibilité du tube digestif.
Ce système est en connexion constante avec le cerveau via le nerf vague. On parle de l’axe cerveau-intestin : une autoroute d’informations neurosensorielles et immunitaires qui permet au système digestif de réagir aux émotions, au stress et à l’état mental général.
Dans un contexte de stress chronique, cet équilibre est perturbé, entraînant des troubles digestifs fonctionnels, dont la diarrhée chronique.
Pourquoi le stress favorise-t-il la diarrhée chronique ?
Le stress provoque une cascade de réactions neuro-hormonales, qui affectent directement la digestion.
1. Libération de cortisol et d’adrénaline
En situation de stress, le cerveau active la réponse « fuite ou combat ». Cela se traduit par :
- une augmentation du cortisol, hormone du stress, qui influence la perméabilité de la barrière intestinale ;
- une libération d’adrénaline, qui accélère le rythme cardiaque et active les muscles intestinaux.
2. Activation de la réponse inflammatoire
Le stress n’est pas qu’un état mental : il a un impact immunitaire. Il favorise la libération de cytokines pro-inflammatoires, qui peuvent aggraver une inflammation intestinale de bas grade, souvent présente dans le syndrome de l’intestin irritable (SII) ou d'autres troubles digestifs chroniques.
3. Hyperstimulation du péristaltisme
Le péristaltisme est le mouvement naturel de l’intestin qui permet de faire progresser les aliments digérés. Sous stress, ce mouvement est accéléré, ce qui réduit le temps d’absorption de l’eau et entraîne des selles liquides. Cela explique pourquoi certaines personnes présentent une diarrhée immédiate lors d’un examen, d’une prise de parole ou d’un événement anxiogène.
4. Altération du microbiote
Le stress modifie la composition de la flore intestinale, favorisant la prolifération de bactéries pro-inflammatoires. Une dysbiose peut aggraver les symptômes digestifs et entretenir un cercle vicieux entre stress, douleurs, et diarrhée.
Selon une étude publiée dans Nature Microbiology (2022), le stress chronique peut réduire jusqu’à 30 % la diversité bactérienne intestinale, en seulement quelques jours.
Profils à risque
Certaines personnes sont plus exposées aux diarrhées liées au stress :
- personnes souffrant de troubles anxieux généralisés ou de dépression,
- professionnels en surcharge de travail ou exposés à un stress prolongé,
- étudiants en période d’examen,
- personnes ayant vécu un traumatisme (deuil, rupture, harcèlement…).
Comment apaiser un intestin stressé ?
Il n’existe pas de solution unique. L’approche est souvent multidimensionnelle, mêlant thérapies comportementales, relaxation, et parfois médicaments. Voici les options les plus efficaces :
1. Hypnose médicale
Reconnue pour son efficacité dans les troubles fonctionnels digestifs, notamment le syndrome de l’intestin irritable, l’hypnose permet de reprogrammer la perception de la douleur et de calmer le système nerveux entérique.
Une méta-analyse publiée dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology (2018) a montré que l’hypnose permettait de réduire les symptômes digestifs chez 70 à 80 % des patients souffrant de SII, avec un effet durable après plusieurs mois.
2. Sophrologie, respiration, méditation
Ces pratiques de relaxation profonde favorisent une baisse du tonus sympathique (stress) et une augmentation du parasympathique (repos, digestion). Des exercices de respiration abdominale peuvent réduire les spasmes intestinaux.
3. Thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
La TCC permet d’identifier et de modifier les schémas de pensée anxiogènes. Elle est particulièrement utile lorsque la diarrhée chronique est entretenue par l’anticipation anxieuse, fréquente dans les phobies sociales ou les troubles anxieux.
Une étude (PubMed, 2020) a montré que la TCC réduit significativement l’intensité et la fréquence des symptômes digestifs dans les SII, en améliorant la tolérance émotionnelle à l’inconfort digestif.
