Indiqué dans le diabète de type 2 insuffisamment contrôlé, l’Ozempic (sémaglutide) désigne un médicament disponible uniquement sur prescription médicale.
Or, cette spécialité a vu sa popularité croître depuis que des influenceurs en font la promotion sur les réseaux sociaux. La raison de cet engouement majeur réside dans sa capacité à réduire l’appétit et à contribuer à la perte de poids.
D’où l’usage détourné qui en est fait par de plus en plus de personnes non diabétiques en quête de perte de poids. Dès lors, l’utilisation d’Ozempic pour perdre du poids est-elle dangereuse pour la santé ? On fait le point.
L'Ozempic est le nom commercial de la semaglutide, une molécule utilisée pour traiter le diabète de type 2. Cet antidiabétique se présente sous forme d’une solution injectable en stylo prérempli disponible en 3 dosages : 0,25 mg, 0,5 mg et 1 mg.
Il s’agit d’un analogue du GLP-1, une hormone physiologique qui exerce plusieurs effets sur la régulation du glucose et de l'appétit, ainsi que sur le système cardiovasculaire. En se liant spécifiquement au récepteur du GLP-1, le sémaglutide augmente la sécrétion d'insuline par le pancréas en cas de glycémie élevée, en réduisant la quantité de glucose produite par le foie et en ralentissant la vidange de l'estomac. Ces effets combinés permettent de réduire la glycémie.
Par ailleurs, en diminuant les apports énergétiques, le sémaglutide réduit le poids corporel et la masse grasse, entraînant une réduction générale de l'appétit. En outre, le sémaglutide réduit la préférence pour les aliments à forte teneur en graisse.
L'Ozempic permet d'améliorer le contrôle de la glycémie, c'est-à-dire du taux de sucre dans le sang, chez les adultes atteints de diabète de type 2 insuffisamment contrôlé en complément d'un régime alimentaire équilibré et d'une activité physique régulière.
Son administration se fait par injection sous-cutanée à l'aide d'un stylo spécial, une seule fois par semaine grâce à son action prolongée.
Hors AMM, l’Ozempic est détourné de son utilisation pour aider à la perte de poids. Ce détournement s’explique par ses effets d’augmentation du rassasiement et de ralentissement de la vidange gastrique qui permettent une réduction de l’appétit et donc de l'apport calorique.
Par ailleurs, des études antérieures ont démontré l’efficacité de cette molécule pour la perte de poids de patients obèses ou en surpoids.
L’influence des réseaux sociaux et de la médiatisation dans l’utilisation de l'Ozempic pour la perte de poids n’est plus à prouver. On ne compte plus le nombre d’utilisateurs de ces applications sociales, influenceurs ou simples anonymes, qui ont publié leurs témoignages ou en fait la promotion sur ces plateformes, créant ainsi un véritable « effet de mode ».
Mais ce phénomène inédit n’est pas sans risque puisqu’il a un impact direct sur la disponibilité à l’officine de l’Ozempic pour les patients diabétiques et peut provoquer ou accentuer des ruptures de stocks les privant de ce traitement qui leur est indispensable.
En France, l'ANSM a communiqué sur le sujet en juillet 2023. Elle rappelle que la prescription d'Ozempic doit être réservée aux patients diabétiques et que son utilisation doit se faire sous surveillance médicale.
Les essais cliniques ayant été menés dans le cadre de la prise en charge du diabète ont montré que ce médicament possède de nombreux effets indésirables gastro-intestinaux dont certains sont graves :
La survenue de ces effets se retrouve-t-elle chez les personnes qui l'utilisent avec un objectif de perte de poids, sans être diabétiques ? Des scientifiques se sont penchés sur la question.
Pour étudier les effets de l'Ozempic chez des personnes non diabétiques l'utilisant dans un objectif de perte de poids, ils ont ainsi examiné un vaste échantillon de données issues de la base de données américaine PharMetrics et Plus (IQVIA) et récoltées auprès de 16 millions de patients de 2006 à 2020. Cette base de données fournit une vue complète des prescriptions et des diagnostics médicaux aux États-Unis.
Les chercheurs se sont intéressés aux nouveaux utilisateurs de semaglutide ou de liraglutide, (deux principaux agonistes du GLP-1) et de bupropion-naltrexone (un médicament pour la perte de poids qui n'est pas lié aux agonistes du GLP-1). Afin d'assurer la pertinence de l'étude, ils ont inclus uniquement les patients qui avaient un diagnostic d'obésité et exclus ceux ayant un diagnostic de diabète.
L'objectif principal était d'observer les incidences d'événements indésirables tels que les maladies biliaires, la pancréatite, l'obstruction intestinale et la gastroparésie. De plus, les auteurs ont ajusté les observations pour divers facteurs pouvant influencer les résultats, tels que l'âge, le sexe, la consommation d'alcool et de tabac, et d'autres variables pertinentes.
