Les bienfaits des fibres alimentaires pour la santé ne sont plus à démontrer. Mais saviez-vous que le système immunitaire de l’intestin était indispensable à leurs propriétés de régulation de la glycémie au sein de l’organisme ? C’est ce que suggère une récente étude menée par des chercheurs français et selon laquelle certaines cellules immunitaires joueraient un rôle clé dans l’effet bénéfique des fibres alimentaires sur le métabolisme glucidique. Zoom sur les conclusions de cette étude inédite.
Retrouvées dans les fruits et légumes, les fibres alimentaires sont surtout connues pour leur action de régulation du transit intestinal. Mais elles présentent également de nombreux bienfaits pour la santé parmi lesquels le contrôle du poids ou de la glycémie.
Des études antérieures ont émis l’hypothèse selon laquelle le système immunitaire intestinal permettrait de soutenir les fibres alimentaires dans leur action. Mais jusqu’à présent, les scientifiques se sont heurtés à un manque de connaissances quant à l’action précise du système immunitaire intestinal à ce niveau.
Le système immunitaire intestinal est constitué par différentes populations de cellules immunitaires impliquées dans la tolérance alimentaire ou dans la lutte contre les agents infectieux au niveau de la paroi intestinale.
Dans ce contexte, des chercheurs français de l’Inserm et de Sorbonne Université ont souhaité approfondir la question au moyen de modèles animaux de souris. Pour cela, ils ont administré à un échantillon de souris un régime alimentaire de type « occidental », c’est-à-dire riche en graisses et pauvre en fibres alimentaires. La moitié de l’échantillon a par ailleurs bénéficié d’une supplémentation en fibres de type fructo-oligosaccharides.
Les fructo-oligosaccharides (ou FOS) sont des substances constituées de deux sucres : le glucose et le fructose. Non assimilables par l’organisme, les fructo-oligosaccharides doivent être digérés par la flore intestinale et sont considérés comme des substances « prébiotiques » qui favoriseraient la prolifération des bactéries probiotiques.
Durant la période de suivi de quatre semaines, les chercheurs ont pu faire les observations suivantes :
Forte de ce constat, l’équipe de chercheurs a entrepris d’analyser la composition du microbiote et du système immunitaire intestinal des deux groupes de souris.
Le microbiote intestinal désigne l'ensemble des micro-organismes non pathogènes qui peuplent le tube digestif.
Il en ressort que dans le groupe de souris n’ayant pas bénéficié d’une supplémentation en fibres de type fructo-oligosaccharides, le microbiote était plus pauvre en bactéries dont la diversité était également plus faible. Par ailleurs, le système immunitaire intestinal était altéré avec un manque de deux types de cellules immunitaires :
En revanche, le groupe de souris ayant bénéficié d’une supplémentation en fibres de type fructo-oligosaccharides présentait un microbiote composé d’espèces de bactéries plus nombreuses, notamment des bactéries boostant la production des cellules immunitaires Th17. En conséquence, les populations de lymphocytes Th17 et de lymphocytes T régulateurs périphériques (pTreg) ont été préservées.
Pour les auteurs de cette étude, ces observations pourraient s’expliquer par le fait que les fibres participent à l’enrichissement du microbiote intestinal en espèces bactériennes qui soutiennent elles-mêmes la différenciation de certaines cellules immunitaires.
Notons qu’une troisième catégorie de cellules immunitaires est connue pour soutenir le développement des cellules Th17 et participer au fonctionnement des cellules pTreg. Il s’agit des cellules dendritiques cDC2.
L’équipe de scientifiques a ainsi souhaité éclaircir le rôle de ces cellules dendritiques dans le cadre de l’expérience menée. Pour cela, un modèle de souris déficient en cellules cDC2 et soumis à un régime gras avec ou sans supplémentation en fibres alimentaires a été étudié. Les chercheurs ont ainsi observé qu’en l’absence de ces cellules, l’apport en fibres ne s’est pas révélé suffisant pour préserver les cellules Th17 et corriger le déséquilibre glucidique.
Il semble donc que les cellules immunitaires dendritiques cDC2 soient indispensables à l’effet bénéfique des fibres alimentaires sur le contrôle glycémique. Publiée dans la revue Nature Communications, cette découverte est d’autant plus intéressante que le rôle central des cellules dendritiques dans le contrôle des effets immunitaires et métaboliques des fibres alimentaires n’était pas connu jusqu’à présent.
Prochaine étape pour les chercheurs ? Mener des études chez l’être humain pour confirmer ces résultats. En attendant, les auteurs de cette étude se réjouissent d’avoir mis en lumière certaines interactions entre alimentation, immunité et métabolisme. Selon eux, ces travaux devraient permettre d’analyser l’impact des régimes alimentaires sur l’organisme humain et d’établir de nouvelles recommandations nutritionnelles.
Sources :