4. Activité physique régulière
La pratique modérée d’un sport (yoga, marche rapide, natation) régule l’axe cerveau-intestin, améliore la digestion, et réduit les tensions musculaires abdominales.
L’intérêt de la téléconsultation
Lorsque les symptômes persistent ou deviennent handicapants, il est important de parler à un professionnel de santé. Cependant, les délais pour un rendez-vous en cabinet peuvent être longs. La téléconsultation permet d’avoir un avis médical rapide, confidentiel et sans se déplacer.
Un médecin pourra :
- vérifier s’il s’agit d’un trouble fonctionnel ou d’un autre diagnostic,
- prescrire un bilan si nécessaire,
- orienter vers une prise en charge adaptée (gastro-entérologue, psychologue, etc.).
Bilan et examens : comment identifier la cause ?
Face à une diarrhée chronique, il est indispensable de rechercher une cause précise. Il ne s’agit pas seulement d’un inconfort digestif passager : ce symptôme peut révéler une maladie fonctionnelle, inflammatoire, infectieuse ou métabolique. L’objectif du bilan est donc double : exclure une pathologie grave et mettre en place un traitement adapté.
Signes d’alerte à ne pas ignorer
Certains symptômes associés à une diarrhée chronique doivent immédiatement faire suspecter une pathologie organique, parfois sérieuse, et justifient une évaluation rapide :
- Présence de sang dans les selles : peut évoquer une inflammation (RCH, Crohn) ou une tumeur colique. Le sang peut être rouge (rectum) ou noir (sang digéré).
- Perte de poids inexpliquée : souvent signe d’une malabsorption (maladie cœliaque, cancer), ou d’un processus inflammatoire chronique.
- Fièvre persistante : peut accompagner une infection parasitaire, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) ou un abcès digestif.
- Douleurs nocturnes ou réveils digestifs : atypiques dans les troubles fonctionnels, elles suggèrent une atteinte organique.
- Antécédents familiaux de MICI ou de cancer colorectal : justifient un dépistage plus précoce et un bilan approfondi.
Les examens de première intention
Le médecin traitant ou un gastro-entérologue commencera par un interrogatoire précis (fréquence, type de selles, contexte alimentaire, stress, traitements en cours), puis demandera des examens ciblés.
1. Analyse des selles
- Coproculture : recherche de bactéries pathogènes (Salmonella, Campylobacter, Shigella).
- Examen parasitologique : utile si séjour en zone à risque ou diarrhée d’origine inconnue.
- Recherche de sang occulte : indicateur discret d’une lésion digestive.
- Dosage des graisses : en cas de suspicion de malabsorption (pancréatite chronique, maladie cœliaque).
Ces examens permettent d’identifier une cause infectieuse ou parasitaire, ou d’orienter vers une atteinte inflammatoire ou néoplasique.
2. Dosage de la calprotectine fécale
- Protéine présente dans les neutrophiles, marqueur fiable d’inflammation intestinale.
- Permet de différencier un trouble fonctionnel (SII) d’une MICI (Crohn, RCH).
- Résultat > 150 µg/g : évocateur d’une inflammation active.
Source : Recommandations HAS 2021 – La calprotectine fécale est un test non invasif recommandé en première intention devant une diarrhée chronique.
3. Bilan sanguin
- NFS : recherche d’anémie, inflammation.
- CRP : marqueur de l’inflammation.
- TSH : l’hyperthyroïdie peut se manifester par une diarrhée chronique.
- Dosages vitaminique et ferrique : B12, folates, fer, utiles en cas de suspicion de malabsorption.
4. Tests d’intolérance alimentaire
- Test au lactose (test respiratoire à l’hydrogène expiré) : détection d’une fermentation anormale.
- Dosage des IgA anti-transglutaminase : pour dépister une maladie cœliaque.
Ces examens permettent de mettre en évidence une intolérance digestive, souvent sous-diagnostiquée.
