Quels sont les symptômes du SIBO ?
Définition du SIBO
Le SIBO (pour « Small Intestinal Bacterial Overgrowth ») est aussi appelé pullulation microbienne de l’intestin grêle en Français, ou encore colonisation bactérienne chronique de l'intestin grêle (CBCG). Le SIBO est une maladie digestive encore méconnue, qui associe des symptômes digestifs à un dérèglement de la flore intestinale.
Le SIBO commence dans le tube digestif
Pour comprendre le SIBO, il faut comprendre le fonctionnement du tube digestif et du petit monde qui y habite : le microbiote.
Tout au long de mon tube digestif, de ma bouche à mon anus, se trouve un enchaînement d’organes, chargés de digérer les aliments et d’en tirer de l’énergie et des nutriments pour le fonctionnement de mon organisme.
Ainsi, que je souffre du SIBO ou non, mon bol alimentaire est :
- Découpé dans ma bouche via la mastication.
- Enrobé de salive pour commencer à digérer les glucides.
- Acheminé dans mon estomac par les mouvements de mon œsophage.
- Malaxé et acidifié par mon estomac, jusqu’à se transformer en bouillie.
- Dirigé vers mon intestin grêle lorsque la bouillie correspond aux critères.
Certaines de ces étapes peuvent être impactées si je souffre du SIBO.
Puis, dans mon intestin grêle, le bol alimentaire et les nutriments qui le composent, vont être dégradés par les enzymes de la bile et du suc pancréatique. Maintenant sous forme de petites molécules, les nutriments peuvent être absorbés et transportés vers mes organes utilisateurs.
Ce qui n’a pas été absorbé par mon intestin grêle poursuit sa route vers mon gros intestin (côlon) pour être transformé en selles et éliminé par mon anus.
Et si mon organisme fonctionne normalement, que je ne souffre pas du SIBO, mon corps émet périodiquement une grande vague de nettoyage appelée complexe moteur migrant (CMM) pour débarrasser mon tube digestif d’éventuels déchets restants.
Le SIBO, une histoire de bactéries
Le corps humain vit en cohabitation avec son environnement, et en particulier avec les microorganismes. Notre côlon abrite par exemple toute une flore microbiologique, appelée microbiote, dont le rôle est (entre autres) de terminer notre travail de digestion.
Longtemps considérées comme délétères, les bactéries vivent pourtant en nous et avec nous. Il y aurait même plus de bactéries dans notre corps que de cellules humaines !
Si je ne souffre pas du SIBO, ces bactéries vivent en général dans mon gros intestin et se nourrissent des déchets que mon corps ne sait pas dégrader (en particulier les fibres). Les fibres sont alors consommées par ces bactéries, qui relarguent, entre autres, des acides gras à chaînes courtes, qui protègent mon côlon du cancer colo-rectal.
Certaines bactéries sont bénéfiques pour notre santé et nous aident à digérer, et en retour, nous les nourrissons : nous vivons en symbiose avec elles.
Mais parfois, de « mauvaises » bactéries s’installent dans le côlon et/ou de bonnes bactéries s’installent au mauvais endroit et nous causent du tort : l’équilibre est rompu, c’est la dysbiose. Et c’est de là que part le SIBO.
De la symbiose à la dysbiose
Dans le cas du SIBO, les bactéries, qui sont normalement cantonnées à mon gros intestin, se sont installées dans mon intestin grêle. Ainsi, là où le tube digestif s’affaire habituellement à digérer et assimiler les nutriments, il doit dans le cas du SIBO, se « battre » avec les bactéries pour absorber le repas.
Les bactéries font alors fermenter le bol alimentaire, produisant des gaz dérangeants (hydrogène, méthane, hydrogène sulfureux…), et produisent des toxines qui rendent mon intestin poreux. Des molécules non-désirées passent alors dans la voie sanguine, pouvant engendrer une réponse immunitaire.
En cas de SIBO, les bactéries de l’intestin grêle ne sont pas forcément de « mauvaises » bactéries, mais elles le deviennent car elles ne sont plus au bon endroit.
Quelles sont les causes du SIBO ?
Il n’existe pas de certitude sur les causes de la maladie du SIBO, mais un constat : les bactéries ne sont plus à leur place attitrée. Plusieurs pistes permettent d’expliquer la présence de cette pullulation bactérienne dans l’intestin grêle.
