Comprendre le sang avant de comprendre les leucémies
Pour comprendre les mécanismes des leucémies, il faut dans un premier temps s’attarder sur la composition du sang et le processus de formation des cellules sanguines. Avant même de distinguer les différentes leucémies, il est important d’expliquer la différence avec un lymphome. Puis, en effet, il faut savoir s’il s’agit d’une leucémie aiguë ou chronique et d’une leucémie myéloïde ou d’une leucémie lymphoïde pour adapter le traitement. On vous explique.
De quoi se compose le sang ?
Dans le sang, il existe différents types de cellules :
- les cellules myéloïdes regroupent :
- les globules rouges (ou hématies) qui sont chargés de transporter l’oxygène,
- les plaquettes sanguines (ou thrombocytes) qui interviennent dans la coagulation sanguine
- une majorité de globules blancs (ou leucocytes) qui constituent le système immunitaire et protègent contre les infections. - Les cellules lymphoïdes sont composées des lymphocytes B et T et des cellules NK et participent aux réactions immunitaires.
Quelles différences entre leucémies et lymphomes ?
Le type de cellules impliquées
Les cellules sanguines proviennent en majorité de la moelle osseuse, qui comporte aussi bien des cellules myéloïdes que de cellules lymphoïdes. Si le cancer se développe au niveau de la moelle osseuse, on parle de leucémie. Ainsi, on peut parler de leucémie myéloïde ou lymphoïde en fonction des cellules concernées.
Les tissus lymphatiques appartiennent au système immunitaire, qui est dispersé dans tout le corps. En cas de cancer dans les tissus lymphatiques, on parle alors de lymphomes. Les lymphomes ne concernent pas les cellules myéloïdes, absentes des tissus lymphatiques et se développent à partir de cellules lymphoïdes.
La présence ou l'absence de symptômes peut être un indicateur.
Les leucémies vont se développer dans les os et ne vont donc pas former de tumeur (amas de cellules) à proprement parler. Il peut arriver que les lymphomes se propagent à la moelle osseuse et que les leucémies atteignent les tissus lymphatiques.
Par ailleurs, c’est les cellules sanguines anormales elles-mêmes qui vont provoquer les symptômes de la leucémie alors que le lymphome va affaiblir l’organisme pour combattre le cancer (avec la présence de fièvre).
Quelle différence entre leucémie aiguë et leucémie chronique ?
La variation du nombre de cellules sanguines va faire penser à une leucémie.
La grande différence entre les leucémies aiguës et chroniques et l’état de la maturité des cellules sanguines impliquées : si elles sont capables d’arriver à maturité, on parle de leucémie chronique.
La leucémie aiguë est souvent d’apparition soudaine et rapidement diagnostiquée, car elle va présenter des symptômes visibles tandis que la leucémie chronique est d’apparition plus lente et moins visible.
Les leucémies aiguës
Symptômes de la leucémie aiguë et diagnostic
Quels sont les symptômes de la leucémie aiguë ?
La leucémie aiguë est d’apparition soudaine, on peut parler de leucémie foudroyante sans pour autant qu’elle soit mortelle. Elle survient dès lors que la moelle osseuse ne peut plus produire de cellules et développe des cellules immatures : les cellules “leucémiques”.On retrouvera les signes suivants :
- une altération de l’état général qui peut faire penser à une grippe avec la présence de fièvre
- une anémie (du fait de la réduction de la circulation des globules rouges) qui entraînera une pâleur, un essoufflement
- une tachycardie pour compenser le manque d'oxygénation retrouvée dans la leucémie
- de la fatigue
- des saignements par défaut de fonction de coagulation et des hématomes
- l’apparition d’infections
- parfois des adénopathies, c’est-à-dire une inflammation des ganglions.
- des douleurs osseuses ainsi que des difficultés respiratoires peuvent être retrouvées dans la leucémie aiguë myéloïde.
Le type de leucémie aiguë la plus fréquente est la leucémie myéloïde aiguë (LMA).
Le saviez-vous ? La LMA est retrouvée chez l’enfant, le jeune adulte ou chez les personnes de plus de 60 ans. Toutefois, la leucémie aiguë lymphoïde est la plus retrouvée chez l’enfant : elle représente 80% des leucémies de l’enfant. Le pronostic est relativement bon puisque 4 enfants sur 5 se rétablissent.
Quel est le diagnostic de la leucémie aiguë ?
Devant un tel tableau clinique, une numération formule sanguine (NFS) sera réalisée à partir d’une prise de sang. En cas de leucémie aiguë, la NFS peut être supérieure à la normale.
La leucémie peut être de découverte fortuite, même si c’est rarement le cas avec une leucémie aiguë, à l'occasion d’un bilan sanguin classique.
En cas de suspicion de leucémie, il sera proposé au patient un myélogramme qui consiste au prélèvement des cellules de la moelle osseuse. On considère alors un diagnostic de leucémie confirmée dès lors que la moelle osseuse contient plus de 20% de cellules immatures.
Des examens supplémentaires seront nécessaires pour définir le type de leucémie : myéloïde ou lymphoïde et ainsi définir le traitement en conséquence.
Quelle est la cause de la leucémie aiguë ?
Les cellules sanguines immatures, normalement en très petite quantité, siègent dans la moelle osseuse et restent en principe dans cette dernière. Lors d’une leucémie aiguë, elle est envahit de cellules immatures, ce qui d’une part restreint sa capacité de production de cellules sanguines et d’autre part provoque la fuite des cellules immatures (leucémiques) dans la circulation sanguine.