Examens d’imagerie et endoscopie
5. Coloscopie
- Examen de référence pour visualiser l’intérieur du côlon.
- Permet d’observer la muqueuse (inflammation, ulcères, polypes) et de réaliser des biopsies.
- Indiquée si :
- les signes d’alerte sont présents,
-
- le patient a plus de 45-50 ans,
-
- la calprotectine est élevée.
- la calprotectine est élevée.
Recommandée tous les 5 à 10 ans à partir de 50 ans dans le cadre du dépistage du cancer colorectal, ou plus tôt en cas de facteurs de risque familiaux.
6. Entéroscanner ou IRM entérique
- Utilisés pour explorer l’intestin grêle en cas de suspicion de maladie de Crohn ou de tumeur grêlique.
- L’IRM entérique est préférée chez les jeunes pour limiter l’irradiation.
7. Échographie abdominale
- Utile en première intention pour rechercher une malformation digestive, une pathologie pancréatique, ou une atteinte de la vésicule biliaire.
Quand consulter un gastro-entérologue ?
Il est recommandé de consulter un spécialiste :
- si la diarrhée persiste au-delà de 3 à 4 semaines malgré une adaptation alimentaire,
- en présence de signes d’alerte,
- en cas de facteurs de risque familiaux ou personnels,
- ou simplement si les symptômes ont un retentissement important sur la qualité de vie.
Grâce à la consultation d’un médecin en ligne, vous pouvez obtenir un premier avis médical dans un délai très court, avec la possibilité de prescrire directement les premiers examens nécessaires.
Diarrhée chronique : quels traitements ?
La prise en charge de la diarrhée chronique repose sur l’identification précise de sa cause. Il ne s’agit pas simplement de stopper le symptôme, mais de traiter le terrain sous-jacent : trouble fonctionnel, inflammation, intolérance, infection ou trouble métabolique.
1. Traitements symptomatiques : soulager sans masquer
Les traitements symptomatiques peuvent être utiles pour limiter l’inconfort, à condition de ne pas retarder le diagnostic.
Lopéramide
- Antidiarrhéique de référence, vendu sans ordonnance.
- Il ralentit la motricité intestinale, augmente la réabsorption d’eau et diminue la fréquence des selles.
- Indiqué dans les diarrhées fonctionnelles, notamment lors de poussées aiguës.
- Contre-indiqué en cas de suspicion d’infection bactérienne ou parasitaire.
Diosmectite (Smecta)
- Argile naturelle tapissant la muqueuse digestive.
- Effet absorbant sur les toxines, protection des parois intestinales.
- Bien tolérée, même chez l’enfant et la femme enceinte.
Solutions de réhydratation orale (SRO)
- Indispensables en cas de pertes hydriques importantes, surtout chez les personnes âgées ou les enfants.
- Apportent eau, sodium, potassium, glucose et bicarbonates.
- Disponibles en pharmacie ou à préparer maison selon les recommandations de l’OMS.
⚠️ Ces traitements ne doivent pas être utilisés sur le long terme sans évaluation médicale, au risque de masquer une cause sérieuse (ex. MICI, tumeur, intolérance).
2. Traitements de la cause : adapter à l’origine du trouble
Infections bactériennes ou parasitaires
- Prescription d’un antibiotique ou antiparasitaire spécifique selon l’agent pathogène (ex. métronidazole pour Giardia, vancomycine pour Clostridium difficile).
- Suivi nécessaire pour éviter les rechutes ou complications.
Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)
- Maladie de Crohn, rectocolite hémorragique : traitements immunomodulateurs, corticoïdes, anti-TNF (infliximab…).
- Objectif : réduire l’inflammation, maintenir les rémissions, prévenir les complications.
Intolérances alimentaires
- Sans lactose en cas de déficit en lactase confirmé (test respiratoire).
- Sans gluten strict à vie pour les patients atteints de maladie cœliaque (diagnostic par sérologie et biopsie).