Le SIBO et le manque d’acidité gastrique
L’estomac produit normalement de l’acide chlorhydrique pour acidifier le bol alimentaire. Cette acidité, en plus d’amorcer la digestion, permet d’éliminer les bactéries présentes dans les aliments.
En cas de manque d’acidité dans l’estomac, les bactéries pourraient ne pas être détruites et arriver vivantes dans l’intestin.
Une étude de 2017 menée sur les inhibiteurs de la pompe à protons (un traitement utilisé en cas de reflux gastro-œsophagien pour diminuer l’acidité gastrique) montrait que leur utilisation était corrélée à un risque supérieur de développer un SIBO.
Le SIBO et la valvule iléo-caecale
La valvule iléo-caecale est un sphincter situé entre l’intestin grêle et le côlon. Il est normalement en sens unique : il ne s’ouvre que pour permettre le passage du bol alimentaire digéré de l’intestin grêle vers le gros intestin. Dans le cas du SIBO, la valvule iléo-caecale pourrait être défectueuse et permettre la remontée des bactéries vers l’intestin grêle.
Le SIBO et le complexe moteur migrant
Le complexe moteur migrant (CMM) correspond à une vague puissante de nettoyage qui intervient de façon cyclique entre les repas. Cet agent d’entretien interne permet l’évacuation des déchets restants dans le tube digestif, limitant ainsi la fermentation des résidus.
Chez les patients atteints du SIBO, une étude constate une réduction de 70% des vagues du CMM.
Le SIBO et les infections digestives
Les études considèrent qu’au même titre que le syndrome de l’intestin irritable, le SIBO pourrait être secondaire à un épisode infectieux digestif (gastro-entérite aiguë).
Une des explications possibles est que certaines bactéries pathogènes (telles que E. coli, Shigella, Campylobacter et Helicobacter) produiraient une toxine appelée CDT (cytolethal distending toxins). Celle-ci altèrerait le complexe moteur migrant et pourrait le désactiver.
Le SIBO et les autres causes
Toute cause altérant le processus de digestion pourrait également avoir une incidence sur le SIBO. Ainsi, un SIBO peut se développer ou s’aggraver si :
- J’ai subi une chirurgie abdominale : les adhérences des cicatrices pouvant brider les vagues du CMM.
- J’ai une hypothyroïdie : celle-ci pouvant occasionner un ralentissement du transit, une constipation et une baisse de la sécrétion acide dans l’estomac.
Le stress n’est pas la cause du SIBO mais peut en aggraver les symptômes, notamment car celui-ci réduit la production d’acidité gastrique.
Quels sont les symptômes du SIBO
Ai-je le SIBO ?
Si je suis atteint d’un SIBO, je peux vivre les symptômes suivants :
- J’ai beaucoup de gaz : je suis ballonné, j’émets des flatulences, je rote beaucoup.
- J’ai des douleurs abdominales.
- Mes selles sont grasses.
- Je peux également avoir de la diarrhée, être constipé ou une alternance des deux.
Ces symptômes peuvent évoquer un syndrome de l’intestin irritable, une maladie cœliaque ou une intolérance au lactose, c’est pourquoi il est parfois compliqué de poser le diagnostic du SIBO.
D’autres symptômes peuvent également être liés aux conséquences du SIBO :
- Je développe des allergies alimentaires.
- Je suis fatigué.
- Je présente un syndrome de malabsorption (fatigue, perte de poids, anémie…).
- Mon moral est en baisse, j’ai du mal à retenir des informations.
Comment est diagnostiqué le SIBO ?
Le diagnostic du SIBO peut être complexe car il n’existe pas de diagnostic standardisé, comme il en existe pour le syndrome de l’intestin irritable (critères de Rome) ou pour l’intolérance au gluten (sérologique puis endoscopique).
Le diagnostic du SIBO peut se faire de deux façons :
- La culture d’aspiration jéjunale : on aspire le contenu de l’intestin grêle et on étudie les bactéries présentes. Au-delà d’un seuil de bactéries, et si celles-ci sont des bactéries coliques, on peut établir le diagnostic du SIBO. Cet examen est toutefois invasif.
- Le « breath-test » ou test respiratoire : évalue la quantité de gaz produite après l’ingestion de glucose ou de lactulose. L’exploitation des résultats est souvent à l’interprétation du professionnel.
Quelles sont les complications du SIBO ?