Comme pour les leucémies chroniques, on ne connaît pas la cause primaire de ce développement anormal bien que des facteurs environnementaux (comme le contact avec certains agents chimiques), génétiques (trisomie 21 par exemple) ou en encore l’existence de maladies hématologiques pré-existantes soient avancés comme influençant la survenue d’une leucémie.
Peut-on guérir d'une leucémie aiguë ?
Les traitements diffèrent en fonction de la forme de la leucémie, du stade d’avancement ainsi que des maladies concomitantes. Il faut savoir qu’il existe 7 sous-types de leucémies aiguës myéloïdes.
Le traitement repose sur de la chimiothérapie pour éliminer les cellules dites leucémiques, anormales. Pour cela, la première phase est une chimiothérapie dite “d’induction” qui va détruire indifféremment toutes les cellules de la moelle osseuse fragilisant le système immunitaire et nécessitant en général une hospitalisation pour préserver le patient de toute infection avec une antibiothérapie préventive par exemple ou des transfusions.
Une deuxième phase de chimiothérapie permet d’éviter les rechutes. Une greffe de cellules souches peut parfois être proposée. Les chimiothérapies peuvent entraîner des effets secondaires importants au niveau digestifs notamment (nausées, vomissement, diarrhées)
Si le patient présente différentes pathologies ou certains facteurs de risques, il est possible qu’une chimiothérapie moins intensive lui soit proposée.
Pris en charge à temps, les leucémies aiguës ont un pronostic de 70% même si les rechutes sont fréquentes (source : Le Figaro Santé).
Les leucémies chroniques
Dans le cas des leucémies chroniques, les cellules cancéreuses continuent de se développer dans la moelle osseuse et de passer dans le sang. Cette production de cellules cancéreuses va exiger une demande en ressources et en énergie importante.
La leucémie lymphoïde chronique
Quels sont les signes d'une leucémie chronique ?
Les leucémies chroniques sont d’apparition lente, et souvent découverte au détour d’une simple prise de sang.
Quelques symptômes peuvent faire penser à une leucémie, mais sans pour autant être caractéristiques :
- augmentation du volume de certains ganglions des amygdales ou de la rate
- altération de l’état général et fatigue, perte de poids
Différents examens peuvent être réalisés pour confirmer le diagnostic de leucémie lymphoïde chronique, à savoir : une analyse de sang, un frottis sanguin et un immunophénotypage.
Donnée : Les leucémies lymphoïdes chroniques représentent 30% des leucémies, le taux de survie à 5 ans est supérieur à 80% (source : Institut National du Cancer).
Qu'est-ce qui provoque une leucémie chronique ?
La leucémie lymphoïde chronique correspond à l’accumulation de lymphocytes B défiants dans les organes sources à savoir la moelle osseuse, le sang, les ganglions et la rate.
Peut-on soigner la leucémie chronique ?
Parfois, un traitement n’est pas nécessaire, le suivi étant suffisant. Si un traitement est requis, on pourra avoir recours à l'immunochimiothérapie ou à de nouvelles thérapies dites “ciblées”.
À l’instar des autres chimiothérapies, les effets secondaires peuvent être limités en adaptant son alimentation, en pratiquant du sport ou encore en réduisant l’anxiété. Ainsi, une prise en charge pluridisciplinaire accompagne le patient.
La leucémie myéloïde chronique
Symptôme et diagnostic de la leucémie myéloïde chronique
Elle est plus rare puisqu’elle ne concerne 600 nouveaux cas par an, avec plus d’hommes touchés et un âge médian de plus de 50 ans lors du diagnostic (source : Société Française d'Hématologie). Les symptômes de la leucémie sont également très silencieux voir absents. La découverte est donc fortuite. Le diagnostic repose sur : la NFS, le myélogramme et des examens de biologie moléculaire pour retrouver le chromosome et le gène impliqué.
La Société Française d’Hématologie définit 3 stades d’évolution de la maladie :
- la phase chronique qui est en général asymptomatique (quantité de globules blancs anormaux faible)
- la phase d’accélération de la leucémie chronique où des symptômes généraux peuvent apparaître tels que la fatigue ou de la fièvre : les cellules anormales commencent se développer de façon importante au sein de la moelle osseuse
- la phase de transformation : la moelle osseuse est envahie et ne peut plus fonctionner normalement
Cause de la leucémie myéloïde chronique
Des globules blancs immatures anormaux passent dans le sang. Plus précisément une anomalie chromosomique de cellules souches provoque la libération d’une enzyme qui induit la surproduction de globules blancs : la tyrosine kinase.
Traitement de la leucémie myéloïde chronique
Le traitement de la leucémie myéloïde chronique repose, en phase chronique, sur l'administration d’un inhibiteur de l’enzyme tyrosine kinase. Le pronostic est bon et le patient reste suivi pendant plusieurs années par la suite.
Sources :
- Comprendre la leucémie et le lymphome, The Leukemia & Lymphoma Society of Canada, 2018
- Leucémie aigue, Le Figaro Santé
- Leucémies de l'adulte : les symptômes et le diagnostic, Fondation ARC pour la recherche sur le cancer
- Les Cancers du sang, Institut Curie
- Leucémie ou cancer du sang : ce qu'il faut savoir, Medisite, 18/12/2019
- Estimations nationales de l'incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018 - Volume 2 : Hémopathies malignes : Étude à partir des registres des cancers du réseau Francim, Santé Publique France
- La leucémie myéloïde chronique, Société Française d’Hématologie
- Les LLC : points clés, Institut national du cancer
- LEUCÉMIE LYMPHOÏDE CHRONIQUE, Vidal