- Régime pauvre en FODMAPs (oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols) : recommandé pour les patients atteints de SII.
Ce protocole doit être encadré par un diététicien spécialisé, car il est restrictif.
Hyperthyroïdie ou causes endocriniennes
- Correction hormonale (traitement de fond) permettant souvent une disparition complète de la diarrhée.
3. Probiotiques : un allié pour restaurer le microbiote
Le microbiote intestinal joue un rôle central dans l’équilibre digestif. En cas de dysbiose (déséquilibre bactérien), certains probiotiques spécifiques permettent de réguler le transit, réduire l’inflammation et restaurer la fonction barrière.
Une revue systématique publiée dans Gut Microbes (2023) confirme l’efficacité des probiotiques dans la réduction des diarrhées chroniques, notamment post-antibiotiques ou liées au SII.
Souches recommandées
- Lactobacillus rhamnosus GG
→ Efficace dans les diarrhées post-antibiotiques et infantiles. Protège la muqueuse et limite l'inflammation. - Saccharomyces boulardii
→ Levure probiotique utilisée dans les diarrhées infectieuses et de voyage. Régule l’immunité digestive. - Bifidobacterium lactis
→ Renforce la barrière intestinale, diminue la perméabilité intestinale (leaky gut).
Conseils d’usage :
- Choisir des probiotiques avec une traçabilité des souches (mentionnées sur l’étiquette).
- Une prise régulière de 1 à 3 mois est souvent nécessaire pour une efficacité durable.
- Demander conseil à un professionnel de santé, notamment en téléconsultation via Medadom, pour adapter la souche au contexte clinique.
4. Solutions naturelles et alternatives (en complément)
Certaines méthodes naturelles peuvent soulager les symptômes digestifs et agir en synergie avec le traitement médical, à condition d’être utilisées de manière raisonnée.
Tisanes digestives
- Camomille : propriétés anti-inflammatoires, calmantes.
- Fenouil : antispasmodique, limite les ballonnements.
- Menthe poivrée : apaise les spasmes intestinaux (effet validé dans le SII – BMJ, 2020).
Charbon actif
- Capacité d’adsorption des gaz et toxines intestinales.
- Peut être utile en cas de diarrhée liée à une intoxication ou une dyspepsie.
- À utiliser sur de courtes périodes, car il peut interférer avec l’absorption des médicaments.
Argile verte
- Effet protecteur et cicatrisant sur les muqueuses.
- Peut contribuer à ralentir le transit en cas de diarrhée fonctionnelle.
Acupuncture et médecine douce
- Utilisée en médecine traditionnelle chinoise pour rééquilibrer l’énergie digestive.
- Résultats variables mais intéressants sur les douleurs et la régulation du transit.
- À envisager en complément et avec encadrement médical.
Naturopathie
- Travail sur le terrain digestif, l'alimentation, le stress, la flore.
- Attention toutefois à l’absence de diagnostic médical : il ne faut jamais retarder un bilan en cas de symptômes persistants.
Comment prévenir les récidives de diarrhée chronique ?
Une fois la diarrhée chronique traitée ou stabilisée, l’objectif est d’éviter les récidives. Pour cela, une approche préventive globale est nécessaire. Elle repose sur trois piliers : l’hygiène de vie, l’alimentation et le suivi médical régulier. Ces habitudes permettent de maintenir un microbiote équilibré, de réduire les facteurs irritants, et de détecter rapidement toute rechute.
Hygiène de vie : les bonnes pratiques au quotidien
1. Manger lentement, à horaires réguliers
La digestion commence dans la bouche. Mastiquer suffisamment permet :
- une meilleure prédigestion des glucides,
- une réduction des fermentations intestinales,
- une meilleure assimilation des nutriments.
Prendre ses repas à heures fixes aide aussi à réguler le péristaltisme intestinal (mouvement naturel du tube digestif). Cela évite les à-coups digestifs et limite les troubles du transit.