De par ses symptômes digestifs, le SIBO peut handicaper le malade. Les douleurs abdominales et la fatigue peuvent limiter les activités, et les gaz freiner la vie sociale.
Mais le SIBO peut également avoir d’autres conséquences sur la santé :
- Les bactéries présentes dans l’intestin grêle peuvent consommer la vitamine B12 à la place de l’organisme, engendrant des carences en B12, pouvant être la cause de dépression, de perte de mémoire ou de fatigue
- Les bactéries dans intestin grêle peuvent abimer la paroi digestive et réduire les capacités d’absorption et la production d’enzymes digestives. L’intestin devient poreux et laisse passer des particules d’aliments non-digérées et des fragments bactériens. Cela peut alors activer le système immunitaire et induire des inflammations et des allergies.
Des hypothèses sur le lien entre le cerveau et l’intestin envisagent également la possibilité de pathologies psychiatriques en lien avec les affections digestives comme le SIBO.
Comment se soigner du SIBO ?
Quels sont les traitements du SIBO ?
Le SIBO est une maladie définie depuis peu de temps, les traitements n’en sont donc qu’à leurs balbutiements.
Il n’existe pas encore de protocole standardisé pour traiter le SIBO, mais le schéma pourrait suivre cette logique :
- Tuer un maximum de bactéries digestives.
- Réparer la paroi intestinale et restaurer la motilité (CMM).
- Rééquilibrer le microbiote et gérer le stress.
À l’heure actuelle, les preuves manquent pour assurer qu’il est possible de guérir complètement du SIBO.
Comment soigner le SIBO naturellement ?
Tuer les bactéries naturellement
Il existe des plantes qui pourraient aider à détruire la flore responsable de mon SIBO, en complément ou remplacement des antibiotiques vendus en pharmacie. Le type de plante dépend du type de flore qui est implantée. Les tests d’aspiration jéjunale et le breath-test peuvent éclairer le choix des plantes.
Parmi les plantes utilisées, on retrouve : l’huile essentielle d’origan, l’huile de neem, l’allicine, la cannelle…
Les huiles essentielles doivent être utilisées avec précaution, je demande l’avis de mon médecin.
Réparer ma paroi intestinale et restaurer ma motilité naturellement
En cas de SIBO, ma paroi intestinale peut être devenue poreuse et mon CMM fainéant. Ainsi, certaines plantes et compléments alimentaires peuvent aider à restaurer les fonctions naturelles de mon intestin : L-glutamine, argile, prokinétiques…
Le chant et la respiration peuvent également permettre de stimuler mon nerf vague pour rétablir la relation entre mon cerveau et mon intestin.
Rééquilibrer mon microbiote naturellement après le traitement du SIBO
L’utilisation de probiotiques peut être faite lorsque les étapes précédentes sont bien avancées. Les probiotiques sont de « bonnes » bactéries vivantes, qui se trouvent, soit sous forme de compléments alimentaires, soit dans les aliments fermentés (choucroute, fromage…).
Prendre en charge mon SIBO
Si je pense être atteint du SIBO, je prends rendez-vous avec un médecin ou un spécialiste pour établir un diagnostic et m’indiquer un traitement adapté. Mon médecin peut me renvoyer vers un gastro-entérologue spécialisé.
Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :
- MOUTOT Dora, A fleur de pet. Editions Trédaniel, 2019
- Pimentel, M., Soffer, E.E., Chow, E.J. et al. Lower Frequency of MMC Is Found in IBS Subjects with Abnormal Lactulose Breath Test, Suggesting Bacterial Overgrowth. Dig Dis Sci 47, 2639–2643 (2002). https://doi.org/10.1023/A:1021039032413
- Revue médicale suisse - Pullulation bactérienne de l’intestin grêle. En-Ling Leung Ki et al. Rev Med Suisse 2010; volume 6. 186-191
- Sender R, Fuchs S, Milo R (2016) - Revised Estimates for the Number of Human and Bacteria Cells in the Body. PLoS Biol 14(8): e1002533. (étude)
- Su T, Lai S, Lee A, He X, Chen S. Meta-analysis: proton pump inhibitors moderately increase the risk of small intestinal bacterial overgrowth. J Gastroenterol. 2018 Jan;53(1):27-36. doi: 10.1007/s00535-017-1371-9. Epub 2017 Aug 2. PMID: 28770351.