Il ressort de cette analyse que sur l'ensemble des utilisateurs étudiés, les taux d'incidence de plusieurs complications gastro-intestinales étaient nettement plus élevés chez ceux prenant des agonistes du GLP-1 que chez ceux prenant du bupropion-naltrexone. Par exemple, la pancréatite était nettement plus fréquente chez les utilisateurs d'agonistes du GLP-1.
Cette étude révèle que les patients utilisant des agonistes du GLP-1 pour la perte de poids ont un risque accru de plusieurs complications gastro-intestinales par rapport à ceux utilisant le bupropion-naltrexone.
Récemment publiés dans la revue JAMA, ces résultats démontrent ainsi que la prise d'Ozempic en dehors du traitement du diabète est dangereuse.
Cette étude présente certes des limites. Bien que les patients sélectionnés étaient tous obèses, il n'est pas certain à 100% que tous ces patients utilisaient les agonistes du GLP-1 exclusivement pour la perte de poids. De plus, les influenceurs utilisant l'Ozempic ne sont pas nécessairement obèses et parfois, ils ne sont même pas en surpoids. Néanmoins, elle a le mérite d'alerter sur les dangers de l'injection d'Ozempic chez les personnes non diabétiques.
L'Ozempic ne peut être prescrit qu'après échec des autres hypoglycémiants dans le contrôle du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé. Il est généralement associé à d'autres hypoglycémiants, y compris l'insuline.
L’automédication consiste à prendre un médicament sans avis médical. Or cet acte n’est pas anodin et expose à de réels risques pour la santé. Ces risques peuvent être liés au patient (risque allergique), à la maladie ou aux symptômes qu’il souhaite traiter (erreur de diagnostic) voire au médicament lui-même (péremption, mauvaise compréhension de la notice).
Par ailleurs, l’achat de médicaments en ligne est tout aussi risqué. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs alerté sur les risques pour la santé de la circulation en ligne de contrefaçons de certains médicaments. Pour les autorités sanitaires, la vigilance est donc de mise !
Elles rappellent l'importance d'une utilisation appropriée des traitements médicamenteux qui doivent faire l’objet d’une surveillance médicale.
Perdre du poids nécessite avant toute chose de revoir ses habitudes alimentaires et de réduire très progressivement la quantité d’énergie consommée au quotidien. Pour cela, il conviendra de bien choisir ses aliments et d’adapter la taille des portions à ses véritables besoins.
Des professionnels de santé (médecin nutritionniste ou diététicien) peuvent vous accompagner dans cette démarche grâce à une « enquête alimentaire » qui décrypte vos habitudes alimentaires quotidiennes. Sur la base des résultats de cette enquête, le médecin ou le diététicien vous propose un plan d’alimentation individuel et personnalisé. En tenant compte de votre mode de vie et de vos préférences alimentaires, ce plan vous aide à adopter une alimentation équilibrée, diversifiée et durable.
Dans un objectif de perte de poids, il est tout aussi important d’augmenter chaque jour son activité physique, en fonction de ses capacités. En faisant travailler les muscles, l’activité physique permet en effet d’augmenter les dépenses énergétiques, de mobiliser les graisses et de faciliter la perte de poids.
Par activité physique on entend toute dépense physique qu’elle soit de l’ordre des loisirs, des tâches ménagères, des déplacements (vélo, marche) ou des sports individuels ou collectifs. Votre médecin pourra vous aider à définir vos objectifs en matière d'activité physique selon vos capacités et votre motivation.
Si vous avez pris de l’Ozempic sans prescription médicale, nous vous conseillons de consulter rapidement un professionnel de santé qui fera le point sur votre situation. Outre les effets indésirables qui peuvent survenir comme les nausées, les vomissements et les diarrhées, les risques pour votre santé sont bien réels (risques de complications graves comme la pancréatite ou des hypoglycémies sévères).
Si l’Ozempic est uniquement réservé au traitement du diabète de type 2, il existe néanmoins d’autres médicaments réellement adaptés à la perte de poids parmi lesquels :
Le médicament Wegovy® (sémaglutide) | Ce médicament est indiqué en complément d'un régime hypocalorique et d'une augmentation de l'activité physique. Il a fait l'objet d'une autorisation d'accès précoce (AAP) dans la perte et le maintien du poids chez des adultes en surpoids ou obèses présentant un indice de masse corporelle (IMC) initial supérieur ou égale à 30 kg/m2, ou compris entre 27 et moins de 30 kg/m2 en présence d'au moins un facteur de comorbidité lié au poids (hypertension artérielle, dyslipidémie etc). |
Le médicament Saxenda® (liraglutide) | Il s’agit d’un autre analogue du GLP-1 indiqué pour les patients en situation d’obésité. Disponible en France, ce médicament n’est pas remboursé. |
Sources :