Selon l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) , la part des aliments dits ultratransformés représente 30 % des apports caloriques quotidiens en France. Dans certains pays comme les États-Unis, cette proportion atteint même 60 % ! Qu’est-ce qu’un aliment transformé et ultra-transformé ? Quels sont les effets sur la santé de ces modifications et des additifs que l’on retrouve à l’intérieur ? Comment éviter au maximum les aliments transformés ? MEDADOM répond à toutes les questions que vous vous posez sur le sujet.
Un aliment transformé comme son nom l’indique a subi des modifications. Il peut s’agir de transformations physiques, chimiques ou biologiques, réalisées au moyen de techniques industrielles. Les aliments transformés contiennent également des additifs ou des ingrédients utilisés dans l’industrie, que l’on ne retrouve pas à l’état brut dans les magasins alimentaires.
Le concept d’aliment ultra-transformé, plus récent, a été mis en lumière par des scientifiques de l’université de Sao Paulo et en France par Anthony Fardet. Par la réalisation d’études ciblées, ils ont pu mettre en évidence que les aliments ayant subi des transformations peuvent avoir des effets délétères sur la santé. Plus un aliment a subi des modifications, plus grands seront les effets, d’autant plus s’il est consommé régulièrement.
À l’origine, les aliments transformés ont vu le jour pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. L’essor des plats préparés a répondu aux besoins de rapidité et de praticité. Ils sont d’ailleurs encore aujourd’hui très consommés pendant la pause déjeuner par exemple, à la maison comme au travail.
Les acteurs de l’industrie agro-alimentaire pratiquent la transformation des aliments pour répondre à deux objectifs. D’une part, rendre les aliments plus agréables à manger pour les consommateurs. D’autre part, les transformations ont également pour objectif d’augmenter la durée de conservation des aliments, notamment par l’ajout d’additifs. Les aliments transformés et ultratransformés peuvent donc être consommés de façon sûre tout au long de l’année, même hors de la saison de récolte.
Transformation des aliments : une pratique récente ?
La transformation des aliments est réalisée depuis très longtemps, avec des techniques ancestrales comme la fermentation, le séchage ou le salage des aliments. Mais aujourd’hui, l’accent a été davantage mis sur la côté pratique des aliments plutôt que sur leur apport nutritionnel. Progressivement, les consommateurs semblent se désintéresser des aliments ultratransformés et revenir à une alimentation plus saine et plus brute, meilleure pour la santé.
Contrairement aux idées reçues, les aliments transformés et ultratransformés ne sont pas représentés que par la fast-food. Aujourd’hui, 80 % de l’offre actuelle des aliments au supermarché serait composée d’aliments transformés selon Anthony Fardet, chercheur à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA).
Les aliments transformés et ultratransformés font l’objet d’une classification appelée NOVA, qui regroupe les aliments selon leur degré de transformation.
Selon un communiqué de presse publié par l’INRA début juin 2022, ce système de classification a ses limites et doit se baser sur des critères plus poussés pour permettre de classer au mieux les aliments. En outre, le gouvernement français a fixé l’objectif de diminuer de 20 % la consommation d’aliments ultratransformés dans les recommandations nutritionnelles 2019-2023 (PNNS).
E300, E129…avez-vous déjà remarqué ces noms étranges dans la composition de vos aliments du quotidien ? Il s’agit d’additifs, des substances que l’on ne retrouve pas à l’état brut et qui sont réservées à l’industrie agroalimentaire. Les additifs sont très nombreux dans l'alimentation et jouent de multiples rôles. Par exemple, ils peuvent augmenter la durée de conservation d’un produit, améliorer son goût (exhausteur de goût), sa texture ou encore son apparence.
Plus de 600 additifs ont été recensés. Tous ne présentent pas de risque pour la santé, en revanche certains sont aujourd’hui connus pour avoir des effets délétères sur l’organisme. C’est notamment le cas du dioxyde de titane (E171) dont l’utilisation est suspendue depuis 2020, du carboxyméthyl cellulose (E466) et du polysorbate 80 (E433) qui sembleraient favoriser l’inflammation. Le recours aux additifs est strictement encadré au niveau européen par les règlements CE/1331/2008 et CE/1333/2008.
De manière générale, il est conseillé de limiter au maximum la consommation d'aliments transformés contenant des additifs. Vérifiez la composition des produits que vous souhaitez acheter et de privilégier les listes courtes.
Selon le site officiel mangerbouger.fr, les aliments ultratransformés auraient des effets négatifs sur la santé selon les nombreuses études désormais disponibles sur le sujet. D’une part, ayant subi de nombreuses transformations, les aliments ultratransformés sont pauvres au niveau nutritionnel. Ils apportent beaucoup moins de fibres, de minéraux et de vitamines et sont au contraire plus riches en sel, en sucre et en graisses. D’autre part, les additifs contenus à l’intérieur sont peu étudiés au niveau individuel avec un risque sur la santé encore mal défini en cas de consommation régulière. Enfin, les emballages plastiques dans lesquels sont conditionnés les aliments transformés posent également question.
Des études récentes ont mis en valeur un lien entre la consommation d’aliments ultratransformés et un risque plus élevé de surpoids, d’obésité et d'hypertension artérielle. Cela est dû à la forte proportion de sel, de sucre et de graisses généralement contenues dans les aliments transformés et ultratransformés.
Selon l’INRAE, des chercheurs ont également révélé un risque plus élevé de cancer, de mortalité, de symptômes dépressifs et de troubles fonctionnels digestifs.
Une autre étude réalisée sur plus de 100 000 personnes suivies entre 2009 et 2018 a également révélé que la consommation d’aliments ultratransformés était associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires, et en particulier de maladies coronariennes et cérébrovasculaires.
Plus concrètement, une hausse de 10 % de la consommation d’aliments ultratransformés augmenterait de 12 % le risque de développer des maladies cardiovasculaires globales. Ces résultats doivent être néanmoins complétés par d’autres études pour affirmer de manière fiable les effets néfastes des additifs sur la santé.
Pour éviter les aliments transformés, Anthony Fardet conseille d’appliquer la “règle des 3V”, à avoir manger vrai, végétal et varié. L’idée est de privilégier au quotidien les aliments bruts que l’on doit cuisiner soi-même et de les varier pour bénéficier d’une richesse nutritionnelle optimale. La part des aliments ultratransformés ne devrait dans l’idéal pas dépasser 15 % des apports caloriques, ce qui représente 1 à 2 portions par jour. Il est également conseillé d’augmenter la part d’aliments végétaux comme les légumineuses, les céréales et les fruits, et de baisser la part d’aliments animaux comme la viande. Il est préconisé un ratio de 85 % des apports caloriques en aliments végétaux, et 15 % en produits animaux.
Une seconde piste pour éviter les aliments ultratransformés est de changer sa façon de consommer les aliments. Privilégiez les aliments cultivés localement, de saison et les aliments complets et semi-complets. Limitez également l’ajout de sel, de sucre ou de matières grasses parfois cachées, par exemple dans les sauces.
Pour vous aider à identifier les aliments ultratransformés, vous pouvez également vous aider du Nutri-Score. En effet, environ 80 % des aliments ultratransformés sont classés C, D ou E. Bien qu’elles puissent être utiles, les applications smartphone ne sont pas toujours fiables. Nous vous conseillons ainsi de vérifier en premier lieu le Nutri-Score, et dans un second temps de vérifier la composition de votre produit pour identifier les potentiels additifs et leur nombre.
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