2. Éviter les aliments ultra-transformés
Les produits industriels riches en :
- additifs (édulcorants, conservateurs),
- graisses saturées,
- sucres rapides,
- exhausteurs de goût,
sont souvent irritants pour la muqueuse digestive. De plus, certains additifs (comme le carboxyméthylcellulose ou le polysorbate 80) altèrent le microbiote selon des études récentes (Nature, 2020), favorisant l’inflammation et les troubles digestifs.
Une alimentation « brute », riche en aliments simples (riz, légumes cuits, fruits pauvres en fibres insolubles), est souvent mieux tolérée.
3. Limiter les excitants digestifs
Certains aliments peuvent accélérer le transit ou irriter la paroi intestinale :
- café : stimulant de la motricité intestinale via la caféine et la libération de gastrine.
- épices piquantes : irritantes chez les personnes sensibles.
- boissons gazeuses : distendent l’intestin, favorisent les ballonnements et le réflexe défécatoire.
Limiter leur consommation ou les supprimer temporairement après un épisode aigu peut réduire le risque de rechute.
Suivi médical régulier : anticiper plutôt que subir
La prévention des récidives passe aussi par une surveillance médicale personnalisée, surtout si la diarrhée chronique a une origine identifiée (Crohn, SII, intolérance alimentaire…).
1. Tenir un carnet alimentaire
Il s’agit d’un outil simple mais redoutablement efficace pour :
- repérer les aliments déclencheurs,
- évaluer l’évolution des symptômes,
- identifier les périodes de stress ou d’excès.
Le carnet permet aussi au médecin ou au nutritionniste d’adapter les recommandations au cas par cas. Il peut être tenu sur papier ou via une application mobile.
2. Réaliser un bilan digestif annuel
Recommandé en cas de pathologies digestives connues ou si :
- antécédents familiaux de cancer colorectal,
- antécédents personnels de MICI,
- terrain fragile (personne âgée, immunodéprimée).
Ce suivi peut inclure :
- analyses de sang (marqueurs inflammatoires, carences),
- calprotectine fécale (si antécédents de Crohn ou RCH),
- coloscopie de contrôle (selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé).
Foire aux questions (FAQ)
Le stress peut-il vraiment provoquer une diarrhée chronique ?
Oui. Il influence directement le fonctionnement digestif via l’axe cerveau-intestin.
Le café est-il un déclencheur systématique ?
Non, mais il peut accélérer le transit et aggraver les diarrhées chez certaines personnes sensibles.
Comment différencier diarrhée chronique et SII ?
Le SII inclut d'autres symptômes : douleurs, alternance constipation/diarrhée, ballonnements.
Que faire si mon enfant a une diarrhée chronique ?
Évaluer la croissance, rechercher une intolérance, consulter un pédiatre (en ligne ou en cabinet).
Quels sont les risques si non traitée ?
Déshydratation, malnutrition, anémie, aggravation d'une maladie chronique ou cancer.
Quel probiotique choisir ?
Cela dépend de la cause. Demandez conseil à votre médecin ou lors d’une téléconsultation.
La diarrhée chronique peut-elle cacher un cancer ?
Oui, surtout chez les plus de 50 ans. D’où l’importance du dépistage précoce.
Diarrhée Chronique : ce qu'il faut retenir
La diarrhée chronique est un symptôme qui mérite toute votre attention. Qu’elle soit liée à l’alimentation, au stress, à une intolérance ou à une maladie digestive, elle doit faire l’objet d’un bilan rigoureux.
Il existe aujourd’hui des solutions efficaces et accessibles : traitement médical, probiotiques, alimentation adaptée, thérapies naturelles, gestion du stress.
Sources
- Ameli.fr – Diarrhées chroniques
- Association Nationale Française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie – Diarrhée chronique
- PubMed – Gut Microbiota and Chronic Diarrhea